"Chère Rabbanite Jungreis,

Il y a seize ans, mon mari est soudain mort d’une crise cardiaque. Il n’avait jamais été malade : la tragédie, venue de nulle part, nous frappa de plein fouet. Je restai seule avec ma petite fille de quatre ans que je réussis à élever : elle est aujourd’hui devenue une remarquable jeune fille. Mais la tragédie nous a à nouveau frappés. Ma fille se sentait mal. Pour faire bref, les résultats médicaux indiquent le pire. Elle devra subir une intervention chirurgicale importante.

Rabbanite, s’il y a un D.ieu, comment peut-Il me faire ça ? Je me sens désespérée et sans forces. Je ne peux même plus prier. Pourquoi ai-je été désignée pour subir tant de souffrances ? Pourquoi D.ieu m’a-t-Il abandonnée ?"

Réponse de la Rabbanite

"Chère amie,

Sachez que je ressens votre douleur. Voir votre enfant souffrir est atroce, mais lorsque vous êtes seule, sans mari, la douleur est exacerbée, je comprends donc votre désarroi. Mais tout comme D.ieu vous a aidé à élever votre fille, Il vous procurera certainement Son aide à nouveau. Il suffit de vous adresser à Lui, car au final, Il est la seule véritable source d’aide, alors ne fermez pas cette porte. Aucun d’entre nous ne peut réussir sans Lui.

Pour vous instiller des forces, permettez-moi de vous livrer une histoire sur mon père, Rav Avraham Halévi Jungreis. Cet incident se déroula dans un hôpital alors que mon père se remettait de l’un de ses combats contre la maladie. Ce jour en particulier avait été exceptionnellement difficile, car il souffrait beaucoup et une nouvelle infirmière juive entra dans la pièce pour tenter de soulager partiellement les douleurs de mon père.

L’amour intense de mon père pour autrui lui avait conféré une sensibilité aux sentiments des autres, et lorsque l’infirmière entra dans la chambre, il décela immédiatement qu’elle était perturbée. Oubliant sa propre douleur, il lui demanda : « Pourquoi êtes-vous si contrariée ? Qu’est-ce qui vous dérange ? ».

Il fallut des efforts pour que la femme s’ouvre, mais mon père insista, et finalement elle relata une histoire tragique tournant autour de son fils.

« Et que faites-vous à ce sujet ? », demanda mon père.

« Que puis-je faire, Rav ? », demanda-t-elle sur un ton désespéré. « C’est un problème insoluble, personne ne peut m’aider, alors il vaut mieux que je m’y résigne. »

Rassemblant toutes ses forces, mon père lui dit alors : « Ne dites jamais ça ! N’abandonnez jamais ! Il y a un D.ieu au-dessus de vous. Appelez-Le et écriez-vous vers Lui de tout votre cœur. Il peut vous aider. Dans le même temps, continuez à explorer toute forme d’aide possible - ne vous résignez jamais à la défaite, car là où il y a de la vie, il y a de l’espoir. » Assise en silence, les yeux brillants de larmes, elle tentait d’absorber les paroles de mon père. Cette infirmière, venue pour atténuer la douleur de mon père, se retrouva dans la position d’être soulagée par mon père.

« Lorsque nos ancêtres se trouvaient en Egypte », poursuivit mon père, « et qu’ils ne pouvaient plus endurer leurs tourments, ils s’écrièrent vers D.ieu, et Il entendit leurs plaintes et les sauva. Certainement, au cours des longues années d’esclavage, ils ont dû implorer à l’aide à de nombreuses occasions, alors comment se fait-il que ce cri particulier ait apporté la délivrance ? Nos Sages expliquent qu’au départ, ils s’étaient écriés devant D.ieu et non à D.ieu. Ils avaient imploré les contremaîtres égyptiens d’avoir pitié d’eux, espérant qu’ils allègeraient leur fardeau. Ils réalisèrent seulement au final que l’aide ne pouvait provenir que d’une source unique, et c’est à ce moment-là qu’ils s’adressèrent à D.ieu, et ce fut le début de la délivrance. « Mais ils crièrent vers l’Eternel dans leur détresse : il les sauva de leurs angoisses. » (Psaume 107).

Très souvent, en période de troubles, nous nous tournons vers tout le monde et n’importe qui pour nous soulager. Nous prions devant D.ieu et non à D.ieu. Nous frappons à toutes les portes et sommes disposés à tenter tout remède, espérant trouver une cure, mais nous manquons de considérer la seule source de secours, la seule source qui garantit notre survie : D.ieu tout-puissant.

