En pleine échographie du premier trimestre, le visage du radiologue s'obscurcit.

"Tout va bien?"

"Écoutez Madame, je viens de reprendre à plusieurs reprises les mesures de la clarté nucale de votre bébé et elle est de 3 mm. L'épaisseur de la nuque est le premier indicateur de trisomie. Vous devriez prendre rendez-vous rapidement chez votre médecin pour qu'il vous explique les démarches à suivre."

À peine sortie de son cabinet, j'appelle mon docteur pour lui expliquer la situation, il me dit de venir de suite. Lui, si souriant habituellement, m'accueille avec un visage grave. Il m'explique calmement qu'à partir de 3mm, les risques d'avoir un enfant trisomique sont multipliés par 30, puis m'encourage à effectuer une amniocentèse pour en avoir le cœur net.

Après lui avoir rappelé que les Rabbanim interdisent cet examen car il favorise les fausses couches, il me répond : "Je respecte votre choix, mais si vous ne la faites pas, vous resterez les six prochains moins de votre grossesse à vous demander si votre enfant sera en bonne santé, réfléchissez bien. En attendant, allez faire un test de dépistage pour voir quel est le niveau de risque."
 

L'épreuve de la trisomie

À peine sortie de son cabinet, j'explose en larmes. D'une voix à peine audible, je tente d'expliquer la situation par téléphone à mon mari. Du mieux qu'il peut, il essaie de me réconforter en me disant que tout est entre les mains d'Hachem et que, quelle que soit Sa volonté, nous l'accepterons avec Joie. Ses paroles m'apaisent mais j'ai le cœur brisé. Comment rester six mois dans le doute, six mois à se demander si notre vie va changer à jamais ?

Les jours qui suivent, je suis comme un zombie ; la journée, j'ai du mal à sortir de mon lit et la nuit, je ne trouve pas le sommeil. Je visualise ma vie, courant du psychologue, à l'orthophoniste en passant par le psychomotricien ou les visites à l'hôpital. Existe-t-il des structures qui seront adaptées pour lui dans lesquelles il pourra s'épanouir ? Peut-on être heureux en étant différent ? Comment donner à cet enfant tout l'amour dont il a besoin sans l'étouffer pour autant ? Est-ce que ses frères et sœurs l'accepteront ? Réussira-t-il à se marier ou à travailler ? Toutes ces questions me dévorent.

Un soir, alors que je tourne dans mon lit, je me surprends à parler à D.ieu. "Hachem, aide-moi à y voir plus clair. Si Tu nous envoies cette épreuve ce n'est pas pour nous affliger mais bien pour nous faire grandir. Jusqu'à présent, j'ai vu les choses négativement, mais je ne veux pas sombrer dans le désespoir. Aujourd'hui, je mets ma confiance en Toi. Si tu peux ouvrir la mer en deux, ce n'est rien pour Toi de changer un chromosome pour nous donner un enfant en bonne santé. Pendant les six prochains mois, je m'engage à faire Téchouva, à demander des bénédictions aux Rabbanim, à prier avec plus de concentration, mais surtout à faire plus de Mitsvot Ben Adam La’havéro (envers mon prochain).

Si malgré toutes mes prières, Tu décides que cet enfant soit handicapé, je l'accepterai avec joie, car Tout ce qui vient de Toi est pour le bien et seul Toi sais ce qui est bon pour nous. Quoi qu’il advienne, je ferai tout pour m’occuper de cette merveilleuse Néchama (âme)."

Aux premières lueurs du jour, je réveille mon mari pour lui dire que ses paroles de ‘Hizouk sont enfin rentrées dans mon cœur et que je suis fin prête à avancer avec lui.

Dans les jours qui suivent, nous nous rendons chez plusieurs grands Rabbanim afin de leur demander des bénédictions pour avoir un enfant en bonne santé.
Chacun nous demande d'observer une Mitsva spécifique, mais tous nous promettent que tout ira bien.

Rassurés, nous décidons de respecter scrupuleusement leurs recommandations : lecture quotidienne de Téhilim, manger un vrai repas pour Mélavé Malka, boire une infusion au romarin pendant 40 jours...
 

