Pourquoi les innocents souffrent-ils ? Et pourquoi un D.ieu miséricordieux et plein de compassion infligerait-Il des souffrances aux hommes ?

Dans l’ouvrage classique Dérekh Hachem, le Rav Moché ‘Haïm Luzzato nous enseigne qu’il y a diverses raisons aux événements qui nous touchent, situées au-delà de notre compréhension limitée. Mais nous avons foi en la Providence Divine qui guide notre existence, et nous savons qu’une force supérieure dirige tout, même si nous ne pouvons l’appréhender.

Ceci dit, j’aimerais vous relater une histoire que j’ai eu le privilège d’entendre il y a de longues années auprès d’une remarquable enseignante, Né’hama Lebowitz. Enfant, elle fréquentait une école religieuse. Né’hama relate qu’un jour, elle dormit plus tard que de coutume et se rendit compte qu’elle n’aurait pas le temps de prier si elle voulait arriver à l’heure à l’école. Accourant vers l’école, elle traversa la rue et manqua de remarquer un cheval tiré par une charrue galopant à vive allure dans sa direction.

La petite Né’hama fut renversée à terre et perdit conscience ; à son réveil, elle vit son médecin de famille penché sur elle pendant que sa mère récitait des Psaumes en pleurant. Mais ce qui effraya le plus Né’hama, ce fut la présence de son père dans la pièce. En effet, une règle familiale dictait qu’on ne devait jamais déranger son père dans son travail à moins de se trouver en présence d’une grave situation de crise.

Allongée dans son lit, elle était persuadée de vivre ses derniers instants et de devoir affronter rapidement son Créateur. Les larmes coulant le long de ses joues, elle demanda à parler à son père en privé. Lorsque tout le monde quitta la pièce, elle murmura : « Père, je sais pourquoi Hachem m’a punie ! Je me suis levée tard ce matin et je n’ai pas prié ! »

A ce moment du récit, Né’hama Lebowitz marqua une pause en expliquant qu’elle n’oublierait jamais la réponse de son père à ses cris. D’une voix très sérieuse, il lui rétorqua : « Comment oses-tu parler comme ça ! Comment oses-tu penser qu’Hachem, qui est entièrement miséricordieux, enverrait un cheval avec sa charrue pour renverser une petite fille qui n’a pas prié un matin ! Comment peux-tu profaner le Saint Nom d’Hachem de manière aussi triviale ! Ne réduis jamais Hachem à un tel niveau. N’oublie jamais cette leçon, ma fille ! »

De nombreuses personnes vertueuses subissent des épreuves souvent difficiles et douloureuses. Et de nombreux individus malveillants, d’après toutes les apparences, semblent vivre sans souci. Indépendamment de ceci, là où la vie nous mène, notre engagement envers Hachem - à Sa Torah et Ses Mitsvot - transcende toute autre considération.

Que ce soit dans la pauvreté ou la richesse, la maladie ou la santé, en temps de guerre comme de paix, nous restons Juifs, fidèles à Sa Torah. De nombreux événements inexplicables et incompréhensibles jalonnent notre existence. Mais peu importe ce qui advient, notre foi en Hachem, en Sa Torah et Ses Mitsvot doit rester constante et inébranlable.

Dans le même temps, cependant, nos Sages nous enseignent de ne pas tout considérer comme acquis, mais d’envisager chaque événement comme un test. Dans le Méssilat Yécharim, il est écrit : « Tous les événements de la vie sont des avertissements - des tests. » En effet, aucun événement n’est le fruit du hasard. Nous avons le choix. Nous pouvons considérer Hachem comme le centre de notre existence, ou au contraire considérer le monde comme un endroit cruel et absurde où les événements se succèdent les uns aux autres à tort et à travers. Cette dernière approche de l’existence nous laisse brisés et anéantis.

Dans mes écrits et enseignements, j’ai souvent expliqué qu’il n’y a aucune raison de poser la question « pourquoi », car il n’existe aucune bonne réponse à cette question. Nous devons plutôt poser cette question en Lachone Hakodèch - la langue sainte, la langue de D.ieu, dans laquelle chaque mot est irrévocable.

En hébreu, deux mots existent pour désigner le « pourquoi » : Madou’a et Lama. Madou’a, c’est Ma Dé’a - qu’est-ce que j’apprends de cela ? Et Lama signifie « Léma » - à quelle fin ? » Comment je progresse et m’améliore à partir de ce point là ?

Mais même lorsque nous posons ces questions, nous ferions bien de nous rappeler que la discipline divine n’est jamais punitive, elle est corrective : la Torah nous enseigne que D.ieu nous punit tel un père punit ses enfants.

C’est particulièrement important à retenir alors que chaque jour qui passe au cours des sept semaines à venir nous rapproche du moment où nous allons nous présenter devant D.ieu en nous repentant, implorant le pardon de notre Créateur, qui n’est pas seulement notre Roi mais aussi Avinou Malkénou, notre Père, notre Roi.

Presque toute famille ou individu souffre dans une certaine mesure. Citons également les épreuves collectives auxquelles notre nation est confrontée, comme la hausse mondiale de l’antisémitisme et la diabolisation d’Israël. Comment agir pour soulager notre douleur ?

La réponse est claire. C’est ce qui nous a permis de survivre à ces siècles longs et pénibles. Nous nous tournons vers Hachem, car au bout du compte, nous ne pouvons nous appuyer que sur Lui.