Le récit que vous allez lire ici s’articule autour de l’expérience de mort clinique (E.M.I). Une des particularités de notre époque est cette abondance de messages célestes qui vient nous rappeler les vrais enjeux de la vie et nous éviter justement de nous perdre dans le décor, aussi somptueux soit-il…   

Le récit est anonyme, pour préserver l’intimité de celui qui l’a vécu. Comme vous vous en doutez, il s’agit d’un récit parfaitement authentique.

Une vie de rêve

Le héros de l’histoire appartient à une famille de rescapés de la Shoa. Pour les besoins de l’histoire, nous l’appellerons Michaël. Michaël, donc, était un homme d’affaires qui avait brillamment réussi et était très respecté par son entourage. Par ailleurs, il était instruit et cultivé et appartenait sans l’ombre d’un doute à l’élite sociale israélienne et laïque. Il était marié à une charmante femme qui exerçait un métier recherché, à la suite d’études universitaires parfaitement menées. Ses enfants, à l’image de leurs parents, se distinguaient dans leurs études et fréquentaient les écoles les plus élitistes.

Il habitait une villa de rêve qui se dressait sur un terrain de plusieurs milliers de mètres carrés, dans l’une des régions les plus belles et les plus riches d’Israël. Il disposait d’une piscine privée et d’un terrain de tennis réservé à son usage personnel. La famille disposait de plusieurs voitures de luxe, réservées à chacun de ses membres. Sa voiture personnelle valait plusieurs centaines de milliers de shekels. Michaël jouissait d’une vie idyllique et ne se refusait aucun des plaisirs que peut offrir la richesse. Les sorties, les voyages à l’étranger plusieurs fois par an, venaient égayer sa vie dorée pour que rien ne manque à son bonheur…


Le tournant

 Jusqu’à ce jour et cet instant tragiques, où un énorme camion avait broyé sa somptueuse voiture et l’avait transformée en piège mortel…  Les deux passagers qui l’accompagnaient avaient trouvé la mort dans ce terrible accident. Quant à lui, il avait survécu, grièvement blessé. Amené en urgence en salle d’opération, les médecins désespéraient de sa vie.

« Je n’oublierai jamais ce jour… Je me rappelle très bien de tout ce qui s’est passé, dans les moindres détails… » affirme Michaël. « Je me rappelle du médecin qui était arrivé sur les lieux de l’accident en ambulance et qui disait au policier : « Laissez-le, il est mort, il n’y a plus rien à faire, occupons-nous des autres blessés ». « J’avais envie d’hurler : « Non, vous faîtes erreur, je suis vivant ! Je suis vivant ! »  Mais je ne pouvais rien faire, j’étais déjà ailleurs, mon âme planait dans un monde nouveau… Je contemplais mon corps en souffrance, emprisonné dans la voiture écrasée… »

« Je voyais mon corps d’en-haut, sur le côté. Je contemplais tous les gens qui s’étaient rassemblés autour de la voiture. J’avais une impression étrange, je ne ressentais rien envers mon corps, comme si je ne l’avais pas habité pendant trente-six ans… « Comme c’est étrange, pensais-je en mon for intérieur. Je ne ressens aucune douleur, je me sens calme et apaisé. Les gens en bas découpent le toit de la voiture écrasée et font des efforts surhumains pour dégager mon corps, et moi, c'est-à-dire mon âme, mon esprit, je me déplace sans encombre… » Puis j’ai senti que mon âme passait comme un barrage, une frontière, d’un endroit à un autre...

Et soudainement, je me suis trouvé confronté à une lumière intense, éclatante, d’une puissance spirituelle indescriptible… Je commence à vivre alors une expérience extraordinaire, à ressentir des sensations et des émotions totalement inédites. Tout autour de moi est amour, tendresse et douceur…

Je pensais en moi-même : « Comme je suis bien maintenant, comme c’est agréable, paisible et calme… J’ai le sentiment d’être aimé très fort, et d’un amour authentique… »

Mais parallèlement à ces sensations merveilleuses, je continue à voir mon corps d’une manière très claire et sans ambiguïté. Je me vois emmené dans le bloc-opératoire, je vois les médecins qui s’occupent de moi et tous les gens présents.


