Nous avons vu que les épreuves n’étaient rien de plus qu’un signe d’amour de D.ieu. Essayons à présent de développer certaines méthodes de réflexion afin de se mesurer aux difficultés de la vie.

Nous souhaitons tous réussir nos entreprises, que ce soit dans le domaine des mitsvot, du travail, du couple etc. Pour ce faire, nous mettons en général au point une stratégie bien déterminée qui nous permettra, selon nos estimations, de réussir ce que nous allons entreprendre. Et lorsqu’un obstacle ou même une erreur d’appréciation se présente,  nous nous emportons contre les gens ou les circonstances qui ont fait échouer nos plans, ou bien nous nous accusons de ne pas avoir prévu tel contretemps ou tel empêchement… Ou encore, nous nous lamentons et perdons espoir.

Pourtant, nos Sages enseignent qu’il existe une manière plus profonde de voir les choses. Estimer qu’une journée réussie est une journée dans laquelle il n’y a ni obstacle ni embûche est une vision fausse. Ce qui apparaît dans plusieurs textes de ‘hazal, c’est que les problèmes de la vie sont une donnée établie a priori. Hachem souhaite que nous apprenions à avancer à un rythme plus soutenu, c’est pourquoi Il nous envoie des difficultés afin que nous apprenions à les surmonter. A la manière d’un haltérophile, qui pour atteindre un niveau respectable, doit s’entraîner à soulever toujours plus lourd malgré la difficulté de l’effort, ainsi l’homme doit-il faire l’expérience des épreuves de la vie afin d’en ressortir renforcé.

Prenons l’exemple d’une personne nerveuse. Si la vie est pour elle un long fleuve tranquille, sans jamais aucune contrariété, elle n’aura jamais aucune chance de réparer ce terrible défaut qu’est la colère. Hachem, Qui dans Sa grande bonté, souhaite lui enseigner la patience, lui enverra chaque jour des occasions de s’énerver afin de mettre sa patience à l’épreuve. Les épreuves augmenteront à chaque fois en difficulté, afin de tester à chaque fois son niveau. Ainsi au bout de quelques années, cette personne aura certainement avancé et surmonté sa tendance à se mettre en colère.

C’est pourquoi, nous enseigne le Ramban, l’épreuve se dit en hébreu « nissayon », qui provient de la racine « ness » signifiant « élever », car par l’épreuve, Hachem souhaite nous élever ! Le but de l’épreuve est la sublimation de notre personnalité. Sans l’épreuve, nous n'avancerions que très peu, ou pire, nous régresserions sans même nous en rendre compte… 

A ce propos, concernant les épreuves subies par Avraham avinou, le Ramban s’interroge sur l’utilité d’une telle démarche. En effet, Hachem connaissant le futur, savait pertinemment qu’Avraham allait les surmonter. Pourquoi donc les lui avoir envoyées ? Le Ramban répond que l’une des raisons pour lesquelles Hachem envoie des épreuves au tsadik est pour l’aider à concrétiser son potentiel spirituel. En effet, avant l’épreuve, celui-ci possédait de hautes qualités morales, pourtant, ce n’est que par le biais de l’épreuve qu’il peut les mettre en œuvre.

Afin de traverser l’épreuve de manière optimale et d’en ressortir renforcé, il est important d’accompagner sa progression d’une étude qui nous aidera à structurer notre travail. Une personne, prise dans l’engouement spirituel de yom kipour, peut par exemple décider de prendre sur elle de ne plus jamais s’énerver. Une telle résolution, pour bénéfique qu’elle soit, n’en est pas moins le fruit d’un élan passager. Afin de gérer au mieux cet élan, au lieu de décider de ne plus jamais s’emporter, la personne peut prendre sur elle d’étudier par exemple quelques minutes ou même une demi-heure de moussar par jour. Grâce à cela, elle s’assure que cet élan sera géré de manière optimale et sera porteur d’un vrai changement.

Un autre point essentiel que l’on a tendance à négliger est celui de la tefila : tout travail sur les midot doit impérativement être accompagné de tefilot adéquates au cours desquelles on demandera à Hachem de nous assister dans les domaines où l'on sent que l’on a des lacunes. Que ce soit au cours des trois tefilot quotidiennes, ou d'une tefila personnelle adressée à Hachem dans notre langue maternelle, aucune tefila n’est vaine.

Nous voyons parfois des personnes prier durant des années sans qu’elles ne soient exaucées pour autant. Il faut savoir qu’aucune tefila sincère n’est dite en vain. Si en effet la prière n’a pas agi sur le domaine sur lequel elle portait, elle a néanmoins eu un impact sur la personnalité de celui qui l'a prononcée, sur son monde spirituel et parfois même sur le monde entier. Ainsi que le dit la guemara : « Bien qu’il ne le voit pas, sa néchama, elle, le voit. » Hachem affectionne nos prières et il souhaite que nous nous élevions et nous nous sanctifions par elles : ainsi ; il peut arriver qu’Hachem envoie une épreuve à une personne dans le seul but de l’éveiller à la prière. Et celle-ci va la transformer !

   Je peux témoigner sur moi-même que lorsque je suis arrivé en Israël il y a une quinzaine d’années, j’ai été confronté à un certain phénomène qui me dérangeait. J'ai donc prié Hachem de m’aider sur ce point spécifique durant une année entière. Si je n'ai été exaucé qu'à moitié, je peux néanmoins assurer que ces tefilot ont eut un impact extraordinaire sur moi. J’ai pu totalement changer ma façon de prier et me rapprocher d'Hachem de manière inégalée. Et c’était assurément le but d’Hachem en m’envoyant cette épreuve. 

Nous savons que Moché rabbénou a réalisé au total 515 tefilot pour mériter d’entrer en erets Israël et qu’il ne fut pas exaucé. Pourtant, il serait faux de considérer que ses prières étaient vaines. Nos sages expliquent entre autres que ses prières lui permirent de contempler de loin la terre d’Israël, et c’est ce qui lui conféra cette caractéristique exceptionnelle décrite par ‘hazal : « L’air d’erets Israël donne la sagesse ». Il y a assurément beaucoup d’autres domaines cachés qui bénéficièrent de l’influence positive des tefilot de Moché rabbénou.