Le traditionnel ‘Héder (« salle », sous-entendu d’étude) est l’équivalent ashkénaze du Talmud Torah. Au-delà des différences entre les deux communautés, ces deux termes désignent les écoles enseignant principalement des matières de Kodèch (matières saintes) et accueillant les jeunes garçons jusqu’à l’âge de la Bar-Mitsva. Une fois leur majorité religieuse atteinte, les garçons intègrent une Yéchiva Kétana.

Au ‘Héder, la journée commence de bonne heure, puisque les élèves sont généralement tenus d’y prier l’office du matin qui débute à 7h. Après une légère pause pour prendre le petit-déjeuner, les élèves entament leur journée d’étude qui dure jusque dans l’après-midi.

La capacité de concentration des enfants, à son apogée en matinée, est mise à profit pour l’étude des matières saintes. ‘Houmach (Torah écrite), Michna (Torah orale), Talmud, mais aussi lois juives et surtout Moussar (éthique juive) sont autant de matières qui remplissent l’emploi du temps des jeunes écoliers.

La lecture et l’écriture, sans lesquelles cet apprentissage serait impossible, sont enseignées de manière précoce puisque les garçons scolarisés au ‘Héder les maîtrisent dès l’âge de 5 ans. L’après-midi, certaines matières profanes sont enseignées (grammaire, expression écrite, mathématiques, anglais) afin d’offrir aux enfants un bagage qui leur permettra plus tard de mener d’éventuelles études en vue d’acquérir un métier, s’ils le souhaitent.

Mais au-delà du volet scolaire, ce qui donne véritablement vie au ‘Héder, ce sont les qualités humaines véhiculées par les enseignants et qui constituent la pierre angulaire de toute la Torah. Ici, la violence, l’insolence, la brutalité et la compétition sont bannies pour laisser place à la droiture, l’altruisme, le partage et le respect. Dès leur plus jeune âge, les petits garçons sont habitués aux valeurs d’amour et d’empathie prônées par la Torah. La vision de ces enfants au regard pur jouant avec respect et partageant leurs bonbons avec leurs camardes suffit à saisir l’ambiance particulière qui règne en ce lieu.

Si les établissements manquent souvent de ressources matérielles, la qualité humaine qui y règne parvient dans une large mesure à compenser ces lacunes. Les familles choisissant de placer leurs enfants au ‘Héder accomplissent ainsi un véritable choix de vie basé sur l’abnégation et un réel souci de ‘Hinoukh (éducation). En délaissant des structures mieux nanties au niveau matériel, elles font le choix d’opter en faveur d’écoles aptes à préparer leurs enfants à relever le véritable défi de l’existence : être un juif, au plein sens du terme !