Tout a commencé après la semaine des Chéva’ Brakhot. Non point que mon mari soit un homme sans cœur, loin de là… Le vrai problème ? Nous n’avions reçu aucune formation avant de nous marier !

Un réveil difficile…

Une fois les néons éteints, les invités rentrés et les cadeaux déballés, ça a commencé. Quand je dis « ça », je veux dire les remarques lancées par ci, par là. Il ne s’agissait pas de remarques blessantes, ni même portant sur des sujets fondamentaux, mais elles étaient toujours là pour me gâcher le moral, comme une toile de fond grisâtre qui vous ternit un ciel bleu.

Au début, il me faisait des remarques sur ma cuisine, sur ma façon de tenir la maison. Puis, il s’est mis à critiquer la façon dont je m’habillais, pas assez pudique à son goût, mon maquillage, le fait que je rendais trop visite à mes parents (à son avis), mes copines envahissantes, mon organisation du vendredi, ma manière de dépenser l’argent, mon côté désordonné, ma manière de conduire, de rire, de manger, de dormir, de respirer… Et surtout, nous ne parlions de rien d’autre – ou presque – que de nos défauts respectifs. En retour, je pleurais sans cesse, en silence. Sur ce mariage auquel j’avais tant rêvé et que je voyais se disloquer sous mes yeux, sur notre relation idyllique transformée en ring de boxe…

Bref, en un an, nos rapports s’étant tant dégradés que la situation était devenue tout bonnement invivable. Nous avions tous deux compris qu’afin de sauver ce qu’il restait de notre mariage, il nous fallait opérer d’urgence un changement. Oui, mais lequel ? Telle était la question.

Une situation inextricable ?

En parallèle, nous commencions à réaliser que cela faisait un an que nous étions mariés et qu’une bonne nouvelle tardait à se faire entendre… Combien de prières, de Brakhot, de Ségoulot n’avons-nous pas essayées ? Combien de Rabbanim et de Tsaddikim n’avons-nous pas été consulter ?

De leurs côtés, les disputes et les cris allaient bon train. Lorsque la situation devint trop insupportable, je fis l’erreur de ma vie – en parler à mes parents. Sans entrer dans les détails, je dirai simplement que mes parents sont des gens fins, intelligents et bons, mais comme tous les parents, ils sont… des parents ! Après quelques tentatives infructueuses de leur part de restaurer la paix entre nous, ils nous dirigèrent vers un conseiller conjugal qui nous aida dans une certaine mesure. Mais rapidement, nos rapports s’envenimèrent à nouveau.

De mon côté, je continuais à pleurer. Surtout devant les bougies de Chabbath. C’était mon moment privilégié pour prier Hachem de sauver mon mariage, d’ouvrir le cœur de mon mari et le mien afin que nous apprenions à vivre ensemble et, si possible, en bon voisinage…

30 minutes chrono

Puis un jour, c’est arrivé ! Mon mari, après avoir visionné des cours de Torah traitant de Chalom Bayit, m’a proposé de consacrer chaque jour une demi-heure – 30 minutes en tout et pour tout – pour discuter ensemble. Oui, lui, pour qui tenir une conversation anodine semblait être un véritable exploit olympique, me proposait de son plein gré de discuter de tout et de rien !

Pour tout vous dire, au départ j’étais plutôt méfiante… « C’est quoi, encore ? Une résolution qu’il tiendra au maximum trois jours ? Une autre Ségoula qui s’avérera inefficace comme toutes celles qui l’ont précédée ? » Mais malgré mes réticences, et armée de Emouna (foi) en Hachem, j’ai décidé de me prêter au jeu. Peut-être mon salut résidait-il ici ? D’autant plus que, comme je l’ai dit précédemment, D.ieu avait, dans Sa grande sagesse, fait en sorte que nous n’ayons pas encore d’enfants, de manière à ce que nous soyons entièrement disponibles l’un pour l’autre.

Et petit à petit, comme un puzzle dont l’image se complète au fur et à mesure que l’on assemble les pièces, j’ai vu le changement tant espéré s’opérer sous mes yeux. D’un couple qui n’échangeait des mots que pour se blesser l’un l’autre, nous sommes devenus un couple capable de converser ensemble sur des sujets passionnants pendant deux heures d’affilée, voire davantage ! Nous avons lentement appris à nous connaitre davantage, à découvrir nos opinions, nos valeurs, nos rêves respectifs. Cela peut sembler un peu excessif, mais je ne crains pas de le dire : notre vie de couple a changé du tout au tout.

Alors oui, il existe toujours des moments d’incompréhension et de doutes, de chutes et d’incertitude. Mais premièrement, ils ont drastiquement diminué en nombre, et surtout, nous avons appris à gérer nos différends en discutant et non plus en vociférant l’un sur l’autre dans le seul but de prouver que chacun a raison !

Avec le recul, je réalise que 30 petites minutes quotidiennes d’investissement pour notre couple (2% de notre journée !) ont eu un impact positif inouï. Si vous aussi souffrez d’un manque critique de communication, appliquez ce conseil, et je suis persuadée qu’avec l’aide d’Hachem et beaucoup de Téfilot, vous verrez la mer s’ouvrir devant vous…