Mon mari, le Rav Méchoulem HaLévi Jungreis, a été une bénédiction pour tout le monde. Toute personne entrée à son contact baignait dans sa lumière et sa chaleur.

Je me consacre en ce moment à l’écriture d’un ouvrage, Be a Blessing, soyez une bénédiction, qui s’inspire de l’homme que j’ai toujours appelé « mon rabbin ».

Il y a quelques semaines, un élégant jeune homme est venu me voir à Hinéni. « Rabbanite, m’a-t-il dit, j’ai une question. Suis-je obligé d’inviter mon père à assister à mon mariage ? »

Je le regardai. Ce n’était pas une question ordinaire. Il remarqua mon expression perplexe et se mit à s’expliquer.

« Rabbanite, mon père nous a maltraités. Il a abandonné ma mère alors que je n’avais que cinq ans. Il y avait toutes sortes de problèmes. Il a laissé de profondes cicatrices dans notre cœur et notre âme. »

Puis, le jeune homme se mit à décrire certains des actes commis par son père.

  • Alors, dites-moi, suis-je tenu de l’inviter à mon mariage ?, poursuit-il.

  • Pourquoi me posez-vous la question ?, demandai-je. Etes-vous fiancé ?

  • Non.

  • Rencontrez-vous une jeune fille sérieusement dans le but de vous marier ?


Il secoua la tête en signe de dénégation. Il ne fréquentait personne sérieusement.

« Alors pourquoi ne pas reporter cette conversation au moment où vous planifierez votre mariage ? »

Tout en prononçant ces paroles, je réalisai à quel point il était profondément blessé. Son âme cherchait à hurler son indignation. Il voulait pleurer et exprimer sa colère et il ne pouvait penser à quelque chose de plus affreux pour un fils que de rejeter la présence d’un parent à son mariage.

« Savez-vous ce qui m’a permis de tenir bon pendant toutes ces années ?, me demanda-t-il. L’année où mon père nous a abandonnés, ma mère était malade. Elle luttait pour joindre les deux bouts. Nous faisions partie d’une communauté, mais personne dans notre synagogue ne nous est venu en aide.

Un jour, alors que maman cherchait dans les journaux des promotions, elle remarqua une annonce pour une vente de charité dans une synagogue. "Peut-être pourrions-nous aller à cette vente et trouver quelque chose à acheter", me dit-elle.

La synagogue à laquelle elle faisait référence était la Congregation Ohr Torah de North Woodmere, Long Island. »

Mon cœur commença à battre plus vite, et je me demandai comment cette histoire allait se finir. Comme je l’ai mentionné dans de précédents articles, Ohr Torah était la synagogue que mon mari et moi avions créée dans ce qui était à l’époque un désert spirituel. Je me souvenais bien de cette époque de bazars destinés à lever des fonds. Mon mari y passait toujours pour remercier les bénévoles et accueillir les visiteurs.

« J’ai vu un homme très grand, poursuivit le jeune homme. Il avait un visage très avenant, des yeux extrêmement gentils. Soudain, il s’arrêta pour me saluer. Il me sourit, me pinça les joues et me demanda : "Quel est ton nom juif ?"

Je lui répondis : "Michaël", et cet homme me dit : "C’est le plus beau nom qui soit ! Michaël était un ange de D.ieu. C’était l’ange des bénédictions, et c’est ta mission : être une bénédiction et partager cette bénédiction avec d’autres."

A ce moment-là, je ne compris pas vraiment le sens des propos du rabbin, mais je compris que c’était l’homme le plus gentil que j’avais jamais rencontré. Il me donna une Kippa et une sucette et me dit : "Récitons une Brakha." Et il m’apprit la Brakha à prononcer sur un bonbon.

Son message m’a aidé à tenir bon. "C’est l’un des premiers enseignements que tu dois retenir, me dit-il. Essaie toujours d’être une Brakha. Remercie D.ieu et remercie tout le monde - et sois une bénédiction."

Je ne l’ai plus jamais revu. Mais la douceur de la sucette et la Kippa qui a couvert ma tête m’ont longuement accompagné. Ils ont pénétré mon cœur et mon esprit. Jusqu’à aujourd’hui, lorsque je pense à une Kippa, je l’associe à la protection et à la douceur de cette sucette dont le goût est resté sur mon palais.

Cette expérience m’a touché au plus profond de moi et m’a aidé à rester Juif. »

Si seulement notre génération pouvait s’inspirer de cette leçon. Plus que la thérapie, plus que la discipline et les punitions, une petite sucette, une petite Kippa, et un geste affectueux de pincer la joue peuvent permettre à nos enfants de résister aux vents turbulents qui menacent de les emporter.

Une telle bonté peut même nous aider à triompher d’une société vide et décadente, nourrie de violence et d’immoralité. Elle peut guérir la colère et l’amertume de notre monde empoisonné.