La période des « Chovavim » dans laquelle nous sommes actuellement occupe une place de choix dans le calendrier juif. C’est une période très particulière, qui trouve sa source dans la Torah ésotérique, c’est-à-dire dans les ouvrages de Kabale, et dans ceux de ‘Hassidout et de Moussar qui citent la Kabbale. Au nom du Ari zal, il est rapporté que ces jours sont propices à corriger les défauts de l’âme.

1. Le terme de « Chovavim », est constitué par les initiales des Parachiot de la Torah lues au cours de ces semaines : Chémot, Vaéra, Bo, Béchala’h, Yitro et Michpatim. Lors d’une année bissextile, on ajoute deux semaines : Terouma et Tétsavé, et cette période est alors nommée « Chovavim Tat ».

2. Les penseurs de la Kabbale dévoilent que les initiales des Parachiot de la semaine sont étroitement liées au verset : « Chouvou Banim Chovavim - Revenez, enfants rebelles », verset qui décrit l’appel du Saint béni soit-Il à Ses fils, le peuple juif, qui se sont égarés et ont fauté devant Lui. Le Saint béni soit-Il nous appelle et nous dit : « Revenez, enfants rebelles ! »

3. Les Sages de la Kabbale nous enseignent que cette période est particulièrement propice à la Téchouva, et à l’amélioration de nos actes. C’est une période au cours de laquelle le Juif a plus de force pour réparer les torts causés dans les mondes supérieurs par les fautes qu’il a commises.

4. Dans les livres saints, il est ramené des notions élevées sur la valeur de ces jours. Les Chovavim sont comparés aux 10 Jours de Pénitence, c’est une période où la prière est acceptée comme dans les 10 Jours de pénitence. La visée de ces jours est de parfaire les Midot, de sanctifier les sens, et de protéger l’homme de la tristesse, de la colère et de l’orgueil.

5. A Roch Hachana et Yom Kippour, nous déclarons : « La Téchouva, la Téfila et la Tsédaka adoucissent le jugement ». Pendant les jours de Chovavim, nous devons également recourir à ces trois moyens pour nous purifier.

6. La Téchouva, le repentir, inclut les jeûnes et les efforts investis dans l’étude de la Torah ; la Téfila : adresser une prière d’un cœur brisé au Créateur et multiplier la lecture des Psaumes ; la Tsédaka : donner davantage de dons que pendant le reste de l’année.

7. Dans le passé, un grand nombre de Juifs jeûnaient pendant ces jours de Chovavim. Certains jeûnaient toute la journée, du matin au soir, et à la tombée de la nuit, ils buvaient et mangeaient comme d’habitude, et le lendemain, ils reprenaient le jeûne, jour après jour, jusqu’à la fin de la période des Chovavim.

Cela fait déjà des centaines d’années que, d’après les grands Sages juifs, les nombreux jeûnes ne correspondent pas aux générations récentes, en ce qu’ils affaiblissent l’homme et perturbent le déroulement de sa journée, ce qui finit par porter atteinte à sa santé, à sa subsistance et à son étude de la Torah.

8. Le Gaon de Vilna explique que si l’on veut réparer ses fautes, on observera pendant les jours de Chovavim un jeûne de la parole. A savoir : « On mangera et on boira comme à son habitude, on priera et étudiera comme d’habitude, mais on prendra garde de ne pas prononcer de paroles futiles pendant la journée ». En un certain sens, la difficulté de s’empêcher totalement de parler d’autre chose que de Torah est plus difficile que de s’abstenir de nourriture et de boisson, et, par cette difficulté là, nous nous imposons des restrictions et réparons nos fautes, sans porter atteinte à notre santé et à notre programme journalier.

9. Voici ce dont les maîtres juifs avaient l’usage, dans les générations précédentes, pendant la période des Chovavim :

- certains jeûnaient tous les jeudis. Dans certaines communautés, l’usage est de jeûner une seule fois pendant toute la période des Chovavim.

- de nos jours, où la faiblesse est dominante et qu’il est difficile de jeûner, on a institué un « Séder Pidyion Ta’anit ». L’argent que l’on verse en échange du jeûne doit être distribué aux pauvres le jour-même.

- le pouvoir de la Tsédaka est très efficace, en particulier à cette période, et toute personne qui augmente ses dons sera comblée davantage depuis le Ciel.

- on ajoute des heures d’étude de la Torah pendant cette période. Une « session d’étude en continu » a été instituée, une étude de 4 ou 5 heures d’affilée sans pause.

- de même, il est louable de lire des Téhilim pendant les Chovavim. Dans certaines communautés, l’usage est de lire tout le livre des Téhilim vendredi soir, aux petites heures du matin, et certains le finissent pendant le Chabbath.

- certains s’engagent à un « jeûne de la parole », même un jour par semaine. Toute personne qui veille à s’abstenir de propos futiles en cette période procède à un Tikoun (réparation) de son âme. On peut s’engager à respecter un jeûne de la parole même pour une courte période de la journée, où on ne prononce que des propos de Torah, de prière ou de Brakhot.

- dans notre génération, les cours sur Yoré Déa (Choul’han Aroukh) sont très répandus. Des enseignants dispensent de tels cours dans presque toutes les villes. Le but est d’éveiller le public à respecter ces Mitsvot dans le détail.

10. Les efforts dans la Torah et le Tikoun des Chovavim trouvent leur source dans le cerveau. Le cerveau est déterminant en ce qu’il est responsable des choix de l’homme. Toute personne qui se consacre à la sagesse de la Torah chasse des pensées impures et procède à un Tikoun de son âme.