C’est l’histoire émouvante d’un jeune élève de Yéchiva talentueux et animé de bonnes Midot, qui ne trouvait pas son âme sœur pendant de longues années. Le jeune homme avait franchi la barre des 28 ans, et n’avait toujours pas rencontré sa deuxième moitié. Tous ses amis s’étaient déjà mariés et avaient même des enfants, tandis qu’il était resté seul, sans avoir trouvé sa conjointe.

Lorsque son jeune frère arriva en âge de se marier, il lui dit : « Je te demande de ne pas craindre de me "doubler". Je ne voudrais pas que tu tardes à te marier, même pour une courte période, à cause de moi… Je te bénis de tout cœur d’avoir le privilège de fonder rapidement un foyer. » Et peu de temps après, c’est ce qui se produisit : le jeune frère s’apprêta à se marier.

Pendant toute la période des fiançailles, notre protagoniste accompagna son jeune frère dans les démarches liées au mariage, sans laisser filtrer aucun sentiment de jalousie, de compétition, ou d’autres mauvais traits de caractère qui rongent l’homme de son vivant.

Un an, puis deux ans s’écoulèrent, et le jeune homme fêta ses 30 ans. Aucune proposition de mariage ne se profilait à l’horizon et son cœur était plus brisé que jamais.

Un jour, il décida de téléphoner à son jeune frère, car il ne lui avait pas parlé pendant plusieurs semaines. Dès le début de la conversation, lorsqu’il lui demanda de ses nouvelles, son frère lui répondit sur un ton triste : « D.ieu nous aidera, D.ieu va nous venir en aide. »

Il n’eut point de mal à détecter que quelque chose n’allait pas. Il tenta de se renseigner sur la source de son problème, et après beaucoup d’insistance, le jeune frère finit par lui confier : « Nous sommes dans une situation financière délicate. Demain, c’est la veille de Chabbath, et la maison est totalement vide. Nous n’avons aucune possibilité d’acheter des denrées pour Chabbath… ».

Le frère entendit ces propos et son cœur se serra. Il se hâta de raccrocher, et quitta Bné Brak en direction de la ville du Sud où résidait son frère, sans omettre d’emporter plusieurs milliers de shékels prélevés sur ses économies (qui étaient assez maigres).

Arrivé dans la ville, il entra dans un supermarché local, et remplit plusieurs chariots de denrées pour la maison : fruits et légumes, pain et boisson, viande et poisson, produits laitiers, produits d’entretien, etc. La facture s’éleva au total à 3000 shékels, et notre héros se hâte en direction de l’appartement de son frère.

Il frappa à la porte, et quelle ne fut pas la surprise du couple en voyant devant chez eux les nombreux sacs de provisions, remplis de toutes sortes de bonnes choses, en quantité suffisante pour un bon moment.

Le jeune marié tenta de refuser ce généreux cadeau, mais son frère le prit dans les bras, le salua et quitta rapidement les lieux, non sans lui avoir remis une enveloppe contenant 2000 shékels.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là.

Le même soir, l’épouse du jeune frère était invitée au mariage de l’une de ses amies, mais en raison de son humeur morose face aux placards vides, elle avait annoncé à son mari en début de soirée qu’elle ne s’y rendrait pas. Mais désormais, la maison était remplie, ce qui influa sur son humeur, et elle décida de se rendre au mariage… (Il est rapporté dans la Guémara de Baba Batra qu’il y a un lien entre une maigre subsistance à la maison et l’humeur de la maîtresse de maison.)

La jeune femme se pressa pour se rendre à la salle de fête, et, avec l’aide de D.ieu, arriva à temps pour la ‘Houppa (cérémonie de mariage). Elle remarqua alors une jeune femme à ses côtés qui ne cessait de prier, d’implorer, et de verser des larmes…

La ‘Houppa s’acheva, et la jeune femme décida de s’adresser à la jeune fille : « J’étais à côté de toi et j’ai remarqué que tu n’as pas cessé de pleurer, tu peux te confier à moi, je peux peut-être t’aider ou m’associer à tes prières… »

« Je ne trouve pas de Chidoukh depuis longtemps, relata la jeune fille, j’ai imploré le Créateur du monde au moment de la ‘Houppa de me trouver un bon mari et de fonder un foyer de Torah. »

Après avoir pris quelques renseignements sur la jeune fille, la jeune femme lui dit : « J’ai une excellente proposition pour toi, un jeune homme au cœur pur, possédant de très bonnes qualités ». Il s’agissait bien entendu de son beau-frère !

Les jeunes gens se rencontrèrent et, en peu de temps, décidèrent de se fiancer…

Il s’avère que l’extraordinaire acte de bonté du frère est ce qui convainquit sa belle-sœur de se rendre au mariage et, là, de trouver pour lui une jeune fille au cœur brisé, qui, au même moment, implorait le Maître du monde de lui trouver un mari. Le Créateur du monde avait entendu sa supplique, et avait vu le dévouement du frère dans le domaine de la Tsédaka, et le soir même, la délivrance des deux jeunes gens avait eu lieu et, au final, la création d’un foyer juif !

Rav Erez Chazani