La confrontation

Puis, sans crier gare, surgit de je ne sais quel endroit la figure de mon père… Je le reconnais immédiatement, sans le moindre doute possible. Des profondeurs de mon être, surgit un cri : «  Papa, papa ! » Il me regarde alors d’un regard empli de fureur. Son visage exprime une colère indescriptible et moi je manque de défaillir… Je me mets à pleurer sans retenue et l’interroge d’une voix emplie d’amertume, au milieu de mes larmes : « Mais pourquoi papa, pourquoi es-tu tellement en colère ? Je ne t’ai pas vu depuis sept ans, depuis que tu as quitté ce monde… Je t’aime de tout mon cœur et de toute mon âme, toute ma vie j’ai été un fils dévoué et fidèle, j’ai toujours accompli la mitsva (commandement divin) de respecter mon père et ma mère au maximum de mes forces… » Au moment où j’ai mentionné ma mère, est apparue devant moi sa personne… Elle était secouée par les pleurs et se tenait aux côtés de mon père. Elle me dit d’une voix brisée : « Pourquoi mon fils bien aimé, pourquoi ? Papa et moi souffrons beaucoup à cause de toi. Nous ne jouissons toujours pas de la sérénité de l’âme ici, dans les mondes supérieurs, bien que nous soyons ici depuis des années. Nous souffrons énormément !

 Le Tribunal céleste décrète continuellement contre nous des châtiments. On nous reproche de ne pas t’avoir éduqué comme il le fallait. Pourquoi nous fais-tu cela ? Nous avions pourtant investi en toi tous les efforts nécessaires pour que tu deviennes un juif respectable, c'est-à-dire chomer Tora ou mitsvot (respectant scrupuleusement les ordonnances de la Torah), et c’était là tout le but de notre vie… Pourquoi mon fils, pourquoi mon bien-aimé ? Pourquoi mon chéri, fils de mes entrailles ? »

A ce moment, est intervenu dans la conversation mon père. L’expression de son visage avait changé. Elle exprimait désormais la douleur. Mon père éclata en sanglots amers et s’écria : « Mon fils ! Mon fils ! Je souffre terriblement… Qui me sauvera de l’enfer ?! Malheur au père et à la mère dont tu es le fils ! Quelle honte ! Quelle humiliation ! Tu es resté notre seul enfant…Tu étais tout notre espoir ! Tu étais notre kaddich ! Ta mère était une femme de grande moralité… Toute sa vie, elle a fait des efforts surhumains pour assurer ta subsistance. Elle s’est privée de tout, elle ne s’achetait presque jamais de nouveaux habits… Malgré sa constitution fragile, elle n’a jamais reculé devant les emplois les plus éreintants…


Le souvenir des heures sombres

 Et pourtant, tu sais mon fils, que ta mère et moi sommes des rescapés de la Shoa… Nos trois petits enfants, que D. venge leur sang, nous ont été enlevés par les monstres nazis au début de la guerre… Chaque nuit, mon fils, en m’étendant sur mon lit, j’entendais les hurlements de tes frères et sœurs : « Papa, maman, ne les laissez pas nous prendre ! Nous voulons rester avec vous ! Maman ! Papa !... » Ce sont les derniers mots que nous entendîmes… Nous voyions leurs petites mains s’agiter au dehors du camion de la mort qui les conduisit à leur dernière destination… Oh, D. Qui est au Ciel… « Même si Je pardonne [aux non-juifs les vols et les larcins qu’ils ont commis à l’encontre du peuple juif, une fois qu’ils auront restitué l’objet de leurs vols de gré ou de force], leur sang, [le sang des juifs versés par les non-juifs] Je ne leur pardonnerai pas [si ce n’est par le fait que leur sang (celui des ennemis du peuple juif) sera versé également] Yoël 4, 21. (Selon les explications du Métsoudat David).

Oh, notre Père et notre Roi ! « Il vengera le sang de ses serviteurs » (Devarim 32,40)


Le renouveau

Par la grâce de D. après les terribles jours d’obscurité et de terreur, tu es né mon fils. Il s’agissait là d’une manifestation de grande bonté divine, car nous n’étions plus très jeunes… Avec ta naissance, nous avons connu une nouvelle jeunesse. Pour la première fois depuis des années, nous avons connu un peu de lumière, de joie, de consolation… Tu étais toute notre vie. Nous avons fait l’impossible pour que tu grandisses dans la lumière de la Torah et que tu deviennes un bon juif, un juif chomer Torah ou mitsvot.

Et maintenant sache mon fils, du jour où tu as abandonné la pratique et l’étude de la Torah, où tu as rejeté le joug divin, ta mère et moi souffrons ici extrêmement… Le Tribunal céleste nous reproche de ne pas t’avoir éduqué comme il le fallait. Les membres du Tribunal nous reprochent notamment de t’avoir trop gâté…


Le décret

Vendredi soir dernier, la mesure était comble. Le Tribunal céleste, à ma grande douleur, a prononcé à ton encontre un décret de mort… Cela s’est produit après la grande fête que tu as organisée chez toi et qui a amené des dizaines de personnes à transgresser Chabbath… Quelle terrible transgression du Chabbath a eu lieu ! Des dizaines de voitures ont foulé au pied le Chabbath ! Il y avait aussi de la musique, des barbecues, en bref un rejet total des mitsvot  (commandements de la Torah) !

