Avant le décès de Rabbénou Haïm Ben Atar, le Or Ha'Haïm, il advint que son épouse la rabbanite s'inquiète de sa situation matérielle et de ce dont elle vivrait après la disparition de son époux.

Devinant ses pensées, Rabbénou Haïm Ben Atar lui parla d'une façon très claire : "Après mon décès, va se présenter un homme très riche venant de Turquie. Il te demandera de bien vouloir lui vendre mes Téfilines et je t'autorise à la faire à tel prix (c'était une somme rondelette qui permettrait à la rabbanite de vivre à l'abri des besoins pour le restant de sa vie). Il acceptera immédiatement le prix demandé." Rabbi 'Haïm lui décrivit ce qui allait se produire dans l'avenir comme si cela avait déjà eu lieu.

"Il y a cependant une condition que tu devras aborder avec lui et sur laquelle il devra s'engager avant même d'avoir acquis les Téfilines : il devra promettre de ne jamais dire des paroles profanes tant qu'il revêtira les Téfilines, et de seulement faire ses Téfilot (prières) et dire des paroles de Torah et de Kédoucha (sainteté)".

La rabbanite hocha la tête en signe d'acquiescement, le cœur lourd. Elle savait parfaitement que son époux ne prononçait aucune parole qui n'était assurée de se matérialiser. De plus, même si rien n'est vraiment garanti, lorsque qu'un Tsaddik réclame quelque chose à son Créateur, cela se réalise presque toujours. Elle eut beaucoup de peine quand son mari le Tsaddik quitta ce monde et exprima son désarroi, mais elle savait que son heure était venue et que personne au monde ne peut empêcher cela.

Immédiatement après la semaine de deuil, on entendit quelqu'un frapper à la porte. C'était la personne dont avait parlé Rabbi Haïm, qui arrivait en tenue de voyage. Il était parti pour Erets Israël depuis un moment dans l'idée de rencontrer Rabbi Haïm Ben Atar, mais au moment où il arrivait enfin il apprit que c'était trop tard. Il demandait donc tout au moins d'avoir le mérite d'acquérir les Téfilines de ce géant spirituel. S'il n'avait pas eu le mérite de le connaitre de son vivant, il pourrait néanmoins être influencé par sa Kédoucha qui restait présente dans ce bas monde, et ce, tout en réalisant une Mitsva.

La rabbanite annonça le prix que son mari avait fixé. L'homme accepta sur-le-champ. Elle lui dévoila qu'avant son décès le Or Ha'Haïm HaKadoch avait prédit sa venue et avait fixé le prix de vente des Téfilines. En outre, elle lui précisa avec beaucoup de force ce que Rabbi 'Haïm lui avait demandé de dire en son nom, à savoir le fait de ne jamais prononcer des paroles profanes avec les Téfilines.

Le mécène réfléchit un instant, puis accepta. Sa volonté d'obtenir le mérite de ces Téfilines était la plus forte. Il décida sur le champ qu'il mettrait ces Téfilines dans une pièce isolée proche de la synagogue, afin de jouir de la prière collective tout en évitant le risque de tenir des propos futiles.

Lorsqu'il mit pour la première fois ces Téfilines tellement précieuses, il ressentit immédiatement un vif sentiment de Kédoucha, ainsi que le désir et la nostalgie de la proximité de D.ieu Tout-Puissant, et qu'un esprit pur venu d'en haut reposait sur lui. Il était bien conscient que cette Kédoucha émanait de la présence spirituelle de Rabbi 'Haïm Ben Atar. Cette Kédoucha continuait de l'accompagner, même après qu'il ait retiré les Téfilines pour vaquer à ses occupations. L'homme a commencé à s'élever de plus en plus haut dans la Torah et la crainte du Seigneur, et sa richesse aussi allait croissant.

Un beau jour, son assistant est venu l'enquérir d'un sujet urgent dont le règlement ne souffrait aucun retard. L'homme d'affaires tenta de répondre à ses questions par des mouvements de tête, mais son assistant ne le comprit pas. Emporté par l'enjeu commercial, l'homme en oublia qu'il portait les Téfilines et prononça des paroles profanes alors qu'elles étaient sur lui.

En un instant, il sentit que cette Kédoucha supérieure qui planait sur lui en permanence s'était envolée.

Il fit vérifier les Téfilines, et le Sofer et lui-même furent stupéfaits de constater que le parchemin était vide de toutes lettres… Elles avaient tout simplement disparu du parchemin et le rendaient ainsi vide de sens.