Il n’est pas seulement interdit de voler des objets. On n’a pas le droit d’aider ou d’encourager d’autres à voler. Inclus dans cet interdit : l’achat de marchandises volées ou de marchandises qui ont très certainement été volées. La source de cette interdiction se trouve dans la Mitsva suivante : « Ne placez pas une embûche devant le chemin d’un aveugle. »[1] Cette Mitsva nous enseigne que nous ne pouvons entraîner ou aider d’autres personnes à fauter. Ce principe s’applique également à aider un non-Juif à transgresser l’une des Mitsvot qui lui incombent.[2] Comme un non-Juif a l’interdiction de voler, on ne pourra acheter un objet volé par un non-Juif à un autre, car en agissant ainsi, on encourage le voleur à continuer dans sa mauvaise conduite.

De même, on n’aura pas le droit de vendre un équipement ou de donner des informations à un individu qui se prépare visiblement à en faire usage pour voler. Il existe deux raisons pour lesquelles on ne peut entraîner d’autres à fauter.

1. Agir de cette façon constitue une transgression directe contre Hachem. Hachem a créé le monde de telle manière que les actions spirituelles des êtres humains ont un effet important sur la création. Lorsqu’un individu accomplit une Mitsva, il génère de grands bénéfices au monde, sur le plan spirituel. A l’inverse, lorsqu’il faute, il engendre de grands torts spirituels. En conséquence, lorsque quelqu’un cause ou aide son prochain à fauter, il contribue aux torts qui s’ensuivent.

2. Entraîner notre prochain à fauter constitue une transgression dans le domaine des relations interpersonnelles (Ben Adam La’havéro). Lorsqu’un individu commet une faute, non seulement détruit-il le monde, mais il se détruit lui-même. Ce n’est pas simplement que D.ieu « punit » les hommes pour leurs fautes, Il a institué plutôt un système spirituel d’action et de conséquence. Ce système est identique au système présent dans le monde matériel. Si un homme descend un mur haut, il se fera mal - on ne considère pas qu’il a été puni, mais a commis un acte ayant des conséquences négatives. De la même manière, lorsqu’une personne faute, elle descend un mur métaphorique, et se fait du tort. En conséquence, aider quelqu’un à fauter lui cause du tort, et est donc interdit.

Jusque-là, nous nous sommes concentrés sur diverses formes de vol. Il existe un interdit différent, mais lié : s’emparer d’un objet contre la volonté de son propriétaire et le payer. Même si l’individu l’a payé avec de l’argent, il a enfreint l’interdit appelé ‘Hamat en hébreu.

Par exemple, un homme a marchandé agressivement avec son ami de lui vendre un certain objet.[3] L’ami a refusé de le lui vendre, mais notre homme a cependant saisi l’objet et déposé de l’argent sur la table. Puisque le propriétaire n’a pas accepté de vendre l’objet à ce prix-là, la personne qui l’a pris de force est coupable de ‘Hamat.

Mais si le propriétaire a indiqué d’une certaine manière qu’il acceptait la vente, alors il n’y a aucune transgression de ‘Hamat. Par exemple, s’il donne à l’acheteur de la monnaie pour l’argent qu’il lui a donné, il indique par ce geste qu’il a consenti à la transaction.

Autre interdiction liée à l’argent et aux biens des autres : ne pas tromper les acheteurs en employant des poids et mesures de valeur inférieure. Celui qui agit ainsi non seulement transgresse le commandement de ne pas voler, mais aussi le commandement spécifique de ne pas tricher avec les poids et mesures.[4] En conséquence, les propriétaires de magasins doivent demander à leurs employés de bien se servir de leurs balances, et leur indiquer la manière de définir une tare pour déduire le poids d’un sachet, d’un emballage ou d’un carton.[5]

Il faut noter que cet interdit s’applique aux non-Juifs autant qu’aux Juifs, et s’applique également à un vol de très petits pourcentages de poids ou de mesure.


[1] Kédochim, 19:14.

[2] Les Lois noa’hides.

[3] Nous verrons dans un futur article que cette forme de marchandage est souvent interdite en soi.  

[4] Vayikra, 19:35-6.

[5] Bodner, p.76.