Quelques années après la Guerre des Six Jours, je fus invitée à prendre la parole devant l’armée israélienne ainsi que dans diverses localités d’Israël. Lors de l’une de ces occasions, je convoquai une conférence de presse. A cette époque, c’était possible car le Kirouv (rapprochement des juifs au judaïsme) était une nouveauté. A l’exception des Loubavitch, aucun des organismes de Kirouv actifs d’aujourd’hui n’existait. Nous fûmes littéralement les premiers à introduire le Kirouv.

Je convoquai une conférence de presse car j’avais terriblement peur. Dans l’euphorie qui avait suivi la victoire spectaculaire de la Guerre des Six Jours, la gratitude à Hachem, pointer le doigt vers Lui, avait terriblement manqué. Nous nous bercions de l’illusion que « Koa’h Vé’otsem Yadi… c’était Ma force, Ma puissance qui avait accompli ceci ». J’avais si peur des conséquences de cette attitude, que je me sentis obligée de convoquer cette conférence de presse dans l’espoir que quelqu’un pourrait prêter l’oreille.

« Les nations du monde nous reprochent notre victoire, déclarai-je. Oui, pendant quelque temps après la Shoah, leur conscience les a troublés et les diatribes antijuives sont devenues politiquement incorrectes. Mais hélas, en tant que survivante de la Shoah, je savais que cette tendance allait passer rapidement, et que la haine allait refaire surface. Il n’y a qu’un seul moyen pour nous protéger, c’est d’avoir nos représentants à l’ONU et dans le monde, proclamer sans honte que nous sommes retournés sur notre terre donnée par D.ieu, que notre droit sur cette terre nous a été accordé par le Tout-Puissant, D.ieu Lui-même et nous pouvons le prouver par un geste. Tout en parlant, nous devons pointer vers la Bible, notre Torah, et lire les passages qui assurent que cette terre nous appartiendra, au peuple juif, pour toute l’éternité… que D.ieu Lui-même nous l’a destinée comme un héritage éternel, que l’alliance scellée au Sinaï proclame que nous, le peuple juif, la Torah et la terre sont un.

Mon imploration n’a bien sûr pas été entendue. Au mieux, les gens ont souri de ma naïveté, et d’autres l’ont simplement qualifié de fanatisme religieux. Malheureusement, jusqu’à aujourd’hui même, rien n’a changé. A l’exception de Ména’hem Bégin, aucun des dirigeants israéliens, ni les Premiers ministres, ni aucun des ambassadeurs n’ont mentionné Hachem ou reconnu que ce fut grâce à Lui qu’Israël a pu triompher. Malheureusement, cet échec de reconnaître Hachem se manifeste dans beaucoup de domaines. Notre bel hymne émouvant, Hatikva, serait bien plus chargé de sens si le Nom de D.ieu y était mentionné. Je pourrais citer beaucoup d’autres exemples, mais le facteur important est de comprendre nous-mêmes que nous sommes une nation sainte qui s’est tenue au Sinaï et avons entendu la voix de D.ieu, et que cette voix est ancrée dans notre Néchama, notre âme. Si seulement nous écoutions sa voix calme et tranquille qui nous appelle constamment !

Chaque année, la diabolisation de l’Etat juif augmente ; alors qu’à un moment donné, pendant une brève période, les soldats israéliens étaient tenus en estime, aujourd’hui, ils sont considérés comme des oppresseurs d’un peuple opprimé qui occupent une terre qui ne leur appartient pas.

C’est en vain qu’Israël tend la main avec compassion à ceux qui l’attaquent ; c’est en vain qu’elle tend la main de la paix. Les attaques se poursuivent sans discontinuer et, chaque jour, elles deviennent plus meurtrières, tuant hommes, femmes, enfants et nourrissons. Dès l’instant de la renaissance d’Israël, du sang juif s’est répandu librement sur la terre, mais aucun pays n’a jamais émis la moindre protestation ; aucune nation n’a élevé la voix pour nous. Les siècles de haine juive ne se sont jamais réellement dissipés, et, aujourd’hui, nous assistons à quelque chose que nous estimions impensable.

Etait-ce hier seulement que la chanson la plus populaire du hit-parade israélien était « Ani Mavtikha Lakh… Je te promets, mon enfant, que ce sera la dernière guerre… » ? Tragiquement, c’est un rêve qui ne s’est jamais réalisé.