L’accusation portée au Ciel contre toi a été terrible ! Immédiatement a été promulgué contre toi un décret de mort… Tu as été condamné à la lapidation selon la punition prévue par la Torah pour les profanateurs du Chabbath… Pour que ce jugement puisse s’accomplir ici-bas, il a été décidé que tu aurais les os broyés dans une voiture (à la suite d’un accident de voiture).


La plaidoirie

Sache mon fils, qu’ici dans les mondes supérieurs, nous savons tout ce qui se passe sur terre… Et lorsque nous avons su mon fils, mon unique, qu’un décret de mort avait été prononcé contre toi, nous avons essayé ta mère et moi de l’annuler. Nous avons avancé toutes sortes d’arguments. Nous avons pleuré, nous avons supplié… Nous avons invoqué la miséricorde d’Hachem à ton propos. Nous avons mentionné le fait que tu étais jeune et que le temps de mourir n’était pas arrivé pour toi… Mais rien n’y a fait. L’Accusateur a amené des milliers d’anges qui ont crié durant tout le procès de toutes leurs forces : « Mort !!! Lapidation !!! Chabbath !!! Le profanateur du Chabbath sera mis à mort !!! » Lorsque j’ai vu que l’irrémédiable allait se produire et que le décret de mort allait être signé, j’ai hurlé de toutes mes forces : « Respecte ton père et ta mère afin que tes jours se prolongent » (Chémot 20,12). « Mon fils a respecté son père et sa mère toute sa vie ; il a accompli cette mitsva de respect des parents de manière extrêmement poussée, laméhadrin min haméhadrin. »

Soudain, un silence absolu se fit dans la salle d’audience du Tribunal céleste... Tous les accusateurs se turent. Puis à nouveau, se fit entendre la voix de l’Accusateur : « Mais les fautes commises sont très graves… » Et alors j’hurle : « Téchouva !!! (repentir). Maître du monde, la téchouva annule les mauvais décrets. « Tu offres une main secourable aux fauteurs [pour leur permettre de se repentir] et Ta main est étendue pour accueillir les repentants » (Téfila de Né’ila à Kippour). « Que l’impie abandonne ses voies, qu’il revienne vers Hachem et Il le prendra en pitié » (Yécha’yahou 57,7).

A nouveau se fit entendre la voix de l’Accusation, un peu voilée et effrayante : « Que le fils soit amené ici. Il subira un processus de lapidation. Il franchira le seuil de la vie. S’il prend la décision [ici dans les mondes supérieurs] de faire une téchouva complète, il lui sera offert la possibilité de retourner dans le monde d’en-bas, pour y réparer ses actions et amener sa famille à un complet repentir. »


Prise de décision

« Oui, oui, papa éclatais-je en sanglots et tout en tremblant de mon corps… Je prends la décision d’opérer un complet repentir à partir de cet instant. J’accepte de prendre sur moi le joug de la Torah et des mitsvot, de manière scrupuleuse (kala kéba’hamoura). Je ferai le maximum pour ramener à la pratique des mitsvot et à l’étude de la Torah ma femme et mes enfants, oui, oui… »

J’eus aussitôt le sentiment que mon père et ma mère s’éloignaient de moi, disparaissant dans une sorte de brouillard… Avant qu’ils ne disparaissent entièrement, je les entrevis une dernière fois. L’expression de leur visage, cette fois était heureuse et exprimait une grande satisfaction… Au-delà du brouillard qui les enveloppait, je réussis à les entendre dire, comme d’une seule voix : « Chalom à toi, notre fils. Sois béni. Merci, notre cher fils, merci notre cher fils… »

Je regarde autour de moi, et tout s’estompe… Toutes les sensations, les émotions, tout s’amenuise… J’ai la sensation de descendre, d’atterrir. Je sens que je reviens petit à petit dans mon corps terrestre.


