Perdre son emploi est une épreuve toujours difficile. Mais si l’on parvient à surfer sur la vague au lieu de se laisser submerger, alors cette mauvaise passe peut devenir un tremplin pour une vie meilleure ! Les conseils de Rabbi Cary Friedman.

La carrière professionnelle d’une personne joue un rôle prépondérant dans sa vie. A la fois source de revenus et lieu de sociabilité, notre emploi nous procure un environnement stable, une sécurité financière, mais aussi de la satisfaction et de l’épanouissement.

Hélas, force est de constater que certain(e)s voient en leur emploi une source inépuisable de faire-valoir social. Pour ceux-là, lorsque l’emploi vient à disparaitre, c’est toute leur estime de soi qui s’en trouve ébranlée, voire même s’effondre totalement.

Ainsi, si votre carrière professionnelle vous octroie de la satisfaction et, accessoirement, une source de revenus non négligeable, il convient de ne pas tomber dans le travers qui consiste à baser son estime de soi sur elle seule, au risque de connaitre bien des déboires en cas de revers…

Evidemment, en tant que Juifs, nous avons un atout et pas des moindres : la Torah nous trace la voie vers le bonheur véritable, elle nous épanouit autant qu’elle nous fixe des objectifs véritables dans lesquels investir notre énergie. Autant d’avantages qui nous permettront d’affronter avec sérénité et de manière optimale un licenciement, s’il venait à se produire…

D’où vient l’argent ?

Même une personne qui a des objectifs clairs dans sa vie se sentira ébranlée à la suite d’une perte d’emploi. A la difficulté psychologique peuvent venir se greffer les soucis financiers inhérents à la perte de la source de revenus (même s’il ne s’agit pas de la principale).

Pourtant, si l’on sait porter les bonnes « lunettes », un licenciement peut également s’avérer être une occasion de nous recentrer et de redéfinir nos priorités dans la vie. Il peut être le tremplin d’un lien plus fort avec Hachem et d’une prise de conscience accrue quant à Sa Providence.

En tant que Juifs, nous savons que la véritable source de notre subsistance est Hachem. Nous le savons et pourtant, nous ne pouvons nous empêcher de penser que, quelque part, ce sont nos efforts qui nous permettent de survivre. Ce qui est somme toute compréhensible, vu que nous consacrons une bonne partie de notre temps, de nos efforts et de notre énergie à gagner notre vie. Nous avons beau assister à des cours, lire des livres et nous convaincre que c’est D.ieu qui nous envoie notre Parnassa, au fond de nous, nous restons convaincus que c’est nos efforts qui sont payants (c’est le cas de le dire…).

Peut-être qu’à travers la perte d’emploi, Hachem tente de clarifier les idées de la personne dans ce domaine… ?

Voici à mon sens, la marche à suivre pour tirer le meilleur de cette situation à première vue très désagréable.

1. Levez les yeux vers le Ciel

C’est le moment idéal pour intégrer au plus profond de nous l’idée que c’est D.ieu qui pourvoit à nos besoins. Répétez-le vous, entreprenez les efforts nécessaires pour vous relever (puisque c’est ce que D.ieu attend de chacun de nous), priez et vous aurez tout le loisir de contempler la manière miraculeuse dont D.ieu vous apportera Son secours. Croyez-le, Il possède des solutions créatives auxquelles vous et moi n’aurions jamais songé…

2. Prenez les choses à leurs justes proportions

Ma grand-mère, une survivante de la Shoah, disait toujours : « Plaie d’argent n’est pas mortelle, au contraire, elle prouve qu’il y a de la vie ! ». Il faut bien comprendre que nous sommes des êtres faillibles, avec nos travers et nos défauts. Parfois, pour nous hisser vers le haut, D.ieu nous envoie des épreuves sous toutes sortes de formes : problèmes de Parnassa, soucis de santé, problème de couple, communication difficile avec les enfants, conflits familiaux etc. Chacun son petit paquet. Or, dans Sa grande bonté, il arrive bien souvent que D.ieu décide de « convertir » les difficultés que nous méritons en une forme altérée – comprenez en soucis financiers. Même si ceux-ci ne sont pas agréables et que personne ne les appelle de son vœu, avouez tout de même qu’il s’agit de problèmes plus faciles à supporter que des problèmes de Chalom Bayit ou autre !

Imaginez que l’on propose à une personne malade de lui redonner la santé, à condition qu’elle accepte d’endurer quelques problèmes d’argent. Ne sauterait-elle pas avec joie sur cette opportunité inespérée ?

3. Profitez-en pour vous remettre en question

Profitons de cette période pour nous poser certaines questions sur lesquelles nous ne nous étions peut-être jamais interrogés auparavant : notre mode de vie est-il conforme aux attentes de la Torah ? Tout ce que nous achetons est-il réellement indispensable ? A travers notre propre rapport à l’argent, quelle leçon enseignons-nous à nos enfants quant aux priorités de la vie ? Donnons-nous notre Ma’asser comme il se doit et suffisamment à la Tsédaka ? Nos activités professionnelles sont-elles parfaitement honnêtes et en conformité avec la Halakha et son esprit ?

La société de consommation dans laquelle nous évoluons nous pousse à acquérir toujours plus de biens matériels ; mais ne nous leurrons pas : si la Torah n’encourage pas la pauvreté, elle préconise en revanche un mode de vie simple, sain, sans ostentation ni acquisitions matérielles superflues. Bien consciente que la satiété n’est jamais atteinte dans ce domaine, elle nous encourage, pour notre bien, à nous contenter du nécessaire afin que nous ayons l’esprit disponible pour nous consacrer à l’essentiel. Au final, l’homme n’emporte avec lui que ses bonnes actions et non les empires financiers qu’il a pu bâtir tout au long de sa vie…

De même, ce n’est pas parce que quelqu’un donne son Ma’asser scrupuleusement qu’il peut dépenser à sa guise le reste de son argent. Là encore, la Torah a son mot à dire et il convient d’étudier les lois relatives au domaine financier afin de savoir comment employer nos ressources de manière conforme à la volonté divine.

4. Une fois sur les rails, n’oubliez pas les autres !

Lorsque, si D.ieu veut, vous aurez retrouvé un emploi stable et que cette « mauvaise passe » sera derrière vous, ne faites pas comme si rien ne s’était passé et que vous n’aviez tiré aucune leçon de cette épreuve. Toutes les conclusions auxquelles vous serez arrivés doivent continuer de vous accompagner au quotidien ; la plus importante d’entre elles, c’est peut-être de savoir qu’il existe d’innombrables personnes dans le besoin et qui espèrent obtenir de l’aide, même si elles n’osent pas toujours la demander. Même si vous êtes désormais occupés (grâce à D.ieu), restez attentifs à ce qu’il se passe autour de vous. Détectez les manques d’autrui et apportez votre aide là où vous le pouvez.

Enfin, souvenez-vous que le but d’une épreuve est de nous rendre plus forts. De booster nos réserves de foi, de résilience, de patience, de compassion et d’endurance. C’est forts de toutes ces ressources et bien plus encore que vous reprendrez le cours de votre existence, une existence saine, pleine de sens et de confiance en Hachem !

Rabbi Cary Friedman – Adapté par Elyssia Boukobza.