Après que Livnat se soit vue annoncer que le fœtus qu’elle portait était atteint de trisomie, elle prit la décision la plus courageuse de sa vie : ne pas avorter. Elle n’était pas au bout de ses surprises ; la prochaine échographie allait lui révéler une donnée encore plus étonnante…

Jusqu’à la seizième semaine de grossesse, tout se passait pour le mieux. Les échographies ne montraient rien d’anormal, les analyses de sang annonçaient de bons résultats. Puis, lors d’un examen de routine, tout bascula : la gynécologue lui annonça tout de go que le fœtus qu’elle portait présentait un pli au niveau du cou, ce qui signifiait probablement qu’il était atteint de trisomie.

Livnat se vit proposer de procéder à une amniocentèse, pour clarifier la situation. « Je savais qu’il s’agissait d’un examen très douloureux et qui présente des dangers aussi bien pour le bébé que pour moi ; l’alternative que la gynécologue m’avait proposée était de faire une analyse sanguine qui n’est pas prise en charge et dont le coût est très élevé. J’étais paralysée par la peur des résultats, une peur profonde, qui vous fait sombrer très bas », se souvient Livnat.

« Tout le monde était paniqué. Mes grands étaient au courant de la situation, les petits ont simplement compris que le bébé qui était dans le ventre de Maman n’était pas en bonne santé et qu’il fallait prier », ajoute-t-elle.

Lorsqu’on lui demande si elle a ressenti quelque part de la colère, Livnat répond sans hésiter : « Non. J’ai tout de suite compris qu’il s’agissait d’une épreuve qui m’était envoyée par D.ieu et qu’il me fallait me renforcer en Émouna (foi en D.ieu). J’ai alors puisé en moi des forces dont j’ignorais l’existence : j’ai demandé à mes amies et à mes connaissances de prier pour moi, j’ai passé beaucoup de temps à supplier Hachem de m’aider et j’allumais des bougies à la mémoire des Tsadikim. »

C’est alors que des examens plus poussés ont eu lieu. Ceux-ci vinrent hélas confirmer ce que Livnat savait déjà de la situation. « Bien que ma gynécologue disait que les miracles étaient toujours possibles, dans mon cas, s’empressa-t-elle d’ajouter, les chances que mon bébé soit en bonne santé étaient proches de zéro. Elle tenta de me préparer à l’éventualité de procéder tout de suite à une interruption de grossesse, "dans le cas où tu ne te vois pas élever un enfant comme lui", me dit-elle. En entendant ces mots, j’ai senti une vague de froid me traverser. Mais je savais aussi en mon for intérieur que je n’étais pas de ces femmes exemplaires qui élèvent de tels enfants avec courage et abnégation, je ne suis pas faite pour une telle aventure. »

Livnat commence alors à s’adresser à plusieurs Rabbanim, qui sont tous catégoriques : dans son cas, rien ne permet de procéder à une interruption de grossesse. « Plus la réalité se précisait et plus je comprenais qu’il était inconcevable d’accomplir un tel acte. J’ai dit à mon mari : "Vais-je tuer l’enfant que je porte en moi ?" Il était d’accord avec moi, mais me connaissant, il savait que je n’étais pas du style à faire fi du regard des autres. Allais-je être capable d’élever un enfant qui attire tous les regards ? »

C’est lors d’une conversation avec l’une de ses meilleures amies que Livnat va changer totalement de regard sur la situation et que tous ses doutes seront balayés. « Alors que je pleurais amèrement sur mon sort et m’attendais à ce qu’elle en fasse de même, soudain, je l’entendis marteler à mes oreilles : "Comment une femme comme toi, qui a vécu un si grand miracle lors de l’une de ses précédentes grossesses, peut-elle remettre ainsi en cause la capacité de D.ieu de la sauver en un instant ? Y a-t-il quelque chose d’impossible pour le Maître du monde ?" », se souvient Livnat.

En effet, quelques années auparavant, Livnat était à nouveau enceinte d’une fille (la quatrième) alors qu’elle rêvait d’un garçon. Les médecins lui expliquèrent que le problème de coagulation sanguine dont elle souffrait depuis sa naissance réduisait ses chances de pouvoir un jour mettre au monde un garçon. Elle pria, versa d’abondantes larmes et fit tout ce qui était possible pour convaincre le Maître du monde de lui accorder enfin un fils. Et le miracle se produisit : à la dernière échographie avant l’accouchement, le médecin lui annonça, stupéfait et perplexe, que les résultats des autres examens effectués tout au long de la grossesse étaient erronés et qu’elle attendait un garçon… « Un miracle pur et simple », conclut-elle.

« Je savais que mon amie avait entièrement raison, c’était évident. J’ai alors décidé de me reposer uniquement sur Hachem. J’ai dit à mon mari que D.ieu ne fait pas d’erreur et que quelle que soit l’issue de tout cela, il nous fallait avoir confiance en Lui. Ma décision était prise : je ne renoncerai pas à cet enfant », explique Livnat.

« À l’échographie suivante, j’ai annoncé avec assurance à la médecin que je n’avais aucune intention d’avorter. Je lui ai dit : "On ne peut pas fuir devant D.ieu…" Elle était surprise de ma détermination et a simplement dit : "Si tu crois si fort aux miracles, alors peut-être que tu en verras". À la dernière échographie effectuée peu avant l’accouchement et qui devait permettre de fixer une fois pour toutes le sort de mon bébé, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en suppliant Hachem de m’accorder un enfant en bonne santé. J’ai aussi affirmé avec force que j’acceptais avec joie tout ce qui provenait de Lui. Le silence de la pièce où avait lieu l’examen était oppressant. Puis soudain, j’ai entendu la médecin s’écrier : "Mais qu’as-tu fait ?" Devant ma mine interrogative, elle s’est expliquée : "C’est impossible, le pli qui apparaissait sous le cou a disparu… Tu as subi un traitement quelconque ? Je ne comprends pas, il était visible il y a 3 jours à peine…" Paniquée, elle s’est mise à la recherche d’autres éventuels problèmes, qui pourraient expliquer la disparition soudaine de la malformation. Mais elle n’a absolument rien trouvé. Elle m’a ensuite lancé : "Continue à prier, c’est la meilleure solution". Et trois jours plus tard, après d’intenses prières et après que mon mari ait pris sur lui une importante résolution sur le plan spirituel, l’incroyable s’est produit : j’ai mis au monde un merveilleux bébé, en très bonne santé », raconte Livnat, émue aux larmes.

Livnat conclut son témoignage en délivrant un message d’espoir : « Lorsque nous sommes confrontés à des épreuves, nous nous sentons perdus. N’oublions pas que rien n’est dû au hasard et que tout provient d’Hachem. Le corps n’est que le carcan limité qui renferme une âme d’une valeur inestimable. Je comprends aujourd’hui que même si j’avais donné naissance à un enfant atteint de trisomie, je l’aurais entouré de tout l’amour et de tout le bien possibles, car telle aurait été la volonté d’Hachem. Qui suis-je pour Le contredire ? Je suis infiniment reconnaissante aux Rabbanim qui m’ont interdit de manière absolue d’avoir recours à l’avortement. Comment aurais-je pu vivre avec l’idée d’avoir accompli un tel acte ? J’aurais perdu ce monde-ci et celui à venir. Finalement, le plus important est de se renforcer au niveau de la Émouna », affirme Livnat, en tenant son bébé tout contre elle…