Le réveil

Je suis resté dans le coma pendant six jours alors qu’une équipe renforcée de médecins s’occupait de mon corps défiguré. Et soudainement, je me suis réveillé. J’ai ouvert les yeux. L’infirmière qui était assise à côté de mon lit s’en rendit compte, et alerta tous les médecins qui se trouvaient dans le département. La première chose que je perçus fut les larmes des infirmières. « Il vit », entendis-je autour de moi…

Je subis pendant de longs mois des soins médicaux très douloureux. Les plus grands médecins et chirurgiens s’occupèrent de moi, et petit à petit avec l’aide de D. mon état alla en s’améliorant. Un jour, en arrivant comme d’habitude au département hospitalier où j’étais traité, je croisais justement le patron du département, un professeur de réputation internationale qui m’avait suivi depuis le premier jour de mon hospitalisation. « Entrez, je vous prie, dans mon bureau, j’aurais souhaité m’entretenir quelques minutes avec vous ». Je pénétrai dans son bureau, il ferma la porte derrière nous et donna l’ordre à sa secrétaire de ne laisser passer aucune conversation téléphonique qui lui serait destinée… Pour ne rien cacher, je fus un peu alarmé de la tournure  solennelle que prenaient les évènements. Je craignais qu’il ne m’annonce une mauvaise nouvelle concernant ma santé…

« Ecoutez monsieur, cela fait longtemps que je souhaite m’entretenir avec vous. Il y a quelque chose qui m’intrigue depuis le premier jour où vous êtes arrivés ici, à la suite de votre terrible accident. Je pratique mon métier depuis plus de quarante ans. J’ai vu des milliers de cas effrayants d’accident de voiture, mais votre cas est un des plus graves qu’il m’ait été donné de connaître… Et je n’arrive pas à comprendre comment vous vous en êtes sortis… Chaque fois que je vous croise, je me demande : « Comment est-ce possible ? » Soit dit en passant, j’ai posé également la question aux autres médecins et spécialistes qui se sont occupés de vous, et personne n’a pu apporter de réponse satisfaisante… Vous étiez médicalement mort à tous points de vue, l’équipe médicale dans son ensemble avait désespéré de vous revoir un jour en vie, vous n’aviez aucune chance de vous en sortir… »

Je suis resté dans son bureau plus d’une heure et lui ai expliqué en détail tout le processus que j’avais subi. Il écouta mes paroles avec beaucoup d’attention, ne m’interrompant pas même une seule fois. Lorsque j’eus fini mon récit, il essuya une larme du coin de l’œil et me dit : « Certes monsieur, je ne suis pas religieux, mais D. existe, oui D. existe… Apparemment, Il vous aime énormément ! »


Une nouvelle famille

Ceci est le récit de ma vie. J’ai tenu la promesse que j’ai faite dans les mondes supérieurs. J’ai donc changé mon mode de vie du tout au tout et ai réussi à influencer positivement me femme et mes enfants.

Un soir de Chabbath, lorsque toute la famille était assemblée autour de la table, occupée à consommer les délicieux mets du Chabbath et à entonner les chants spécifiques (piyoutim) sur les paroles sublimes de nos Sages : « Que se réjouissent en Ta royauté les observants du Chabbath et tous ceux qui appellent le Chabbath un délice… Que tous se repaissent de Tes bontés », ma femme éclata soudainement en sanglots et fut secouée de pleurs irrésistibles… Ses larmes pures coulaient sur la nappe blanche… Elle dit alors d’une voix douce : « Quel bonheur ! Quelle sérénité ! Je n’ai jamais été aussi heureuse ! Quelle sensation exquise d’élévation, de sainteté, de pureté ! Dans les jours anciens, nous ne savions pas ce qu’était une table chabbatique… Les enfants sortaient chacun de leur côté : l’un en discothèque, l’autre dans un pub, l’autre encore en cabaret… Ils revenaient à l’aube sous le coup de l’ivresse, à demi-inconscients…

Et aujourd’hui… Merci, Maître du monde… Comme il est doux et bon de voir toute la famille réunie autour de la table de Chabbath… » Nous ne pouvions plus nous arrêter ; moi, mes fils et mes filles étions entraînés à sa suite dans des pleurs sans fin de joie et d’allégresse…


La révélation

Plus tard dans la soirée, après m’être endormi, mon père se révéla à moi dans un rêve. Il était resplendissant de bonheur. Il me caressa la tête avec tendresse et amour et me dit : « Oui, mon fils, tu nous as réjoui dans le Gan-Eden (Jardin d’Eden). Ta mère et moi, nous sommes extrêmement heureux au Gan-Eden. « Là où se tiennent les Ba’alé-téchouva (les repentis), même les Justes parfaits n’ont pas accès » (traité Brakhot 34b) [ce qui signifie que la récompense promise dans les mondes spirituels aux personnes ayant accompli une démarche de retour à la pratique religieuse (Ba’alé-téchouva) est plus importante que la récompense promise aux Justes parfaits qui ont été toute leur vie fidèles à la Torah]. Merci mon fils, merci… »