‘Hanouka est arrivé dans nos maisons : enfin, un peu de lumière au beau milieu de l’hiver !

La nuit est tombée, la ‘Hanoukia a été nettoyée et astiquée. Mes beignets sont sur le feu et mes enfants jouent avec leurs toupies. Il fait froid dehors, mais l’atmosphère à la maison est chaleureuse et nous sommes heureux de se retrouver tous ensemble. En effet, toute la famille est réunie de bonne heure dans la soirée, ce qui n’arrive presque jamais durant le reste de l’année !

Mon mari allume le Chamach (bougie du milieu) et récite les bénédictions appropriées. À leur tour, chaque membre de la famille vient allumer une bougie, l’un après l’autre, du plus grand au plus petit. À la fin de l’allumage, telle une chorale improvisée, mes enfants récitent tous ensemble en chantant à tue-tête Maoz Tsour sur un air incertain.

Puis vint la période post-allumage : pendant une demi-heure, comme tous les membres de la famille, je dois faire la chose la plus difficile pour une femme, ne rien faire !

Ou plus précisément, observer.

Observer la pureté de la flamme

Je dois regarder cette lumière différente de toutes les autres. Pourquoi ? Parce qu'elle est pure. Et je me dois de m’interroger sur cette pureté. Mes enfants sont des âmes pures qui nous ont été confiées par Hachem et ma mission est de maintenir et entretenir cette pureté en eux, tout comme cette huile pure entretient la flamme de nos bougies de ‘Hanouka.

Le rôle d’une maman est d’allumer la flamme de ses enfants.

Est-ce que je suis à la hauteur de cette mission qui m’a été confiée ? Est-ce que j’entretiens la pureté qui est en eux pour les faire grandir comme des êtres accomplis ? Je ne sais pas, parfois je doute de moi, mais ce qui est sûr c’est que j’essaye de faire de mon mieux. Et n’est-ce pas justement ce qu’Hachem attend de moi ? Je me promets de continuer à faire toujours de mon mieux, de ne pas douter de mes qualités de maman, et surtout de faire confiance à Hachem : nous faisons toutes des erreurs, mais si nos intentions sont pures elles aussi, Hachem corrigera nos erreurs. C’est ce que je Lui demande à ce moment précis.

Observer la particularité de chacune des bougies

Puis, j’observe les bougies les unes après les autres. Elles fondent, mais chacune d’une façon différente. Il y a celle qui se consume très vite, celle qui s’affaisse, les deux qui se collent entre elles, et celle qui reste debout pratiquement fixe et qui est la dernière à s’éteindre. Pourtant, je les ai allumées en même temps et de la même façon. Quel mystère !

Et de nouveau, je fais le lien avec mes enfants. J’ai l’impression de leur donner la même énergie, la même impulsion, mais ils évoluent tous à leur manière. L’un se démoralise à la première occasion, telle la bougie qui s’affaisse; les deux autres enfants sont inséparables, telles les bougies qui se collent ; l’autre garde le cap à toute épreuve, telle la bougie qui résiste à fondre etc.

Chacun a son particularisme et ses singularités. Mon rôle est de donner à chacun ce dont il a besoin pour être quelqu’un de meilleur. Et si l’un d’entre eux vient à se décourager, je dois raviver la flamme qui est en lui par des paroles douces et encourageantes.

Mon rôle également est de les pousser à s’enflammer, à s’émouvoir. Car il n’y a rien de pire qu’un être blasé de tout et incapable de s’émouvoir. Je prie pour qu’ils soient toujours heureux de ce qu’ils ont, et qu’ils sachent apprécier chaque petite chose que la vie leur offre.

Observer notre propre reflet

La ‘Hanoukia est face à la fenêtre. La fenêtre, de par sa transparence, permet au monde extérieur de voir la lumière de ‘Hanouka. Mais la fenêtre me permet également de voir son reflet, et mon reflet. Telle la ‘Hanoukia, la maman est comme le Chamach et ses petites bougies, elle est la gardienne avec ses petits enfants. Chaque soir, une bougie s’additionne et on espère que dans les prochaines années, s’additionneront à la famille encore plusieurs enfants !

J’apprends à observer et à apprécier tout simplement ce que j’ai dans ma maison : un mari aimant, des enfants sains et en bonne santé, une atmosphère chaleureuse, et de l’amour à revendre. Parfois, j’aimerais que la maison soit un peu plus rangée et un peu plus silencieuse, mais au contraire, me dis-je ! Quelle chance d’avoir des enfants qui mettent un peu de pagaille et surtout dont les rires rythment l’ambiance de la maison.

Observer l’huile d’olive

L’huile d’olive symbolise la sagesse. Ce moment, c’est aussi le moment de prier pour la sagesse, de prier pour avoir une vision juste. Je prie pour ne pas faire des choix par convention ou par peur du qu’en-dira-t-on. Je demande à Hachem d’illuminer mon esprit ainsi que ceux de tous les membres de ma famille pour faire la distinction entre ce qui est lumineux et ce qui est obscur, afin de toujours faire les meilleurs choix possibles.

Finalement, cette demi-heure à ne rien faire, qui me paraissait si insurmontable, est passée très vite ! Je réalise que - en tant que maman - nous courons sans cesse après la montre et que nous ne prenons presque jamais le temps d’observer : observer la pureté, la singularité, et la sagesse de chacun de nos enfants ; observer la chance que nous avons d’avoir tous ces trésors qu’Hachem nous a donnés entre nos mains.

inspiré de la Rabbanite Yemima Mizrahi