Hachem, dans Sa grande bonté, nous a donné la possibilité d’étudier la Torah, de nous rapprocher de Lui par d’autres moyens. Ce sentiment de deuil vis-à-vis de la destruction du Beth Hamikdach peut nous sembler secondaire. Sommes-nous impatients de reconstruire le Beth Hamikdach ? Comprenons-nous réellement sa signification et sa valeur ?

Pour comprendre ce que représente notre vie sans le Beth Hamikdach, le ‘Hafets ‘Haïm rapporte la métaphore suivante : imaginons que demain matin, à notre réveil, nous découvrons que le soleil ne s’est pas levé. Le monde entier est abasourdi et les scientifiques commencent à rechercher la cause de ce phénomène. En attendant, la vie sur Terre n’est plus possible, le climat se refroidit dangereusement et les tempêtes de neige se succèdent. On décide donc de creuser des grottes immenses où l’on installe d’énormes projecteurs et l’humanité est contrainte d’aller vivre sous la terre. Chaque personne est obligée de rester un quart d’heure par jour sous ces projecteurs afin de recevoir une dose suffisante de vitamine D, puisqu’il n’est plus possible de la recevoir directement du soleil. Au fil du temps, des enfants naissent et grandissent, ils ne connaissent que la vie sous terre. Les anciens racontent aux jeunes comment se passait la vie sur terre avec le soleil et ces histoires sont transmises de génération en génération. Imaginons que mille ans se soient écoulés et que nous demandions à l’un des habitants s’il souhaiterait sortir pour vivre à l’extérieur, celui-ci ne comprendrait même pas le sens de cette question, il n’a connu que cette existence sous-terraine et il pense être heureux de cette façon.

Notre vie sans le Beth Hamikdach ressemble à cela, nous ignorons sa valeur, car sa destruction a eu lieu il y a très longtemps et notre situation actuelle nous convient. En outre, les besoins spirituels de notre âme sont assouvis puisque nous pouvons étudier la Torah et accomplir les Mitsvot. C’est la raison pour laquelle nos Sages ont établi certaines ordonnances telles que casser un verre au moment de la ‘Houppa ou encore laisser sur un mur de la maison une petite partie sans peinture. Comment l’homme pourra-t-il être accompagné tout au long de la journée du sentiment de ce deuil ? Comment réalisera-t-il profondément l’ampleur de cette perte ?

À ce sujet, le Gaon de Vilna affirmait qu’il pouvait avoir une infime notion de ce qu’étaient les Tanaïm et les Amoraïm, alors qu’il ne pouvait pas se représenter ce qu’était un Juif simple au temps du Beth Hamikdach : ce Juif se levait le matin sans aucune faute, car toutes ses fautes étaient effacées chaque jour lors du Korban Tamid. De là, le Gaon de Vilna tirait l’enseignement de la perte incommensurable du Beth Hamikdach.

Nous souhaitons présenter des méthodes concrètes pour renforcer notre conscience de ce deuil. Il est important de ne pas les suivre toutes ensemble, mais de procéder par étape. Concentrez-vous sur une méthode et lorsque vous ressentirez qu’elle est intégrée, vous pourrez passer à la suivante.

• Dans la bénédiction de « Boné Yérouchalaïm » du Birkat Hamazone, nous remercions Hachem pour la nourriture et nous implorons la miséricorde de D.ieu pour cinq choses : sur le peuple d’Israël, sur la ville de Jérusalem, sur le Mont Sion où résidait la Présence divine, sur la royauté de la maison de David Hamélekh et sur le Beth Hamikdach. Nous exprimons par cette bénédiction que notre aspiration essentielle est la reconstruction du Beth Hamikdach et le retour de la Présence divine.

– Pensez lors de la bénédiction « Boné Yérouchalaïm » du Birkat Hamazone que malgré la satiété physique qui suit un repas, il est impossible de se sentir comblé, car la véritable satisfaction ne sera ressentie qu’au retour définitif de la Présence divine.

– Dans le Birkat Hamazone de Chabbath, concentrez-vous au moment de la bénédiction « Rétsé » sur le passage : « Et fais-nous voir la consolation de Sion […] la destruction de Ta maison grande et sainte, nous ne l’avons pas oubliée. »

• Comment faire pour renforcer la ferveur de nos prières pour le retour du Beth Hamikdach ? Nous avons déjà abordé le conseil de Rabbénou Yona « Il dirigera ses yeux vers le bas et son cœur vers le haut », ce qui consiste à dissocier l’âme du corps, afin de ressentir qu’il n’y a que l’âme qui prie. Rabbénou Yona poursuit en disant : « Après qu’il aura atteint cette pensée, il considèrera qu’il se trouve dans le Beth Hamikdach en bas (dans ce monde), car grâce à cela, sa prière sera plus appréciée. »

Avant chaque prière, pensez que celle-ci aurait eu une plus grande portée si vous aviez prié au Beth Hamikdach. Imaginez ensuite que vous vous trouvez dans cet endroit saint, ce qui élèvera votre prière et renforcera votre conscience de l’importance du Beth Hamikdach.

• Essayez de faire la lecture du Tikoun ‘Hatsot et d’appliquer ce qui est écrit dans le Choul’han 'Aroukh : « Il est préconisé à tous ceux qui craignent D.ieu de s’attrister et de s’inquiéter de la destruction du Beth Hamikdach. »

• Le jour du 9 Av, nous avons la coutume de lire le chapitre des Kinot. Or à notre époque, nous ne comprenons le langage des Kinot, c’est pourquoi il est difficile de le lire avec ferveur. Il est donc utile de suivre la méthode suivante :

Pendant les trois semaines qui séparent le 17 Tamouz du 9 Av, consacrez du temps à l’étude de la traduction et des commentaires des Kinot. Cela présentera pour vous deux avantages : pendant cette période, vous penserez au Beth Hamikdach et le jour du 9 Av, vous comprendrez la véritable signification des Kinot.

Lisez le livre Chaaré Beth Hachem qui explique clairement les niveaux supérieurs que le Peuple d’Israël avait atteints à cette période, ce qui vous donnera une notion de l’immense perte et vous fera ressentir le deuil du Beth Hamikdach.