À l'occasion de la Hiloula (jour anniversaire de décès), ce soir, de notre maître Rav 'Ovadia Yossef, l'équipe Torah-Box est heureuse de vous faire découvrir très brièvement son parcours de vie. Celui qui parle du Tsadik le jour de sa Hiloula, celui-ci priera pour lui ! Allumez une bougie et dites "Likhvod Harav 'Ovadia zékhouto taguèn 'alénou" puis priez. Que son mérite protège tout le Klal Israël, Amen !

Rav Ovadia YOSSEF

Le 24 septembre 1920 naquit à Bagdad celui qui allait illuminer par son immense savoir toraïque, les cieux du judaïsme.

'Ovadia-Yossef, fils de Rav Ya’acov 'Ovadia avait été nommé en référence à deux très grandes personnalités rabbiniques de la génération précédente : Rav Abdallah ('Ovadia en hébreu) Somekh qui avait donné un dynamisme en Torah extraordinaire à toute sa génération en fondant la prestigieuse Yéchiva « Midrach Beth Zilkha » de laquelle sortirent des milliers d’élèves ; et Rabbi Yossef-Haïm, lui-même élève de Rav Abdallah Somekh et qu’on avait surnommé le Ben Ich ‘Haï, célèbre dans tout le peuple juif pour son enseignement sublime et profond de la Torah.

Son père, Rav Ya’acov 'Ovadia était connu pour la joie débordante qu’il ressentait lors de la fête de Sim’hat Torah et qui se traduisait par des danses empreintes d’un feu sacré qui ne pouvaient laisser indifférent celui qui y assistait. Rav Ya’acov et son épouse suppliaient sans cesse le ciel de mériter un fils qui éclairerait le peuple d’Israël par sa Torah ; leurs prières qui émanaient d’un cœur pur et sincère furent exaucées et Hachem leur accorda un fils qui allait guider le peuple juif à l’image des plus grands dirigeants spirituels tels le Rambam, Rabbi Yossef Karo etc.

Une enfance studieuse

Dès sa tendre enfance, 'Ovadia-Yossef se distinguait par une assiduité hors pair. Au Talmud-Torah Bné Tsion situé à Jérusalem où il étudiait, on le remarquait souvent penché sur ses livres même pendant les pauses, alors que ses camarades jouaient. Pour subvenir à ses besoins, son père qui était précédemment orfèvre à Bagdad, ouvrit une épicerie à Jérusalem, après avoir fait son Alyia avec toute sa famille. Les temps étaient durs et quelques années plus tard, Rav Ya’acov eut besoin de l’aide de son fils. Après quelques jours d’absence, le Roch Yéchiva, Rav Ezra Attia qui dirigeait la Yéchiva Porat Yossef située à Jérusalem et dans laquelle étudiait désormais 'Ovadia-Yossef, se rendit compte que le jeune prodige n’était pas là.

Le Roch Yéchiva dont le temps était si précieux, prit la peine de se rendre au domicile du jeune homme avec une requête simple : qu’on lui restitue le jeune ‘Ilouy (génie) ; il ajouta que si le père avait absolument besoin d’une aide, lui, le Rav ‘Ezra Attia était prêt à rester à l’épicerie à la place du jeune homme… Lorsqu’on connaît la grandeur en Torah de Rav 'Ezra Attia, qui était l’un des plus éminents Sages en Torah de sa génération, et à propos duquel le ‘Hazon Ich avait dit que son étude et sa compréhension étaient comparables à celle d’un Richon, on peut s’imaginer l’importance capitale que revêtait aux yeux du Roch Yéchiva, l’étude du jeune 'Ovadia-Yossef…
 

Les prémices de la grandeur

À dix-sept ans, Rav Ovadia Yossef publia son premier livre. Il s’agissait d’un commentaire du traité du Talmud Horayot que le Rav appela « Yabi’a omer ». Comme il était de coutume à la Yéchiva, pendant la période de Ben-Hazmanim (les vacances), les Ba’hourim se virent offrir la possibilité de partir en excursion pendant trois jours. Le jeune 'Ovadia refusa ces quelques jours de vacances, préférant comme à l’accoutumée se consacrer à l’étude de la Torah ; c’est ainsi qu’il parvint pendant ces trois jours à étudier quatre-vingt-dix-neuf pages du traité « Baba kama »…

Alors qu’il avait dix-huit ans, Rav 'Ovadia se rendait chaque vendredi soir au domicile de l’un des grands Rabbanim de Jérusalem, Rav Tsvi-Pessa’h Franck, pour partager le repas offert par le Rav à ses proches et à quelques érudits. Après le repas, ils passaient la nuit à débattre des Responsa des Richonim (Sages médiévaux) et des A’haronim (Sages contemporains) qui avaient été parcourus par le Rav 'Ovadia durant la semaine. Lorsque Rav 'Ovadia entrait, Rav Tsvi-Pessa’h Franck se levait de toute sa hauteur. Ses élèves, intrigués par son attitude, lui en demandèrent la raison. Il leur répondit que ce jeune homme était appelé à répondre à toutes les questions de la génération à venir, en d’autres termes à devenir la référence Halakhique, le Décisionnaire des années à venir.

