La constance dans l’étude tient particulièrement à cœur à Rav Kanievsky, mais pas seulement à titre personnel. C’est une notion dont il souligne sans cesse l’importance. Quoi qu’il arrive, on n’annule pas une habitude dans ce domaine. « Lorsque l’homme montera au Ciel, ne se prive-t-il pas de répéter, on l’interrogera : “As-tu fixé des moments pour l’étude ?” Il est véritablement question d’une habitude “fixe”, immuable, qu’il est hors de question de rompre ! »

Dans le même ordre d’idées, il a un jour déclaré à son fils : « Sache une chose : il ne faut jamais remettre quoi que ce soit au lendemain. Même si tu as les meilleures raisons du monde, ne le fais pas, car si tu as repoussé une fois, tu as perdu. »

Il raconte à cet égard que, dans sa jeunesse à la Yéchiva de Lomza, il avait eu la chance de partager sa chambre avec le Rav Moché Soloveitchik pendant un certain temps. Beaucoup plus âgé que Rabbi ’Haïm, celui-ci quittait parfois la Yéchiva pour encourager l’inscription d’enfants dans des institutions éducatives toraïques. A l’époque, ces vaillants diffuseurs de la Torah n’avaient ni voiture ni taxi à leur disposition, et Rabbi Moché était donc contraint de marcher de quartier en quartier, pour regagner sa chambre à la Yéchiva très tard – parfois même à deux heures du matin. Pourtant, même dans ces cas, en dépit de la fatigue intense qu’il ressentait, il ne renonça jamais à son habitude d’étudier une page de Guémara par jour.

« Une fois, a confié Rabbi ’Haïm, j’ai été témoin de la façon dont il étudiait et s’assoupissait, puis, dès qu’il sortait de sa torpeur, reprenait et lisait quelques lignes supplémentaires avant de s’endormir de nouveau. Mais il refusait de s’abandonner au sommeil et se secouait pour continuer… Ce manège dura jusqu’à ce qu’il ait terminé de lire la page, presque aux premières lueurs du jour.

« Est-ce que tu as compris quelque chose de ce que tu as étudié la nuit ? me risquai-je à lui demander.

– Non, me répondit-il.

– Dans ce cas, quel est l’intérêt d’une telle étude ? insistai-je.

– De l’étude de cette page en soi, aucun, m’expliqua-t-il, mais elle me sera utile pour les cent pages qui suivront… Si je n’étudie pas aujourd’hui, demain aussi, j’aurai un prétexte, et en peu de temps, ma régularité s’effritera. »

D’après le Rav Kanievsky, c’est là le secret de la réussite.