Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, la fête de Tou Bichevat signifiait à mes yeux, comme aux yeux de beaucoup d’entre vous je suppose, avalanche de fruits secs et découverte de fruits exotiques. Mais ces dernières années, j’ai voulu creuser plus loin et retirer, comme j’aime le faire pour chacune de nos merveilleuses fêtes, un message, un message qui rendrait profonde cette magnifique journée, un message qui m’accompagnerait avec force durant le reste de l’année.

Qu’est-ce que Tou Bichevat peut nous apporter à nous, en tant que parents ? En quoi la fête des arbres peut-elle nous aider dans notre rôle d’éducateur ?

Puis, ce fut comme un flash. Le parallèle entre la fête de Tou Bichevat et les enfants, était tout d’un coup d’une évidence incroyable. Tout comme la force et la santé d’un arbre dépendent des soins apportés à la graine, ainsi l’adulte sera un être sain et équilibré si, et seulement si, il a reçu ce dont il avait besoin étant enfant.

En effet, une graine est petite et cachée dans la terre, on ne la voit pas, on pourrait penser que les soins qu’on lui procure ne lui sont pas vitaux. Si on oublie de l’arroser un jour ou si on lui donne une double dose le lendemain, si elle est placée en plein soleil ou à l’ombre, quelle importance ? En fait, c’est tout le contraire.

A l’heure où la société ne donne de valeur qu’à ce qui est visible, où les honneurs et titres sont distribués aux personnes les plus remarquées, où la discrétion n’a plus sa place, Tou Bichevat vient nous recadrer. En matière d’éducation, c’est tout l’inverse. La vraie valeur réside dans ce que nous transmettons de façon cachée et pudique à l’enfant, entre les quatre murs de notre intimité familiale.

Lorsque nous plantons une graine, nous la traitons avec la plus grande des précautions, nous ne voulons pas qu’elle se fissure, ni qu’elle ne se flétrisse, sans quoi la santé de l’arbre serait compromise. Nous voulons qu’elle pousse avec confiance et sérénité. Nous lui apportons tous les soins nécessaires en l’entourant d’amour et de tendresse. Nous lui donnons tout ce dont elle a besoin pour qu’elle devienne un arbre robuste et épanoui qui saura faire face aux épreuves que la vie lui réserve.

Le soin principal apporté à la graine est l’arrosage. En effet, l’eau lui est vitale. L’eau est comparée à la Torah. Parallèlement donc, l’apport en Torah est vital à l’enfant depuis son plus jeune âge. Alors que notre enfant est encore tout jeune, nous devons le faire baigner dans cette ambiance de Torah en lui faisant écouter des musiques pures, en lui racontant des histoires de nos Sages. Certaines personnes mettent même une fresque avec des visages de Rabbanim autour du lit du bébé afin que, lorsque ses yeux commencent à voir, ils voient la pureté et la sagesse.

Tou Bichevat a lieu en hiver, lorsque la nature semble morte. Aucune plante ne pousse, aucune fleur ne bourgeonne. Quelques fois dans la vie, nous traversons des périodes sombres, inactives, qui nous démoralisent un peu. C’est l’état d’esprit hivernal. On connaît une baisse de motivation générale. Mais en fait, cette période est loin d’être sombre, elle est nécessaire pour redonner à la nature les forces dont elle a besoin pour fleurir à nouveau au printemps.

De la même façon avec nos enfants. Quelques fois, on pourrait penser que tous les efforts que nous avons déployés, toutes les énergies que nous avons placées en eux, tout a été en vain. Puis, viendra le printemps, et si on a continué à faire ce qu’il faut, même durant les périodes sombres, même loin du regard du public, on récoltera le fruit de notre travail.

Un enfant est une graine, une page vierge, nous pouvons en faire ce que nous voulons. Nous pouvons écrire l’histoire que nous voulons. Ayons la main verte et sachons faire de nos petites graines, de majestueux arbres forts et fiers. Heureux Tou Bichevat à tous.