Le manque de confiance en Hachem est l’une des nombreuses faiblesses de notre génération, et remarquez que je dis « manque de confiance », car dans notre génération, une majorité d’entre nous croient en D.ieu, mais manquons d’accorder notre confiance en Lui. Si le médecin déclare une situation sans issue, nous sommes prêts à baisser les bras, oubliant que seul D.ieu contrôle la vie et la mort. Oui, nous formulons du bout des lèvres des prières et requêtes, mais au fond de notre cœur, nous ne croyons pas vraiment que des miracles sont possibles, et si nous ne croyons pas que D.ieu a la faculté de nous aider, alors comment pouvons-nous attendre de Lui qu’il le fasse ? « Le salut intervient en un clin d’œil », déclara mon père à la jeune femme, « n’abandonnez jamais. D.ieu est toujours présent. » Outre la prière, mon père l’incita à intensifier son engagement en Torah, à réaliser plus de Mitsvot et à promettre de faire plus de ‘Hessed. »

L’infirmière fut si submergée par la pure sainteté et l’amour émanant de mon père qu’elle adopta aisément ses recommandations. Grâce à D.ieu, je suis heureuse de vous confier que cette histoire a une fin heureuse. J’aimerais vous suggérer de vous inspirer des conseils de mon père. Dans cette terrible période de stress dans votre vie, vous devez aussi prendre l’engagement de respecter plus de Mitsvot, de faire plus de ‘Hessed et plus de prières. Le moment n’est pas d’abandonner les prières mais au contraire, de les intensifier.

Je pourrais écrire plusieurs articles détaillant les miracles auxquels j’ai assisté au fil des années chez des individus aux problèmes a priori insurmontables, ou des cas où les médecins avaient totalement baissé les bras, et malgré tout, avec l’aide de D.ieu, ils ont guéri.

Il va de soi que nous ne comprenons pas toujours les voies de Hachem. En tant qu’êtres humains, nos perceptions sont nécessairement limitées, mais une chose est certaine : la justice divine est parfaite, Sa sollicitude aimante est constante, et Sa pitié infinie omniprésente, même si nous ne la saisissons pas. Nous savons que tout ce que D.ieu fait est pour le mieux. Tout comme un jeune enfant a du mal à comprendre que maman est méchante lorsqu’elle le conduit chez un homme terrible en blouse blanche qui le pique avec une aiguille, mais tout comme cet enfant comprend instinctivement que ce que fait maman est pour le mieux, nous devons avoir cette même perception et apprécier que tout ce qui est décrété par notre Père céleste est pour le mieux. Sachez en conséquence, ma chère amie, que D.ieu n’abandonne jamais personne, D.ieu se soucie aussi de vous et de votre fille. « Je suis avec vous dans la détresse… » (Psaume 91).

Rien n’est insurmontable pour le Tout-Puissant s’Il le désire. Le principal est de ne pas permettre au pessimisme ou à l’amertume d’obscurcir votre existence, car une fois que cela se produit, vous vous consignez à une vie d’obscurité dont il est très difficile d’émerger. Sachez que seule vous pouvez apporter un rayon de lumière dans la vie de votre fille et renforcez-vous par cette pensée. Ne la laissez pas tomber.

N’envisagez pas même un seul instant que vous avez été choisie dans toute l’humanité pour subir le veuvage et la maladie. La souffrance est un héritage universel. Plus vous apprenez à connaître intimement les gens, plus vous réaliserez que chacun a son propre lot de souffrances. Même si notre situation personnelle est triste, certains vivent la même situation, voire plus douloureuse encore. Mais paradoxalement, en nous immergeant dans leurs problèmes, nous pouvons mieux gérer nos propres épreuves. C’était la méthode de mon père lorsqu’il tenta d’offrir son aide à l’infirmière venue pour l’aider.

J’espère que mes propos vous apporteront un certain réconfort. Au final, plus que les paroles ou les pensées, c’est le Livre de Téhilim qui peut constituer votre plus grande source de force. Ouvrez votre cœur à ses mots empreints de sainteté et ils ouvriront les Portes du Ciel pour vous, les Portes de la Réfoua Chéléma, la guérison rapide, les Portes de la Yéchou'a, du salut, et les Portes de la Né’hama, de la consolation."