Le couple représente un des sujets de débat les plus exploités, toutes religions, toutes époques, toutes idéologies, et toutes générations confondues.

Comment peut-on humainement demander à deux personnes diamétralement opposées, de vivre ensemble, de s’aimer et de se respecter ?

Il ne manque pas d’images auxquelles sont comparés l’homme et la femme ; il y a eu l’eau et le feu, Vénus et Mars, mais celle qui me plaît particulièrement et sur laquelle nous allons nous pencher aujourd’hui est l’image de la Kabbala, à savoir le cercle et la ligne.

Nous n’avons pas besoin de faire de longues études ou de mettre en place de grandes expériences pour nous rendre compte que l’homme et la femme sont foncièrement différents. Rien ne pourrait porter à croire que leur union serait harmonieuse, et d’ailleurs, si un couple ne se travaille pas en permanence avant et pendant le mariage, leur union est vouée à l’échec et peut vite devenir un cauchemar pour lui comme pour elle.

Si nous comprenons exactement en quoi l’homme et la femme sont différents, nous saurons alors quoi faire et quoi dire, ou plutôt quoi ne pas faire et quoi ne pas dire, pour avoir la chance de vivre une vie conjugale heureuse. Alors essayons de comprendre ensemble quelle est cette parabole du cercle et de la ligne.

Avant toute chose, il faut comprendre que nous allons parler là de deux façons de penser et agir, féminine et masculine. Mais en aucun cas, les femmes n’ont l’exclusivité sur la méthode féminine et vice versa… Chaque homme et chaque femme possède ces deux courants d’action et de pensée en eux, à des dosages et prédominances différents bien évidemment.

Le cercle représente la façon féminine d’être et de penser, tandis que la ligne représente, elle, le comportement typique masculin.

À Tou Béav, la fête de l’amour du calendrier juif, le symbole cercle/ligne prenait toute son ampleur, lorsque les jeunes filles dansaient en rondes dans les champs, tandis que les jeunes hommes venaient à leur rencontre en empruntant une trajectoire définie et sans détours. Leur but était de trouver une épouse, ils ne passeraient donc pas par quatre chemins.

Si on y réfléchit, la ligne est le moyen le plus direct d’aller d’un point A à un point B, c’est généralement la façon de faire d’un homme, pourquoi tergiverser et étudier toutes les options du monde, si celle-ci convient ? Par contre, un cercle permet également d’aller d’un point A à un point B, mais en prenant beaucoup plus de temps, et surtout en ouvrant son esprit à différentes possibilités dont on aurait ignoré l’existence si on avait emprunté la ligne. C’est la façon d’agir d’une femme. (Magnifique ‘Hessed d’Hachem qui avait compris que la femme, à qui incomberait le fait de s’occuper des enfants, aurait grandement besoin d’une vue à 360 degrés, pour qu’aucune humeur ou malaise ne passe au travers du filet.)

Un couple équilibré usera de ces méthodes d’agissement, chacune au moment approprié. Quelquefois, il faut savoir être rapide et efficace, tandis que d’autres fois, il faut prendre le temps de tout bien évaluer.

Lorsque le mari et la femme arrivent à relever le défi de savoir quand agir en cercle et quand agir en ligne, leur foyer se solidifie et s’harmonise. Les bonnes décisions sont prises au bon moment. Chacun fait confiance à l’autre, chacun laisse sa place à l’autre. Et en laissant son conjoint agir et décider, on découvre une façon différente de faire, une façon que nous ne pratiquons pas, en tant qu’homme ou en tant que femme, une façon qui nous aurait été inconnue toute notre vie si on n’avait pas toléré et ouvert notre esprit à la différence.

Ce qu’il y a de magnifique dans le concept de cercle et ligne, c’est qu’il rythme les cérémonies de mariage juif. Le futur marié se tient sous la ‘Houppa, immobile. Il est la ligne. Lorsque sa future femme le rejoint, elle tourne autour de lui sept fois. Cette coutume, de plus en plus adoptée par tous les jeunes époux, symbolise la protection du foyer. Elle est le cercle.

Puis, elle s’immobilise à ses côtés durant la cérémonie. Elle montre ainsi sa force d’annuler sa propre nature lorsque le moment exige de sa part d’agir ainsi. Ils ne sont plus deux unités distinctes à présent, ils forment un et chacun doit pouvoir garder son identité tout en laissant sa place à l’autre. Ils uniront, à l’aide d’un cercle d’alliance, leurs forces, mais aussi leurs faiblesses. Au moment de la présentation de l’anneau de mariage, les rôles sont inversés. L’homme présente le cercle et la femme l’accepte en raidissant son index, telle une ligne. Elle accepte ainsi ses différences, et en acceptant de les porter avec fierté à son doigt, elle s’engage à faire de ces contrastes qui semblent incompatibles, quelque chose de magnifique.

Enfin, cette union est scellée par un contrat inscrit sur un parchemin enroulé. La Kétouba représente, quant à elle, le cercle et la ligne ensemble. Lorsqu’on la regarde d’en haut, on voit un cercle, puis lorsqu’on la regarde à plat, elle forme une ligne.

La Kétouba appose une signature éternelle à ce couple fraîchement formé. Et pour que cet édifice dure et perdure, le cercle et la ligne sont tous deux indispensables à égalité.

Le message est parfait pour les jeunes mariés. Peu importe la forme que cette union prendra, y aura-t-il une prépondérance d’actions en cercles ou une prépondérance d’actions en lignes, l’essentiel c’est d’agir et de penser ensemble, dans un esprit de fusion intégrale.