Question d'une internaute : J’ai un problème qui m’affecte beaucoup, ainsi que mes enfants. Mon mari travaille énormément : il quitte la maison tous les jours à 8h et revient environ vers 21h. Le week-end, il retourne de temps en temps au bureau le dimanche après-midi pour finir des dossiers. Lorsque je lui fais part de ma solitude et du ressenti négatif des enfants, qui ne voient pas leur père le soir, il se vexe. « Je me bats pour notre famille, pour que vous ayez du confort matériel, et tu me fais des reproches ? » Telle est sa réaction. Je me sens coupable… et toujours aussi seule ! Que faire ?

Réponse de Mme Nathalie Seyman :

C’est un problème qui touche beaucoup de femmes, d’autant plus à notre époque où nous voulons toujours plus, toujours mieux. Nous sommes devenus d’éternels insatisfaits qui ne voient pas que la plupart du temps, l’essentiel se trouve à portée de main. Jusqu’à quel point la recherche de la Parnassa peut-elle dominer au sein de la famille ? Quand arrive-t-on à la conclusion qu’elle empiète sur notre vie et celle de nos enfants ? Que dit la Torah à ce sujet ? Comment en parler avec son mari et prendre les mesures qui s’imposent ? Développons le sujet.

La recherche de la Parnassa

Le travail n’est pas qu’une nécessité mais elle est aussi chez l’homme une valeur morale. Un homme travailleur et ambitieux est considéré et à juste titre comme une personne de qualité et dont la femme et/ou la mère peut être fière. Il renvoie l’image d’une personne solide sur les épaules de qui sa femme et ses enfants peuvent s’appuyer. Et le fruit de son travail lui permet d’offrir une vie confortable à sa famille.  Hachem n’a-t-il pas dit : « Tu te nourriras à la sueur de ton front » ? Il faut savoir qu’il ne s’agissait pas d’une punition ou d’une malédiction. Hachem a donné une chance à l’homme de parfaire le monde qu’Il a créé, par ses actions. On remarque pourtant ici que c’est le verbe nourrir qui a été utilisé et non travailler. En effet, la finalité du travail qu’a ordonné Hachem à l’homme n’est finalement que d'avoir le minimum matériel pour être heureux. Le mot Travail en hébreu se traduit par 'Avoda qui a un sens tout à fait positif. Mais ce mot a aussi une autre signification : esclavage. Et c’est à ce moment qu’il prend une dimension négative et qu’il en devient une punition.

Quand cela devient un problème

Le travail doit rester un moyen et non un but. Le but du travail est la qualité de la vie de famille. Quand il n’y a plus de vie de famille, à quoi sert le moyen ? Quand le travail dessert le Chalom Bayit, l’éducation des enfants, le fait de vivre à proprement parler, c’est qu’il est devenu un problème. Votre mari doit en prendre conscience et ce n’est pas parce qu’il se donne des raisons que cela veut dire qu’il a raison. Oui, son travail est important et il doit vous assurer un bonheur matériel, mais vous et vos enfants êtes bien plus importants ! Rien ne doit passer avant. Hachem Lui-Même s’efface pour préserver le Chalom Bayit. C’est dire son importance !

Les solutions

- Le Chabbath nous donne la chance d’arrêter chaque semaine la spirale infernale de la vie quotidienne pour se recentrer sur les choses importantes que sont la prière et le cocon familial. Il permet de se ressourcer auprès de sa famille sans les éléments toxiques que sont les écrans ou le téléphone.

- On ne pose pas d’ultimatum mais on fait des compromis : tu finis tard deux soirs par semaine uniquement, ou bien tu finis tard mais tu gardes un après-midi pour aller chercher les enfants… Il faut que chacun avance d’un pas, tout ne peut pas se faire du jour au lendemain.

- Ne vous culpabilisez pas ! C’est la femme qui donne l’impulsion à l’homme de se parfaire ! Continuez à communiquer votre ressenti face à son absence mais sans reproches et en soulignant positivement chaque effort qu’il fera dans votre sens.

- Octroyez-vous une soirée par semaine ou toutes les deux semaines ensemble afin de vous retrouver et prendre ensemble des résolutions pour avancer.

- Organisez avec lui une petite heure par semaine au minimum seul avec ses enfants, sans vous, afin de lui permettre de se reconnecter avec eux, de recréer une complicité, des liens, une affection qu’ils avaient peut-être perdus.

Conseil à votre mari

Ne gaspillez pas votre temps à détruire ce que vous construisez ! La chose la plus précieuse que vous avez n’est pas votre emploi qui pourrait être le meilleur du monde mais aurait tout de même la possibilité d’être remplacé. Non, la chose la plus précieuse que vous ayez, c’est votre famille. Votre but est de rendre votre femme heureuse et de faire de vos enfants des individus pleins de valeurs et armés pour affronter leur vie. C’est de vous qu’ils ont besoin et pas plus tard que tout de suite ! Et gardez en tête que quoi qu’il arrive, on ne veut pas qu'on se souvienne de nous du fait qu’on a été un bon employé ou un bon patron, qu’on a gagné beaucoup d’argent, qu’on avait une belle maison, mais plutôt qu’on a été un bon père et un bon mari.

Béhatsla’ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.