Deuxième échographie, le 3 Tamouz

La date de la deuxième échographie fixée, mon mari regarde dans le calendrier quelle Hiloula de Tsadikim aura lieu ce jour-là pour allumer une bougie. Il s'avère qu'elle est fixée le 3 Tamouz, anniversaire du décès du Rabbi de Loubavitch.

Même si nous ne sommes pas ‘Habad, nous avons une profonde admiration pour ce mouvement dont les émissaires ramènent des milliers de Juifs vers D.ieu à travers le monde avec une telle Messirout Néfèch (dévouement). Si l'échographie tombe ce jour-là, peut-être devrions-nous demander une Brakha au Rabbi à travers les Iguérot Kodech.

Le Iguérot Kodech est une série de livres qui regroupe toutes les correspondances qu'a entretenues le Rabbi avec ses condisciples tout au long de sa vie, ce qui représente dix milles lettres environ.

En pratique, cela consiste à écrire au Rabbi sa question dans une lettre, à la glisser dans un des volumes, puis à ouvrir la page et à lire la lettre correspondante, qui est censée répondre à nos interrogations.

Dès le lendemain de notre découverte, je contacte une jeune fille du mouvement Loubavitch pour lui emprunter un livre. Cette dernière me conseille avant de rédiger la lettre de me concentrer, de lire quelques Téhilim, et de donner de l'argent à la Tsédaka.

Le soir venu, une fois les enfants couchés et mon mari parti prier, j'observe scrupuleusement ses recommandations, puis commence à écrire une lettre au Rabbi dans laquelle j'explique la situation et lui demande sa bénédiction pour avoir un enfant en bonne santé. Je plie la lettre, la glisse au hasard dans le livre, puis l'ouvre pour lire sa réponse.

Déçue par la lecture des premières lignes, le Rabbi parle de sujets bien éloignés de mes préoccupations. Puis, il écrit au sujet d'un journal : "J'ai bien reçu vos coupures de journaux. Vous parviendrez sûrement à publier des articles plus souvent ou, mieux encore, à avoir une rubrique régulière". À ce moment-là, je ne voyais pas le lien vu que je n'écrivais pas. Ce n'est que deux ans plus tard, quand j'ai obtenu une rubrique régulière sur Torah-Box, que j'ai compris qu'il s'agissait d'une prophétie...

Pour terminer, il conclut la lettre de la façon suivante :

"Je vous adresse mes bénédictions de réussite en tous les domaines auxquels vous vous consacrez, avec votre épouse, d'une manière sans cesse accrue. À n'en pas douter, ceci renforcera également vos préoccupations personnelles et vous permettra que soit exaucé le vœu de votre cœur, celui d'avoir un enfant en bonne santé. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles." M. Schneerson.
 

L'intervention du Tsadik

À la lecture des dernières lignes, je ne pus retenir mon émotion. À travers le Rabbi de Loubavitch, Hachem venait de me donner une réponse limpide.

Mon mari eut à peine le temps de franchir la porte que, tremblante, je lui tendis la lettre. À son tour, il la lut et n'en crut pas ses yeux.

Il commença à lire toutes les lettres du livre pour voir si d'autres étaient semblables à celle-là, mais dans ce tome, c’était la seule...

À partir de ce jour, mes dernières peurs disparurent. Les médecins avaient beau m'annoncer des risques de malformations cardiaques, m'envoyer faire des radios dans différents services spécialisés, ou me classer en "grossesse à risque", j'étais sereine.

Les mois passèrent et le jour de l'accouchement arriva. Comme promis, le vœu de notre cœur fut exaucé, nous avons eu un garçon en parfaite santé.

En souvenir de la promesse du Rabbi de Loubavitch, mais aussi parce qu'Hachem nous a consolés, comme une évidence, nous l'avons appelé Mena'hem (le consolateur).

Soyons-en pleinement convaincus : les médecins ne seront jamais que des envoyés du Ciel, à la différence de nos Tsadikim qui peuvent modifier les décrets divins et réaliser de véritables miracles.

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