Dans le livre Véhigadéta est rapportée une histoire à donner la chair de poule relatée par le Rav Ya’acov Galinsky : « Lorsque j’étais un jour à l’hôpital, un médecin vint me trouver. Il avait l’air soucieux et demanda à me consulter. Il me raconta que, quelques jours plus tôt, un patient était hospitalisé dans un état critique, et endurait de terribles souffrances. Son corps était dévoré par la maladie, marqué par les ravages du cancer. Il soupirait et luttait, mais sans espoir. La mort l’aurait extrait de ses souffrances, mais les différents appareils auxquels il était branché le maintenaient en vie. Lors de la dernière visite des médecins, il fut décidé qu’il n’y avait plus de raison de prolonger sa vie. Le médecin-chef ordonna à l’un des médecins - mon interlocuteur - de débrancher la prise. Le malade fut débranché des appareils et commença à convulser, et trois heures plus tard, ses souffrances prirent fin. »

Et le médecin de poursuivre son récit au Rav Galinsky : « Hier soir, le malade s’est dévoilé à moi en rêve, et m’a lancé : "Que m’as-tu fait ? Pourquoi m’avoir débranché des appareils ?" "Je t’ai épargné des souffrances", répondis-je pour ma défense. Et le malade de rétorquer : "Pourquoi ?! Pourquoi avoir agi ainsi ? Mon âme est montée au Ciel, et on m’a annoncé que l’on m’avait fixé encore 4 jours de souffrances dans ce monde-ci pour effacer toutes mes fautes. Si j’avais été jusqu’au bout de ces jours, je serais monté droit au Gan Eden, pur et sans faute. Maintenant, alors que tu as pris ma vie avant le moment fixé, qui sait combien je devrais souffrir au Guéhinam (enfer) ? Qu’as-tu fait ? Pourquoi ?!" »

Le médecin, troublé, se rendit chez le Rav Galinsky pour l’interroger : « Est-ce vraiment ainsi que les choses se déroulent ? Y a-t-il une différence s’il souffre ici ou là-bas ? »

Je lui répondis : « Bien sûr ! Ce monde-ci est appelé "Olam Hatsimtsoum, un monde restreint". Toute petite Mitsva accomplie ici fait des merveilles dans les mondes supérieurs. Et une faute minime ici-bas assombrit des mondes. Il en va de même pour des épreuves minimes que l’on vit ici, on s’épargne des souffrances en enfer, d’après le Ramban (dans l’introduction à son explication au livre de Iyov) qui explique qu’une heure en enfer est pire que toute une vie de souffrances comme celle de Iyov. Exactement comme le Saba de Kelm affirmait, au nom de Rabbi Israël Salanter, que l’homme peut "perdre son monde futur" en consommant une cuillère de compote !

Le Rav Galinsky continua à expliquer au médecin : « Le Gaon de Vilna déclara un jour à ses élèves : "Sachez que tout ce qui a été dit dans le Réchit ‘Hokhma sur les terribles souffrances du Guéhinam est tout à fait authentique, non pour semer la peur ou la panique, mais sachez que c’est encore pire, c’est du feu et du soufre ! »

Ces propos firent un tel effet, que l’un de ses élèves tomba malade de peur et d’effroi. Lorsque le Gaon de Vilna en fut informé, il se rendit chez son élève pour accomplir la Mitsva de visite aux malades.

Les élèves qui l’accompagnaient étaient persuadés que le Gaon allait apaiser son élève, en lui expliquant qu’il n’était pas nécessaire de prendre à cœur ces propos, et que les choses ne sont pas aussi terribles qu’elles n’en paraissent… une fois arrivé au domicile de l’élève, le Gaon déclara : « Sache que tout ce que je t’ai dit est totalement vrai. Et ce n’est qu’une petite partie, nous n’avons pas la possibilité de cerner les souffrances du Guéhinam ! Mais j’ai oublié d’ajouter un détail : on ne sait pas du tout combien on s’épargne de souffrances lorsqu’on vit ces épreuves dans ce monde-ci ! »

Le Rav Galinsky s’adressa au médecin en ces termes : « C’est ce que ce défunt est venu vous annoncer, la portée du salaire des épreuves dans ce monde-ci ! »

Le médecin, bouleversé, demanda : « Alors que dois-je faire ? »

Et le Rav Galinsky de répondre : « Ecoutez, ce défunt a ses propres soucis, il est sur le point d’être envoyé en enfer. Avait-il d’autre choix que de descendre dans ce monde pour se plaindre devant vous ?!  Et à cet effet, il a fallu certainement une autorisation du Ciel, pourquoi le lui a-t-on permis ? Pour une seule raison : étant donné que vous êtes responsable du fait qu’il n’a pas achevé la quantité d’épreuves fixées et qu’il n’est pas monté immédiatement au Gan Eden, il s’est dévoilé à vous pour réparer cette injustice et pour que vous l’aidiez à entrer au Gan Eden ! »

« Comment ? », demanda le médecin, et le Rav de répondre avec fermeté : « Par votre Téchouva, et les Mitsvot que vous accomplirez seront également portées à son mérite ! »

Et le médecin d’interroger encore : « Et jusqu’à ce que j’accomplisse les Mitsvot, il sera acquitté ? »

Réponse du Rav : « Vous ne devez pas vous faire de souci à ce sujet, c’est écrit explicitement dans Rachi : le jour de Roch ‘Hodèch Nissan, Moché Rabbénou a ordonné aux Bné Israël, de prendre le Korban de Pessa’h le 10 et de l’offrir le 14 : "Les Bné Israël firent tel que leur avait ordonné Moché" (Chémot 12, 28). L’ont-ils déjà fait ? Non, mais comme ils s’y sont engagés, les Ecritures en parlent comme si c’était déjà fait ! »

Et le médecin fit un vrai retour aux sources !