Question d'une internaute : J'ai divorcé il y a quelques mois de mon mari. Après des années de souffrance face à cette incompatibilité, nous avons pris la douloureuse décision de nous séparer. Me voilà me sentant un peu seule au monde. Toutes mes amies Baroukh Hachem sont mariées et donc pas trop disponibles pour moi. Je me retrouve, une semaine sur deux, seule, sans mes enfants qui me manquent, puis la semaine suivante, mère célibataire avec 3 enfants à charge. En même temps, je ne me sens pas encore prête à rencontrer quelqu'un après ce traumatisme... Bref, je ne sais pas par où commencer pour me reconstruire... Merci de votre aide !

Réponse de Mme Nathalie Seyman

Nous nous marions pour le meilleur et pour le pire, mais il y a des « pires » que nous ne pouvons pas accepter. Le judaïsme considère le mariage comme une immense source de bonheur et d’épanouissement. Mais lorsqu’il est synonyme de souffrance, même après avoir usé de toutes les solutions pour le redresser, alors il n’a plus lieu d’être. Pourtant, s’il s’impose parfois, le divorce reste une grande douleur pour la famille qui éclate. Comment la surmonter ? Comment réussir à percevoir dans ce nouveau quotidien une nouvelle chance pour un nouveau départ ?

Il est impossible de sortir d’un divorce sans souffrir. Vous vous sentez perdue dans un nouveau schéma familial qui ne vous convient pas et auquel vous n’aspiriez pas. Vous vous sentez blessée, désorientée, trahie par vos rêves d’amour éternel. Pour vous reconstruire, vous allez devoir passer par certaines étapes nécessaires et plus ou moins douloureuses, mais qui vous amèneront, même si vous n’arrivez pas à l’imaginer aujourd’hui, mais c’est promis, à une très jolie lumière au bout de ce tunnel.

L’étape du chagrin

Un divorce, c’est la fin de l’amour que vous aviez construit, par conséquent, il vous faut passer par le processus de deuil. C’est primordial. Cette étape sera la plus douloureuse à traverser, mais elle est ô combien nécessaire. Laissez-vous le temps d’éprouver du chagrin. De nos jours, il est presque interdit de laisser entrevoir nos failles, or c’est une erreur monumentale qui nous empêche d’avancer. Il faut souvent passer par du négatif pour arriver au positif. Autorisez-vous à être triste, en colère, déboussolée, à vous plaindre d’être à nouveau seule. Ne pensez pas qu’il vous faut cacher votre état à vos enfants pour les protéger. Ils ont besoin au contraire de comprendre ce que vous ressentez, cela fait partie de leur apprentissage de la vie. Ils ont besoin de savoir que vous avez de la peine au sujet de la fin de votre vie commune avec leur père, et sentir que cette décision n’était pas banale. Être forte, ce n’est pas faire semblant de ne rien ressentir. Non, être forte c’est être dans le creux de la vague et réussir à sortir la tête de l’eau, autrement dit, savoir tomber, mais pour mieux se relever.

Conseils : Restez un peu seule de temps en temps afin de pouvoir librement évacuer votre chagrin. Le plus court chemin vers la reconstruction s’atteint en traversant une période de solitude, cela permet d’acquérir rapidement plus de solidité et plus d'autonomie. Mais sachez bien vous entourer lorsqu’il devient trop pénible. Entourez-vous de personnes en qui vous avez entièrement confiance. Profitez-en pour faire le ménage dans vos relations et ne gardez que les gens sincères et positifs. Durant cette période, mettez de la distance avec votre ex-mari. Peut-être plus tard vous établirez une relation saine, mais il est encore trop tôt pour cette étape.

L’étape de l’acceptation

Une fois le temps du chagrin dépassé, vous aborderez une nouvelle étape qui est celle de l’acceptation de soi, de ce qu’il s’est passé, de la situation actuelle. Accepter, c’est ne plus offrir de résistance à ce qui est, c’est sortir de la tempête émotionnelle de la première étape, apaiser votre tristesse, votre colère, sentir petit à petit que vous n’avez plus ni regrets, ni remords. C’est aussi la phase qui vous permet de commencer à affronter la solitude, le nouveau quotidien, mais aussi le regard ou les jugements des autres.

Conseils : Profitez du temps où les enfants sont chez leur père pour prendre soin de vous, vous faire d’autres amies qui sont dans la même situation. Et dans le même temps, organisez au mieux la semaine que vous passez avec vos enfants pour en gagner en qualité : activités, jeux, sorties… Vous allez partager beaucoup plus de choses avec vos enfants, vous devez leur montrer que vous avez besoin de leur participation à présent que vous êtes seule et que vous allez former ensemble une équipe qui gagne ! Il s’agit de l’étape où il vous faut vous relever et faire face !

L’étape de l’analyse

Par la suite, vous passerez par une étape essentielle qui est celle de la remise en question de vous-même, des autres, de ce par quoi vous êtes passée, de ce que vous avez envie, et de ce que vous ne voulez plus. Vous réfléchirez au pourquoi de tout ça et aux erreurs que vous ne devrez plus reproduire. Puis, après cela, vous recommencerez à parler de votre avenir, même s’il sera encore flou et que vous ne saurez pas encore quelle direction prendre.

Conseils : Allez à des cours de Torah, parlez avec un Rav, lisez des Téhilim qui vous soulageront. Vous êtes dans une phase entre-deux et vous avez besoin de vous attacher à tout ce qui est positif et solide autour de vous.

L’étape de la reconstruction

Un matin, après avoir traversé toutes ces étapes, vous sentirez que, enfin, vous êtes prête à reconstruire de nouveau. Vous serez redevenue une femme complète, avec certes quelques cicatrices, mais elles feront partie de vous et vous aideront le jour où vous vous sentirez capable de rebâtir un nouvel amour qui vous correspondra mieux.

Conseils : Sans pour autant vous précipiter, ouvrez-vous aux autres par le biais de présentations, de Chiddoukhim. Mais aussi à d’autres horizons. Autorisez-vous à faire ce que vous avez toujours eu envie de faire sans jamais l’oser, telle qu’une reconversion professionnelle, la pratique d’un art, du sport…

Gardez à l’esprit que tout est pour le bien et que si Hachem vous envoie cette épreuve c’est pour vous amener vers un chemin que vous ne soupçonnez pas aujourd’hui, mais qui trouvera toute sa signification dans quelques temps. Toutes ces étapes prendront du temps, mais, quoi qu’il en soit, gardez la Émouna (foi en D.ieu), Hachem n’oublie jamais personne, le bonheur est au bout de votre chemin.

Béatsla'ha !

Si vous avez une question à poser à la psy, envoyez un mail sur l'adresse suivante [email protected]. Mme Seyman essaiera d’y répondre et la réponse sera diffusée de façon totalement anonyme.