Nous avons abordé la semaine dernière la Mitsva de restituer un objet perdu à son propriétaire légitime[2]. La source de cette Mitsva se trouve dans la Paracha de Ki Tétsé (Dévarim). La Torah dit : « Tu ne dois pas voir le bœuf ou la brebis de ton frère égarés et te dérober à eux, tu es tenu de les ramener à ton frère. »[3] Les Rabbanim nous enseignent que deux Mitsvot distinctes sont incluses dans ce verset. La première : lorsqu’on trouve un objet perdu, on doit le ramasser et le restituer; la seconde est de ne pas détourner le regard de l’objet. Si on le ramasse, on considère que l’on a accompli les deux Mitsvot, et si on l’ignore, on les transgresse toutes deux. Si on le récupère avec l’intention de le garder pour soi (dans le cas où ce n’est pas permis), on transgresse alors une troisième Mitsva, l’interdit de vol.[4]

Les Maîtres nous enseignent aussi que cette Mitsva ne se limite pas à restituer des objets perdus. Elle oblige également chacun à éviter ou à minimiser les torts causés aux biens d’autrui. Par exemple, si on remarque une fuite qui cause des dégâts à l’appartement d’un voisin, on est tenu de tenter de prévenir une aggravation de la situation par tous les moyens.

La Mitsva s’applique également à éviter à autrui de perdre de l’argent[5]. Par exemple, si l’on voit que l’électricité de notre prochain est gaspillée inutilement, on doit l’éteindre si on estime que, s’il était présent, le propriétaire aurait agi de cette façon.

Certains Rabbanim sont d’avis que cette Mitsva inclut aussi le fait de prendre du temps pour aider ses voisins à protester contre des questions de zonage qui auraient un impact négatif sur la qualité de vie du quartier.

Néanmoins, il y a une limite à ces obligations : si le propriétaire lui-même est au courant du problème et s’abstient de s’en charger, alors le passant n’a aucune obligation d’investir du temps et des efforts pour le réparer. C’est un principe de base du judaïsme que l’on doit assumer la responsabilité pour ses propres problèmes. On ne doit pas les ignorer dans l’espoir que des passants bien intentionnés nous épargneront la nécessité de faire un effort ! Le judaïsme met certes beaucoup l’accent sur la gentillesse, mais il insiste tout autant sur le besoin d’autonomie, dans la mesure du possible. Un homme qui ne veut pas s’aider ne peut attendre des autres de le faire à sa place.


[1] Une grande partie des lois mentionnées ici sont extraites de l’ouvrage Halachos of Other People’s Money du Rav Pinchas Bodner.

[2] Comme nous allons l’expliquer, dans de nombreux cas, on n’est pas tenu de restituer l’objet, et dans certaines circonstances, on peut même le garder pour soi.

[3] Ki Tétsé, 22:1-3.

[4] Vayikra, Ch. 19.

[5] Les semaines précédentes, nous avons vu que l’on peut également accomplir la Mitsva de « Ne reste pas indifférent devant le sang de ton frère » en aidant les autres sur le plan financier.