Dans une rubrique bouleversante publiée dans le magazine Bakéhila, le Rav Grossman révèle un épisode qu’il a vécu dans un cimetière de Damanhour en Egypte. Il remonte à l’époque où il s’était embarqué dans le premier vol vers l’Egypte après la Guerre de Kippour, après avoir décidé de se répandre en prière sur la tombe de Rabbi Yaakov Abou’hatsira.

Après être arrivé devant la tombe et prié avec émotion, il demanda aux résidents locaux s’il y avait une autre tombe juive en Egypte. Un vieil Egyptien lui répondit qu’il se trouvait au Caire la tombe de Rabbi ‘Haïm Kafussi, « Rabbi ‘Haïm Baal Haness », comme est surnommé le célèbre disciple du Ari zal, au nom de ce même miracle dont il a bénéficié.

On relate que lorsque le Rav Kafussi perdit la vue, certains le calomnièrent en prétendant qu’il avait accepté des pots-de-vin, conformément à l’adage : « La corruption aveugle les yeux des sages. » Il se rendit devant l’arche sainte et pria : « Si je me suis fait corrompre, puissé-je rester aveugle toute ma vie, mais dans le cas contraire, puissé-je recouvrir la vue comme tout le monde. » Sur place, il recouvra la vue.

Le Rav Grossman retourna dans le taxi et demanda au chauffeur de le conduire vers « la tombe d’un Juif du Caire. » Il descendit du taxi et découvrit une étendue de tombes portant le signe de l’étoile de David. Il était évident qu’il s’agissait d’un cimetière juif, mais où pouvait se trouver la tombe de Rabbi ‘Haïm Kafussi ?

« Je regardai à droite et à gauche, et je vis en face de moi une sorte de colline, où se trouvait une habitation de petite taille. Je pensais qu’il s’agissait de la structure funéraire construite au-dessus de la tombe du Tsadik. Je me hâtai de me diriger vers ce lieu. En m’approchant, je remarquai que la maison était ouverte sur les quatre côtés et dépourvue de porte. Je m’apprêtais à y entrer, mais je sentis alors une main sur l’épaule qui me tira de force en arrière.

Terrifié, je fis volte-face, mais ne vis personne. Je commençai à avoir la chair de poule et mon corps entier fut pris de frissons. C’était la nuit dans un cimetière sombre. Qui m’avait tiré en arrière sans me laisser entrer ? Je lançai alors un regard furtif à l’intérieur et aperçus un puits profond d’une hauteur d’une dizaine de mètres, qui fournit en eau le village et la région. Un pas me séparait entre une noyade dans ce puits profond, où j’aurais disparu à jamais, quelle terreur !

Pendant tout ce temps, je restai sur place, hypnotisé et immobile. Après avoir saisi l’ampleur du miracle, je me mis à pleurer de joie, puis entonnai : « Hodou LaHachem Ki Tov, Ki Léolam ‘Hassdo…Remercions Hachem, qui est bon, car Sa bonté est éternelle.. » Je pensais que j’aurais pu disparaître dans ce puits et personne n’aurait su que j’étais là. Je me remémorai Kora’h et son groupe qui avaient été engloutis sous terre, et je pensais : peut-être, en effet, grâce à la foi dans les Sages qui m’animait, une main invisible m’avait empêché de tomber. »

Et alors, poursuit le Rav, il éleva la voix dans l’espace du cimetière et s’écria : « Rabbi ‘Haïm Kafussi, je crois que les Tsadikim, même morts, sont appelés vivants, et tu entendras certainement ma voix. J’ai déployé de grands efforts pour venir jusqu’ici, et si tu veux que j’arrive jusqu’à ta tombe, fais-moi un miracle. Et dans le cas contraire, je pense que tu entendras ma prière d’ici. »

Il vit alors de loin des lumières : c’était une Jeep militaire égyptienne aux abords du cimetière qui demanda au chauffeur la raison de sa présence sur ces lieux à une heure aussi tardive. L’Egyptien répondit qu’il avait conduit un « Cheikh » israélien vers un lieu saint.

« Je me pressai de descendre, et les soldats nous firent signe de les suivre. Je redoutai la suite des événements et murmurai une prière au D.ieu vivant pour qu’Il me protège de tout mal. Ils m’ordonnèrent d’entrer dans le taxi, qui se mit à suivre leur Jeep. Nous roulâmes pendant sept ou huit minutes. Puis nous stoppâmes à côté d’une cour appartenant à une maison. Les soldats m’indiquèrent du doigt une tombe dans la cour d’une maison et m’annoncèrent : c’est la tombe du Tsadik. Je me penchai vers la Matséva (pierre tombale) et commençai à réciter des Téhilim à grands cris. Des centaines de résidents du quartier sortirent de chez eux pour observer le « Cheikh » israélien prier sur la tombe dans la cour de la maison. Quelques minutes plus tard, j’ordonnai au chauffeur de taxi de rouler à toute allure vers l’aéroport. Je manquai presque mon avion, mais je l’avais échappé belle, grâce au mérite de la Emouna en D.ieu et en Ses Tsadikim. »

Rav Israël David Grossman