Nous avons traité, lors d’un article précédent, de la relation que nous devons entretenir avec nos propres parents, grands-parents de nos enfants. Nous avons alors évoqué l’importance de la mitsva d’« honorer ses parents », 5ème commandement inscrit sur les Tables de la loi que Moché Rabénou a reçu au Har Sinaï.

Or, s’il est important pour nous de faire particulièrement attention à cette Mitsva, cela l’est tout autant de l’inculquer à nos propres enfants. Nous devons leur apprendre à respecter leurs parents, c’est-à-dire nous-mêmes, au même titre que toutes les Mitsvot que nous nous faisons un devoir de leur transmettre, comme la Cacheroute ou les lois de Chabbath.

Pourtant, nous remarquons au quotidien que tel n’est pas vraiment le cas.

Essayons d’expliquer pourquoi.

Je vois deux raisons principales.

La première est que nous avons l’impression qu’exiger de nos enfants un respect particulier, est une forme de Gaava, d’orgueil. En d’autres termes, nous nous disons « Qui suis-je pour imposer à mon enfant de ne pas prendre ma place à table ou de ne pas me contredire ? »

A cela, je rétorquerai que nous ne demandons rien pour nous-mêmes, mais seulement pour le statut que nous avons, celui de parents qu’Hachem nous a octroyé. Ne pas s’asseoir à la place de son papa est tout simplement une Halakha, une loi de la Torah, que je demande à mon enfant d’appliquer tout comme n’importe quelle autre.

De la même façon, un Talmid ’Hakham, un érudit en Torah devant lequel on se lève, ne doit pas ressentir de fierté, car nous nous levons devant la Torah qu’il représente.

La deuxième raison est que les parents sont de plus en plus « frileux » vis-à-vis de leurs enfants. Ils craignent qu’en exigeant trop de respect, cela remette en cause leur proximité avec eux et que leur influence sur eux en soit diminuée.

Or, ceci est non seulement erroné, mais exactement contraire à la réalité !

Expliquons-nous :

Des parents qui réclament l’honneur qui leur est dû, c’est poser une hiérarchie, une pyramide tout en haut de laquelle se trouve Hakadoch Baroukh Hou, puis tout de suite après le papa et la maman.

Cette pyramide, loin d’éloigner l’enfant de ses parents, le rassure. En effet, il sait que, dans toutes circonstances, quelles qu’elles soient, ses parents représenteront  toujours un pilier inébranlable sur lequel il pourra s’appuyer.

Je ne suis pas la copine de mon enfant, je suis bien plus que cela, je suis SA maman qui l’aime de tout cet amour unique qu’une maman ressent pour son enfant.

Chercher à être la copine de son enfant est extrêmement réducteur. C’est ramener une relation unique parents / enfants à celle d’une amie parmi d’autres.

Quel dommage !

S’il est vrai qu’une relation d’amitié peut vouloir dire complicité, bien être,  réconfort, etc., elle ne peut signifier soutien inconditionnel, défenseur immuable, protecteur éternel !

Car, bien entendu, cette exigence d’honneur et de respect doit aller de pair avec amour et bienveillance dont nous avons souvent parlé lors de nos articles. La Mitsva de « Kiboud Av Vaèm » ne signifie à aucun moment d’imposer une rigueur excessive, voire de la terreur.

Lorsque le parent ne crée pas cette relation de hiérarchie avec son enfant, il se positionne donc d’égal à égal avec lui. En cas de différend, le ton monte, et un rapport de force s’instaure, un conflit duquel il ne sort jamais que des perdants.

En effet, soit le parent, à l’aide de cris et autres menaces, finit par avoir gain de cause, mais un sentiment négatif l’habite obligatoirement, car la relation avec son enfant est détériorée et le climat tendu. Quant à l’enfant, sa victoire dans une telle ambiance a tout le goût d’une défaite.

Soit le parent cède malgré lui, et pour bien lui montrer son désaccord lui inflige un « fais ce que tu veux » ou autre remarque désagréable qui laisse une empreinte négative.

En revanche, une relation bien posée et hiérarchisée parents / enfants permet, en cas de désaccord ou d’interdiction, de se positionner avec un ton ferme et doux à la fois. « Je sais mon chéri que tu as très envie de sortir avec tes amis, mais papa et maman ont jugé que cela n’est pas bien pour toi. » Sans énervement, mais sans appel non plus !

Des petits enfants qui font leurs bêtises d’enfants seront bien plus sereins et enclins à écouter une maman sûre d’elle qui leur affirme sereinement : « Ceci est interdit, rangez vos jeux maintenant, c’est l’heure de la douche », plutôt que « qu’est-ce que c’est que ces bêtises !!???, regardez de quoi a l’air votre chambre !... Vous avez deux minutes pour tout ranger. Et gare à vous si je dois le répéter !!!! ».

Inculquer à nos enfants la Mitsva d’honorer leurs parents permet d’instaurer ce climat serein et affectueux dont les enfants ont tellement besoin.

Pour cela, Hachem nous a donné des outils, c’est-à-dire la Halakha : ne pas s’asseoir à la place de ses parents, ne pas les contredire[1], se lever lorsque son papa entre dans la pièce, etc. Je sais que cela peut paraître désuet à l’époque où nous vivons, mais nous venons de montrer combien cela est en fait un immense atout dans la relation avec nos enfants. Même plus que cela, c’est la base d’une éducation sereine.

Yokhéved, jeune maman de deux petites filles, m’a appelée suite à un cours que j’ai donné  sur ce thème, me disant, en reprenant ses propres termes : « Pour la première fois, je ne suis pas entrée dans Chabbath comme une poissonnière (!!!), les petites sont toutes étonnées de voir que je ne crie pas, et elles m’écoutent bien plus que d’habitude ».

Il suffit simplement de comprendre notre rôle et notre positionnement.

Rav Itshak Kats chlita, Roch Yéchiva des institutions Yad Mordekhaï, a demandé à Rav Guerchon Edelstein, Roch Yéchiva de Poniovitch et un des Grands de notre génération, sur quoi il fallait se renforcer suite à la terrible disparition de Madame Halimi zal. Un des points évoqués a été celui de transmettre à ses enfants la Mitsva d’honorer leurs parents.

Que cet article ainsi que tous les efforts que nous pourrons faire dans ce domaine soit Léilouy Nichmata, pour l’élévation de son âme.


[1] Il est interdit de dire à ses parents « Non, ce n’est pas comme ça », en revanche on pourra dire « Je pensais que c’était comme cela ».