1. La Guémara et le Zohar sont très sévères en ce qui concerne la colère. Que l’on se reporte par exemple à ce qui est dit dans les Traités Nédarim, p.22 et Pessa’him, p.66 ; et à ce qui est enseigné au nom du Zohar dans le « Chaaré Kédoucha » (Deuxième partie, quatrième portique).

2. Ainsi, dans le « Chaar Roua’h haKodech » (p.10/b), le Rav ‘Haïm Vital écrit au nom du Ari zal, qu’en-dehors du fait que la colère empêche d’atteindre les niveaux requis pour accéder à de véritables dévoilements spirituels – comme cela ressort du verset dans lequel Moché Rabbénou se met en colère contre Elazar et Itamar –, tout homme qui se met en colère, s’il est prophète, l’inspiration prophétique le quitte ; et s’il est érudit, son érudition disparaît. [Que l’on se reporte à ce qu’en dit le Traité Pessa’him, p.66/b].

3. Et le Rav ‘Haïm ajoute : « En réalité, c’est bien pire. Mon maître [le Ari zal] était très ferme vis-à-vis de la colère, plus qu’envers toutes les autres Avérot, et ce, quand bien même on se mettait en colère au sujet d’une Mitsva, comme ce fut le cas avec Moché Rabbénou. Voilà comment il justifiait cette sévérité : si toutes les autres Avérot ne concernent qu’un membre seulement du corps, la colère, elle, s’attaque à l’âme tout entière, et elle la change du tout au tout.

En effet, lorsqu’un homme se met en colère, son âme (Néchama) le quitte, et c’est une autre âme (Néfech) provenant des mondes de l’impureté qui prend sa place. C’est ce qu’enseigne le verset quand il parle d’une « âme déchiquetée par la colère » (Job 18, 4). Car la colère assassine littéralement l’âme sainte, elle en fait un cadavre, comme cela est explicité dans le Zohar, dans la Paracha « Tetsavé », p.182/b ; la colère constitue un tel extrême que le texte dit de celui qui se met en colère qu’il se prosterne aux idoles ».

4. Ainsi, quand bien même le colérique ferait Téchouva sur la faute qu’il a commise, quand bien même s’efforcerait-il de réhabiliter son âme, quand bien même aurait-il auparavant effectué un grand nombre de Mitsvot, il a tout perdu ! Car cette âme qui agissait ainsi, c’était son âme sainte d’alors.

Or aujourd’hui, elle n’est plus. C’est une autre âme, impure qui a pris le pouvoir, tandis que son âme sainte est devenue la servante de celle-ci. Un tel homme devra donc tout recommencer à zéro afin de réparer et de refaire tout ce qu’il avait déjà entrepris.

Et ainsi de suite, à chaque fois qu’il se met en colère. Car le colérique n’a pas d’autre échappatoire, il ressemble à ce chien qui avale à nouveau ce qu’il vient de vomir.

5. Une telle attitude constitue un terrible dommage pour celui qui en est l’auteur. Par exemple, si grâce à une Mitsva qu’il a réalisée, cet homme a désormais le mérite de partager l’âme d’un Tsadik ancestral, à cause d’un moment de colère, cette âme le quitte complètement ; il s’agit là d’une autre forme de ce qui est appelée une « âme déchiquetée par la colère ».