Pour Rav 'Ovadia, il n’existait pas de temps mort. Le vendredi, jour où l’étude de la Torah est moins intense du fait des préparatifs liés au Chabbath, était pour Rav 'Ovadia Yossef un jour d’étude comme les autres. Il étudiait toute cette journée en compagnie de son ami de jeunesse, Rav Ben Tsion Abba Chaoul, à l’époque où il était encore Ba’hour à la Yéchiva Porat Yossef, jusqu’à l’entrée de Chabbath. Cette étude réalisée en dehors du cadre de la Yéchiva, dans les temps creux où la Torah est en général délaissée, fait mériter la grandeur en Torah, ainsi que l’explique le ‘Hazon Ich.
 

Les chemins de l’étude

Rav 'Ovadia Yossef était connu pour son amour des livres de Torah. Il expliquait que les livres sont les outils des érudits en Torah et qu’il fallait se donner la peine de les acquérir pour accéder aux merveilles de la Torah. Lui-même faisait preuve d’un dévouement sans limites pour acquérir avec ses faibles moyens financiers un maximum de livres. Il affirmait également qu’il fallait avoir une connaissance parfaite aussi bien des ouvrages des Richonim que des A’haronim.

Pour le Rav, il était essentiel d’étudier d’une manière qui permette d’arriver à des conclusions Halakhiques claires, comme il est rapporté dans le Talmud (traité Kidouchin 40b) : « Grande est l’étude qui mène à l’acte ». Pour ce faire, il faut étudier en profondeur et commencer par le Tour, puis mettre l’accent sur le Beth Yossef, enchaîner avec le Choul’han ‘Aroukh et terminer par les A’haronim. Le ‘Hazon Ich témoigne que ce qui lui a permis de devenir un décisionnaire Halakhique d’une envergure inégalée est l’étude assidue du Beth Yossef depuis son jeune âge, lorsqu’il avait dix-huit ans.

Le Rav expliquait aussi qu’on ne pouvait se contenter d’une étude livresque pour devenir un authentique décisionnaire Halakhique. Il fallait impérativement se lier à un Rav expérimenté et prendre l’habitude avant de mettre par écrit ses décisions Halakhiques de discuter avec les Grands de la génération. Si l’on n’appliquait pas cette démarche, on en viendrait obligatoirement à produire des décisions Halakhiques fausses. Ceci explique que dans sa jeunesse, Rav 'Ovadia Yossef consultait les avis des grands Sages de la génération comme Rav 'Ezra Attia, Rav Tsvi Pessa’h Frank, Rav Yungreïs etc avant de mettre par écrit ses responsa dans son ouvrage Yabia’ Omer.  

Rav 'Ovadia Yossef expliquait d’une manière originale l’enseignement de Pirké Avot : « Kné lékha ‘haver » qu’on peut traduire ainsi : « Acquiers-toi un compagnon d’étude ». Il disait qu’il fallait lire : « Kané lékha ‘haver », ce qui signifie : « le jonc est ton ami ». Le jonc étant à prendre ici au sens de plume, de stylo. Cela signifie qu’il faut prendre l’habitude après avoir étudié, de mettre par écrit ce que l’on a compris. En effet, le fait de mettre par écrit le fruit de son étude permet de clarifier ses idées et de progresser dans l’étude et l’acquisition de l’étude de la Torah. C’est pourquoi Rav 'Ovadia Yossef, dans sa jeunesse, à la sortie de Chabbath, après avoir passé la nuit de Chabbath à étudier les responsa des Richonim et des A’haronim, mettait par écrit le fruit de son étude qui couvrait l’ensemble du Choul’han ‘Aroukh, comme cela transparaît dans son œuvre Yabia’ Omer.
 

