Karen est une jolie jeune fille de 28 ans. Après des études brillantes, bac S mention très Bien, Master de contrôle-audit à Dauphine, elle fut embauchée dans un des plus grands cabinets d'Audit, un Big Four. Très vite, son sérieux et sa rigueur firent la différence et elle devint manager. Malgré ses nombreux déplacements en France et à l'étranger, son métier la passionnait…

Ne lui manquait qu'une chose : le grand amour !

Un jour, après le travail, elle rejoint des amis pour boire un verre. Là-bas, elle fit la connaissance de David, 32 ans. Avocat-fiscaliste, il réussissait très bien dans son domaine au point de souhaiter ouvrir son cabinet.
À peine commencèrent-ils à discuter qu'ils se découvrirent une multitude de points communs. Leur alchimie sautait aux yeux et ils décidèrent de se revoir. Les semaines passèrent à la vitesse de la lumière et des sentiments amoureux prirent place.

Ils n'avaient jamais ressenti cela auparavant, cette impression d'être de véritables âmes-sœurs... Les mois passèrent et un matin, il l'attendit en bas de chez elle. "Fais ta valise, j'ai prévenu ton travail, nous partons à Venise…"

Quoi de plus romantique pour faire une demande en mariage !

Évidemment, elle accepta et les préparatifs commencèrent…

Tout devait être parfait pour sceller leur amour à tout jamais : la synagogue de la Victoire, la salle du Pré Catelan, Charles Traiteur : rien ne manquait pour faire de ce jour le plus beau de toute leur vie...
 

STOP !

Ne vous êtes-vous jamais demandé pourquoi les comédies romantiques s'arrêtent toujours à ce moment-là ?

Certainement parce que vous seriez trop déçus d'apprendre qu'après le mariage, David et Karen connurent leurs premières difficultés... Elle dut gérer sa déception en voyant son mari s'investir corps et âme dans son nouveau cabinet au détriment de leur couple, sans  réussir à trouver un équilibre entre son foyer et un travail exigeant, ni comprendre que rapporter de l'argent ne suffisait pas à combler les besoins émotionnels de sa femme...

Les producteurs hollywoodiens, dont l'objectif est d'augmenter les recettes, sont là pour nous vendre du rêve, mais certainement pas pour nous apprendre à gérer notre réalité.

Il n'y a rien de mal à cela, me direz-vous. J'en vois déjà un : ce type de films a laissé penser à toute une génération que construire un couple était quelque chose de facile, et qui ne nécessitait aucun effort…

Ce mythe est tout de même incroyable. Tout le monde a conscience que pour réussir son Bac, sa P1, sa prépa ou son barreau, il faut s'investir, réviser, travailler parfois même très dur pour y arriver.

Même chose pour le travail. Quel patron donnerait une promotion à un employé retardataire et peu investi dans ses fonctions ! Aucun.

En revanche, quand il s'agit du couple, on souhaiterait qu'il en soit autrement. S'aimer devrait suffire pour réussir son mariage.

En théorie, c'est très bien, sauf qu'en pratique, c'est totalement l'inverse de ce que la Torah prodigue. Cette dernière nous dit que l'amour ne provient que du don ! Seul l'investissement dans son couple va permettre le maintien de son existence.

Pour celui qui a grandi dans une société de consommation dont l'idéologie dominante est de prendre au lieu de donner, où l'autre doit être parfait pour mériter d'être aimé, cette notion est très dure à accepter et à appliquer.

Combien de fois peut-on entendre : "Pourquoi ferais-je cela pour lui, que fait-il, lui, pour moi ?", "Encore, il faut faire des efforts !", "Ça va, il peut se le faire tout seul", "Moi aussi, je travaille".


Il n'y a pas de potion magique !

Deux conditions garantissent la réussite d'un mariage :

1. Accepter notre conjoint tel qu'il est en se concentrant uniquement sur ses qualités. Aimer est un choix. Au même titre qu'il ne dépend que de nous de voir le verre à moitié plein ou à moitié vide, nous pouvons décider sur quels aspects de sa personnalité nous allons nous concentrer :

- Elle met trop de temps à se préparer, oui mais elle est toujours apprêtée pour son mari.
- Il termine tard le travail, oui mais c'est un mari fiable qui se bat pour subvenir aux besoins de sa famille.
- Elle est trop maniaque, oui mais quel bonheur de rentrer le soir dans une maison propre.
- Il ne m'écoute pas toujours, oui mais il est toujours là quand j'ai besoin de lui.

Chaque individu est doté de grandes qualités. Pour pouvoir les apprécier, il faut travailler notre regard sur les choses afin de toujours estimer ce qu'Hachem nous a donné et d'être toujours plus convaincu que mon conjoint n'aurait pu être destiné à quelqu'un d'autre que moi.

2. Faire de l'autre notre priorité en se demandant régulièrement : "Que puis-je faire de plus pour le rendre heureux ?"


Plus on donne, plus on aime

Comme nous le rappelle Rav Dessler, "plus je donne à l'autre, plus je l'aime", ce qui veut dire que plus je m'investis dans mon couple, plus les liens avec mon conjoint vont se resserrer. On ne parle pas ici de grandes choses, mais d'une succession de petites actions qui témoignent au quotidien de notre attachement : un message d'amour par SMS, un compliment devant les enfants, se lever la nuit quand le bébé pleure pour soulager sa femme, préparer un Tupperware pour son mari pour qu'il n'ait pas besoin de courir le midi se chercher à manger... Ce sont ces centaines d'actes de don qui feront de notre couple, un "couple en béton armé".

Sinon, on vivra l'un à côté de l'autre mais pas l'un pour l'autre.

Je sais que l'exercice n'est pas facile, mais finalement, le plus beau "Happy End" d'une vie n'est-il pas celui d'être, dans ses vieux jours, avec son mari, complices et amoureux, autour d'une grande table de Chabbath, entourés de ses enfants, ses petits-enfants et même ses arrière-petits-enfants, dans une ambiance joyeuse et familiale ?