De nos jours, la notion d’amour est faussée. La société nous vend l’idylle amoureuse, la romance utopique, elle nous fait croire au coup de foudre qui va durer toute une vie, et on aime se laisser porter par ce conte de fées. Mais justement, ces histoires n’existent que dans les contes. Il existe une différence fondamentale entre le « tomber amoureux » et le « rester amoureux ».

Tomber amoureux ne demande aucun effort. Il s’agit d’un élan émotionnel qui nous transporte et nous fait croire à une vie rêvée et idéalisée. Les papillons dans le ventre, les étoiles dans les yeux, sont autant d’éléments extérieurs trompeurs qui faussent notre jugement et notre bon sens. C’est l’engouement irrationnel qui accompagne toute NOUVELLE situation. Rester amoureux, par contre, demande un travail constant, des sacrifices, être à l’écoute de l’autre, changer ses priorités… Pour pouvoir rester amoureux de son conjoint durant toute une vie, il faut savoir RENOUVELER L’ANCIEN. Les mots « nouveau » et « renouvellement » viennent de la même racine, et sont pourtant fondamentalement opposés dans leur signification. Vouloir toujours une nouvelle situation, un nouvel emploi, une nouvelle maison, et même, malheureusement, un nouveau conjoint, sont des concepts cultivés par la société. Ce sont des concepts néfastes, car la personne ne cherchera jamais à s’améliorer ou à s’adapter. La nouveauté semble être la solution à tous nos problèmes. Elle a un côté parfait qui fait rêver. Pourtant, après avoir acquis ladite nouveauté, la personne sera encore et toujours en quête de quelque chose de mieux, sa soif ne s’épanchera jamais. Au lieu de ça, une personne devrait, au prix d’efforts et de sacrifices, s’atteler à renouveler l’ancien, afin de solidifier l’attachement déjà existant et de retrouver l’amour déjà ressenti.

À deux reprises, la Torah nous ordonne « d’aimer ». Une fois Hachem et une fois notre prochain. Pourtant, l’amour et le commandement seraient a priori antinomiques. D’ailleurs, ne dit-on pas de l’amour qu’il ne se commande pas ? Et bien, justement, dans la religion, nous voyons que même l’amour, que nous croyions jusqu’alors spontané et passionnel, se contrôle et doit suivre un protocole afin d’être éprouvé de façon pure et constructive.

On peut facilement comprendre pourquoi, d’un point de vue psychologique, l’amour durable dans le mariage semble impossible. Le couple doit instantanément répondre à un nombre d’obligations et de devoirs, surtout lorsqu’il y a des enfants qui se greffent rapidement. Qui des deux fera les courses ? Qui ira récupérer le petit au gan ? Qui cuisinera le repas du soir ? Qui étendra la lessive ? Et c’est ainsi que, petit à petit, l’un des deux conjoints, ou même les deux, se sent exploité, dépassé et en veut à l’autre qui n’a pas su le protéger de cet état. Avec ce rythme effréné et ces rancœurs que le couple cultive, on n’a pas de mal à imaginer que la magie du début va rapidement s’évaporer en ne laissant comme souvenir que regrets et remords.

C’est ici que la Torah, dotée de son immense intelligence, intervient afin de changer la notion d’amour. Avant le mariage, le fiancé et la fiancée sont deux entités séparées, chacun voit cette nouvelle relation comme intéressante pour lui-même. Chacun voit son propre intérêt. Au moment où ces deux individus passent sous la ‘Houppa, ils sont complètement unis, ils ne forment qu’un. Ainsi, il ne s’agit plus de deux comptes de temps, d’énergie et de besoins séparés, il s’agit d’un compte commun : le compte du couple. Comment le renforcer ? Comment l’améliorer ? Et ainsi, mari et femme œuvrent pour une même cause. Il ne s’agit plus de dire « encore moi ? », mais plutôt « si j’en ai le temps et la force, je donne sans compter, car je vois mon bac de "couple heureux épanoui et construit" se remplir ». Ils ne sont plus en train de regarder leur besoin personnel, ils évaluent leur besoin collectif, et si, pour cela, il faut que le mari soit toujours celui qui fasse les courses en rentrant du travail et que la femme soit toujours celle qui se lève la nuit pour nourrir le bébé, qu’il en soit ainsi. L’essentiel est de voir son couple grandir et se fortifier.

Que nous puissions, tous, fonder des foyers solides et éternels au sein du peuple juif. Dans un mariage sain, le conjoint qui nous a accompagnés sous la ‘Houppa est notre conjoint pour l’éternité, il n’existe pas d’option de changer pour un nouveau conjoint. Par contre, le lien doit constamment être renforcé et la flamme ravivée, afin de renouveler l’amour qui nous a unis, il n’y a pas si longtemps.