Une carrière fulgurante

Le Rav 'Ovadia Yossef reçut son diplôme de Rabbin et de Dayan (juge rabbinique) à l’âge de vingt ans des mains de Rav Ben-Tsion Méïr ‘Haï Ouziel, Grand-Rabbin d’Israël. À vingt-sept ans, il fut nommé président du tribunal rabbinique d’Égypte. Sur place, en Égypte, il mena une véritable révolution notamment dans le domaine de la Cacheroute. De retour en Israël deux ans plus tard, il fut nommé juge rabbinique au tribunal de Péta’h Tikva. Quelque temps après, il publia son livre 'Hazon 'Ovadia puis le premier volume de ce qui allait devenir son œuvre principale, Yabia’ Omer, un ensemble de responsa de très haut niveau, avec des références en nombre très important, qui allait établir définitivement la réputation du Rav.

En 1968, il fut nommé Grand-rabbin séfarade de Tel-Aviv, aux cotés du Rav Chlomo Goren, Grand-rabbin ashkénaze de Tel-Aviv. Pendant sa magistrature, il s’efforcera d’imposer une Psika (processus décisionnel Halakhique) conforme à la tradition séfarade. En effet, jusqu’à l’apparition de Rav 'Ovadia Yossef sur l’avant-scène rabbinique, la Psika était conforme à la tradition ashkénaze même s’agissant des rabbins séfarades. Un des combats majeurs de Rav 'Ovadia Yossef sera de rétablir dans toute sa dignité et sa splendeur la tradition Halakhique séfarade afin de la mettre sur un même piédestal que la tradition ashkénaze.

En 1972, il est nommé Grand-rabbin d’Israël avec le soutien effectif et public d’un des plus grands Décisionnaires ashkénazes de son époque, le Rav Yossef-Chalom Elyashiv. Il dut s’occuper notamment des centaines de cas de 'Agounot (femmes dont le mari a disparu) qui apparurent suite aux pertes humaines de la guerre de Kippour. Grâce à l’inspiration divine dont il bénéficiait, le Rav put trouver une solution Halakhique convenable et libérer toutes ces femmes, leur ouvrant ainsi les portes du remariage. En 1983, son mandat se termina et il fut remplacé au poste de Richon-le-Tsion par le Rav Mordékhaï Eliahou.
 

Un tournant décisif

C’est là qu’eut lieu un tournant majeur dans la vie publique de Rav 'Ovadia. Il fut nommé à la tête de l’assemblée des Sages de la Torah, qui présidait aux destinées politiques de Shass, parti politique orthodoxe séfarade. Le parti Shass avait été fondé en 1982 par des trentenaires séfarades qui souhaitaient mettre un terme à la discrimination dont souffraient les Juifs séfarades dans la société israélienne dominée par les Juifs ashkénazes. Il faut souligner que la création de Chass a été vivement encouragée par le Rav Chakh Zatsal, leader du monde des Yéchivot ashkénazes ; ce dernier considérait que les Juifs séfarades devaient prendre en main leur destin et ne pas dépendre du bon vouloir de leurs frères ashkénazes.

Sous l’impulsion de Rav 'Ovadia Yossef, le parti Shass devint un des acteurs majeurs de l’échiquier politique israélien et un parti de gouvernement. Le parti Shass fonda le réseau d’écoles religieuses « El hama’yan » qui ramena à la Torah des centaines de milliers d’enfants juifs qui avaient été assimilés par la société environnante laïque. Les statistiques montrent qu’à la création du parti Shass, seuls 10% des familles séfarades mettaient leurs enfants dans les réseaux d’écoles religieuses. Trente ans plus tard, 50% des familles séfarades mettent leurs enfants dans les écoles religieuses…

La révolution menée par Shass n’a été possible que grâce au leadership exceptionnel et inspiré de Rav 'Ovadia Yossef. Le Rav, par son dévouement sans bornes pour la Torah et ses conférences à travers tout le pays, a su inspirer un amour débordant pour la Torah à l’ensemble des Juifs d’Erets Israël, et plus particulièrement à ses frères séfarades. Les centaines de milliers de Bné-Torah séfarades qui font aujourd’hui la fierté du judaïsme d’Erets Israël et qui, il y a trente ans, étaient quelques centaines seulement ont une dette immense de reconnaissance envers Maran ; et cette reconnaissance et cette gratitude, ils les ont exprimées le jour où Maran a quitté ce monde.

Ils sont venus par centaines de milliers de tout le pays, de tous bords, de toutes les conditions crier tout à la fois leur douleur et leur amour envers un si grand homme qui leur a tout donné… Un million d’hommes et de femmes sont venus rendre un dernier hommage au capitaine de la génération, à celui qui les a guidés dans la tempête, à celui qui les a ramenés à l’héritage de leurs ancêtres, à celui pour qui la Torah était la valeur suprême et la vérité absolue…

Que son souvenir soit source de bénédictions. Amen.     

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