À l'occasion de la Hiloula (jour anniversaire de décès) du célèbre Maguid de Douvna, l'équipe Torah-Box vous offre une modeste biographie et anecdote sur sa vie. Car celui qui s'intéresse et parle d'un Juste le jour de sa Hiloula, le Tsadik prie pour lui. N'oubliez pas d'allumer une bougie aujourd'hui en disant "Likhvod Rabbi Ya'akov ben Zeev, zékhouto taguèn 'alénou".

Le Rav Ya'akov Kranz, surnommé le Maguid de Douvna, est né en l’an 1740 (5500) à Zshetel (Zateil) en Lituanie. Son père était le Rav Zéev Wolf Kranz.

Jusqu’à l’âge de 18 ans, il étudia la Torah auprès de son père, puis il se rendit à Mézeritch, en Ukraine, où il se mit à étudier dans un Beth Hamidrach (salle d’étude). De temps en temps, il prononçait des discours devant ses connaissances, et peu à peu, il acquit sa réputation de Maguid (prédicateur).

De plus en plus de membres de la communauté de Mézeritch écoutèrent ses discours, jusqu’à ce qu’il devienne officiellement le Maguid de cette ville. Il s’installa ensuite dans la ville de Zalkva en Ukraine, puis quelque temps après, fit office de Maguid à Douvna, toujours en Ukraine, où il séjourna pendant 18 ans : c’est dans cette ville qu’il acquit le surnom de Maguid de Douvna.

Le Rav avait l’habitude de circuler de ville en ville (Vladova, Lublin, Kalich, ‘Halam et d’autres localités et villages) dans le but de rapprocher les Juifs de leur Père céleste. Il choisit ensuite de résider dans la ville polonaise de Zamosc, où il fit office de Maguid pendant 15 ans jusqu’à son décès.

Le Gaon de Vilna l’appréciait beaucoup et lui demanda même de lui enseigner des propos de Moussar. Mais le Maguid, humble face à la grandeur du Gaon de Vilna, refusa. Après que ce dernier ait longuement insisté au point de l’y obliger, le Maguid consentit à lui donner une leçon de Moussar :

« La grandeur du Gaon n’est pas parfaite, lui dit-il, sachant qu’il se retranche dans ses 4 coudées, et qu’il lui manque cette part d’élévation qu’il aurait pu acquérir en se mélangeant au peuple ». On peut lire cela dans les lettres écrites par le Gaon de Vilna au Maguid, retranscrites dans le Emet Léyaakov, ‘Hessed Léavraham, du Rav Avraham Dov Beer Plam.

Dans l’ouvrage « Séfer Hamidot » des manuscrits du Maguid de Douvna, Rabbi Avraham Dov Beer Plam décrit son programme quotidien :

« Chacun de ses moments était compté, il ne voulait pas perdre de temps à l’écriture de ses ‘Hidouchim (commentaires sur la Torah) dans le but d’éclairer le lecteur, il voulait uniquement en conserver un souvenir pour lui.

Car autant il était remarquable par son discernement et son intelligence, il se distinguait encore davantage par sa vertu, sa piété, sa pureté et son ascétisme ; en effet, il se levait tel un lion toutes les nuits (même pendant Chabbath et les fêtes) et se rendait au Beth Hamidrach pour réciter le Tikoun ‘Hatsot (prière composée de lamentations sur la destruction du Temple) en pleurant amèrement. Il étudiait ensuite presque jusqu’au lever du jour, puis il se rendait au Mikvé. Une fois le jour levé, il mettait le Talith et les Téfilines qu’il portait toute la journée jusqu’à la prière de Min’ha.

Lorsqu’il portait le Talith et les Téfilines, il tournait son visage vers le mur. Courbé, il se tenait penché jusqu’à la fin de la prière. Il ne levait ni les bras ni ne bougeait les jambes, et il ne se tournait ni vers la gauche ni vers la droite. Il était tel un esclave immobile devant son maître. La chaise en face de lui était toujours baignée de larmes, même pendant Chabbath et les jours de fête, car durant presque toute la journée, il pleurait abondamment.

Après la prière de Cha’harit, il étudiait des Michnayot et la Guémara jusqu’à la moitié de la journée. Il allait manger, portant toujours ses Téfilines, qui étaient cachées jusqu’à son arrivée à la maison. Une fois arrivé chez lui, il les découvrait, puis prenait son repas.

