La maison était propre et ordonnée, on entendait le cliquetis monotone de la machine à laver, le sol brillait d’avoir été frotté. Enfin, Miri s’accorda le droit d’aller se coucher.

Elle jeta un ultime regard dans la chambre des enfants.

Tous dormaient et le son de leur respiration régulière faisait vibrer l’espace. Elle entra doucement, remit en place une couverture qui avait glissé et donna une légère caresse.

Shirel, l’ainée, ouvrit un œil somnolent : « Maman, je t’aime », murmura-t-elle et elle replongea profondément dans le royaume enchanteur des songes.

Une vague d’amour la submergea.

L’amour d’une mère pour ses enfants. Un amour qui n’a pas de limites, un amour qu’aucune plume ne peut décrire.

Ce don sans retenue dont une mère fait preuve envers ses enfants  – développe en elle un sentiment d’amour pour son foyer.      

Rav Dessler écrit dans son ouvrage ‘Mikhtav méEliahou’ (Tome 1, ha’Hessed) que l’amour est le corollaire de l’action de donner et non l’inverse, comme les gens ont tendance à le penser. Tu ne donnes pas à quelqu’un que tu aimes mais tu aimes celui auquel tu as donné.

Voici les termes qu’il emploie : « Un homme aimera les fruits de ses actes en ressentant qu’une part de lui-même s’y trouve. Que ce soit un fils qui lui est né, un végétal qu’il a planté, ou également un objet, comme une maison qu’il aurait construit. Il est attaché amoureusement à l’œuvre de ses mains, car s’y trouve une partie de lui-même. »

Il ajoute et raconte qu’au moment de la guerre, un couple avait été contraint de se séparer. Le père emmena ses fils avec lui. Ce fut seulement à la fin de ces années de terreur que toute la famille réussit, avec l’aide du Ciel, à se réunir de nouveau.

Il s’avéra que le père - qui durant ces années s’était investi pour ses enfants, les avait élevés et avait peiné pour cela – avait créé avec eux un lien plus fort que la mère, qui n’avait pas pu participer à leur éducation à ce moment-là.       

Celui également, qui élève un enfant qui n’est pas le sien ressent, au fil des années, qu’il est comme son fils, c’est ce que nous enseignent nos Sages (Dérekh Erets Zouta chap. 2) : « Si tu désires t’attacher avec amour à ton ami, fais-lui constamment du bien ».

Et c’est précisément le fait qu’une femme s’investisse dans son foyer, sans mettre de limite ni de mesure, qui l’amène à le considérer comme une partie d’elle-même. Elle l‘aime comme elle s’aime.

C’est le sens des paroles d’un des Tanaïm au sujet de sa femme : « Je n’ai jamais appelé mon épouse, "ichti", "ma femme" mais "béïti", "mon foyer" ». Lorsqu’une femme s’investit dans son foyer jusqu’à ce qu’il devienne une partie d’elle-même, elle exploite alors à l’extrême cette faculté de donner qui est en elle.

Cet amour et ce sentiment que tout provient d’elle sont le moteur lui permettant de donner de plus en plus, de se lever à des heures indues, de donner à manger avec une patience qui éveille l’étonnement, de changer les vêtements même s’il s’agit de la troisième fois, alors que la fatigue se lit sur son visage.