J’écris tout ceci non pas parce que, D.ieu préserve, je veux critiquer notre peuple, mais c’est précisément parce que j’aime notre peuple et notre terre, que je m’exprime en ces termes. D.ieu sait que nous avons enduré déjà assez de souffrances, et, en cette époque de crise, comme dans celle de l’Europe avant la Shoah, les portes se ferment derrière nous. Avant qu’il ne soit trop tard, nous devons reconnaître que notre aide, notre salut ne viendra pas de Washington, ni d’aucune autre capitale sur terre. Mais il viendra de la plus grande capitale de toutes, la capitale des Cieux. C’est là-bas seulement que notre destin est déterminé. C’est vers cette capitale que nous devons nous écrier, et si nous le faisons, notre aide viendra.

Le Président Obama, dans son adresse aux nations, a défini son nouveau plan de paix, appelant Israël à retourner à ses frontières d’avant 1967, une démarche suicidaire que l’Etat juif ne peut envisager. Le Premier ministre israélien, Bibi Nétanyahou, a délivré une réponse éloquente et puissante, expliquant pourquoi Israël ne pourra jamais envisager une telle peine de mort. Il a expliqué avec passion comment, au fil des siècles, le peuple juif a souffert de tortures barbares et de persécutions où des millions ont été massacrés, mais, malgré tout, le peuple juif n’a jamais renoncé à son droit à la terre d’Israël, ni à l’espoir de son retour. Oui, il a parlé du cœur et il faut avoir un cœur de pierre pour ne pas s’en émouvoir. Mais en dépit de tout cela, un mot manquait de manière frappante, et l’absence de ce mot a rendu Israël vulnérable, exposé à d’autres attaques, et ce mot était Hachem, le D.ieu tout-puissant.

Si seulement… si seulement, pensais-je, il avait ajouté à cette imploration puissante : « Nous sommes revenus sur notre terre donnée par D.ieu ». Mais hélas, cette phrase n’a pas une seule fois fait son apparition. Non, nous ne pouvons nous reposer sur personne. Je le répète, notre aide ne peut provenir que de D.ieu Lui-même.

Je demande à toute personne sensée d’envisager ce qui se passerait si des millions de gens hurlaient qu’Israël et les Juifs sont la vermine du monde et doivent être exterminés. Imaginez ce qui se passerait si, au lieu du terme « Juif », on le remplaçait par « Noir ». Imaginez si, au lieu d’Israël, un autre pays serait obligé de rendre sa terre à un peuple qui proclame ouvertement qu’il ne reconnaîtra jamais son droit à l’existence.

De plus : envisagez si un autre pays devait rendre sa terre, évacuer ses résidents, et les déplacer par force. Que se passerait-il si on leur demandait de renoncer à leur maison et aux synagogues qu’ils ont construites, la terre qu’ils ont transformée, à partir d’un désert, en beaux jardins et vergers pour voir cet endroit se transformer en base de lancement pour des attaques terroristes meurtrières. Oui, Israël a appelé ses propres soldats pour déraciner ses frères du Gouch Katif et faire d’eux des réfugiés sur leur propre terre.

Et ce n’est pas le seul exemple. Rappelez-vous d’Oslo lorsqu’Israël a rendu des territoires pour la création d’un Etat palestinien et a ensuite fourni des armes pour une police, pour voir ces armes se retourner contre elle. Je pourrais continuer indéfiniment, mais quelqu’un oserait-il formuler qu’après avoir vu et vécu tout cela, on donne plus de terre à un peuple qui a prouvé constamment que son seul programme était de rayer Israël de la carte ?

Et comment Israël a-t-il été récompensé de ses sacrifices ? Les terres rendues ont été rapidement converties en bases de lancements pour des missiles et roquettes meurtrières visant à détruire nos villages et villes, à tuer et estropier. Et maintenant, on pousse Israël à céder de plus en plus de territoires, à partir desquels le Hamas et ses cohortes pourront lancer encore plus de roquettes meurtrières.

Le Premier ministre Nétanyahou a expliqué que nous sommes un peuple qui a vécu une Shoah de trop. Nous ne pouvons risquer un massacre de plus. Plutôt que de comprendre son imploration, il a été réprimandé pour avoir sermonné le Président de la Maison Blanche.

Autre élément illogique, que tout esprit rationnel doit remettre en question et s’étonner : comment un tel mal peut-il être accepté ? Il défie toute logique, or la raison en est simple : « Si Mon peuple voulait m’écouter, Israël marcher dans Mes voies, bien vite, Je dompterais leurs ennemis, Je ferais passer ma main sur leurs adversaires » (Psaume 81).