Il retournait ensuite au Beth Hamidrach où il étudiait avec la Yéchiva. Il avait pour coutume, chaque jour au milieu de son étude, de se retirer dans un coin de la synagogue, de prendre un Sidour et de réciter quelques chapitres des Téhilim en versant d’abondantes larmes. Il rejoignait ensuite le groupe d’étude et donnait un cours. C’était son programme tous les jours de l’année. »


Téhilim chaque jour

On ignore pourquoi le Maguid récitait chaque jour les mêmes chapitres de Téhilim, mais à son décès, le Chamach (bedeau) du Beth Hamidrach annonça en connaître peut-être la raison. Il raconta que le Maguid lui avait ordonné chaque jour de lui communiquer les problèmes de chaque habitant de la ville. Il était chargé d’enquêter et de découvrir des informations.

Chaque jour, le Chamach transmettait donc au Maguid une liste de noms : untel est malade, unetelle fille d’untel a des difficultés à avoir des enfants, untel a des problèmes de subsistance, etc. Le Maguid lui avait demandé de garder cela secret. La ville de Zamosc était grande, et la population juive était nombreuse. Ainsi, chaque jour, le Chamach communiquait au Maguid une liste importante de noms. Qui sait combien d’habitants de la ville ont bénéficié d’une délivrance grâce au mérite de ses prières…
 

Des paraboles éclairantes

Contrairement aux autres prédicateurs, le Maguid de Douvna exposait des propos simples, agrémentés de paraboles qui rendaient ses propos clairs et accessibles à tous. Il n’aimait pas effrayer ses auditeurs en évoquant les punitions de l’enfer. Il racontait souvent la parabole suivante :

Un commerçant demanda à un messager de lui chercher un paquet au port. Au bout d’une heure, le messager revint tout essoufflé, entra dans le bureau du commerçant et annonça : « Voilà, j’ai ramené le paquet. » Le commerçant lui répondit : « Le paquet que tu as ramené ne m’appartient pas ! » Le messager se mit alors en colère : « Vous n’y avez même pas jeté un coup d’œil ! » Et le commerçant de lui répondre : « C’est inutile, mon paquet n’est pas lourd ; or, tu es complètement essoufflé. C’est bien le signe que le paquet que tu m’as rapporté n’est pas le mien ! »

La morale de l’histoire est simple : la vie selon la Torah est simple, et si l’homme doit s’essouffler ainsi pour la porter, c’est un signe qu’il se trompe de « paquet. »

Le Rav Avraham Dov Beer Plam relate que lorsqu’il se trouvait à Lamberg en l’an 1837 (5597), il rencontra le Rav Ya'akov Orenstein qui y était Av Beth-Din (chef du tribunal rabbinique) à l’époque. Ce dernier lui raconta que lorsqu’il était un jeune Avrekh (étudiant en Torah à plein temps), il était entretenu par son beau-père Rabbi Tsvi Hirsch Meitses de Yaroslav, et étudiait avec Rabbi Hirchlé qui était sa ‘Havrouta (compagnon d’étude), qui devint plus tard Av Beth-Din de la ville d’Anhard.

Un jour, le Maguid de Douvna se rendit dans la ville de Yaroslav et se fit héberger chez le Rabbi Tsvi Hirsch Meitzes. Chaque jour, le Maguid faisait des discours au Beth Hamidrach, et Rabbi Ya'akov Orenstein et son ami s’y rendaient pour l’écouter et se délecter de ses paroles. Cette situation dura trois semaines.

Le dernier jour avant son départ, le Maguid s’adressa à Rabbi Ya'akov Orenstein et à son ami en leur demandant de ne pas venir écouter son discours. Les deux hommes furent très surpris de ces propos, c’est pourquoi ils l’interrogèrent et insistèrent beaucoup pour qu’il leur révèle la raison de cette demande.

Finalement, le Maguid consentit à la leur révéler : « Généralement, lors de mon dernier discours avant de quitter un lieu, je prononce des paroles de Moussar (morale juive) et des remontrances, afin d’éveiller les cœurs des enfants d’Israël à leur Père céleste. Comme vous êtes des âmes sensibles, je crains pour vous et j’ai peur de porter atteinte à votre santé », expliqua-t-il.

Après avoir entendu cela, ils rirent de bon cœur en lui disant de ne pas se faire de souci pour eux, et qu’ils ne risquaient pas d’éclater en sanglots. Ils se rendirent donc écouter son dernier discours. Mais Rabbi Ya'akov Orenstein commença immédiatement à pleurer en voyant le Maguid monter sur scène ; puis, transi de peur, il quitta la salle. Mais son ami Hirchlé s’entêta et resta dans la salle. Peu à peu, il se mit lui aussi à pleurer et prit les choses très à cœur. Quelques mois plus tard, il tomba très gravement malade au point d’être à l’article de la mort...

En l’an 1804 (5565), le 17 Tévet, le Maguid de Douvna fut rappelé au Ciel. Il repose dans la ville de Zmoshetz en Pologne.

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