Je souhaiterais analyser avec vous une scène que j’ai récemment vécue.

Un Chabat matin, une maman prépare les salades, entourée de ses 3 ravissantes petites poupées de 7, 5 et 2 ans.

Cette maman a l’intelligence de laisser ses filles l’aider dans la cuisine et donne à chacune une tâche à la hauteur de ses possibilités, chacune en fonction de son âge.

Tout se passe au mieux. Je suis présente et dis à la maman combien elle peut être fière de ses grandes filles qui l’aident et honorent la kédoucha - Sainteté, du Chabat.

Evidement, ce genre de situation idyllique ne dure jamais très longtemps et la petite deuxième de 5 ans accomplit son travail de travers…

Sa maman, très méticuleuse et qui fait déjà un énorme effort de laisser ses filles rentrer dans la cuisine, lui fait une réflexion.

Bien entendu, la petite fille le prend mal et fait mine de donner un coup de pied à sa maman, qui ne peut évidemment pas laisser passer cet acte insolent.

Elle lui demande alors d’aller dans sa chambre, mais elle refuse et le ton monte, alors que la petite ne s’exécute toujours pas !

Vous reconnaissez certainement des scènes courantes, vécues dans toutes les maisons.

Avant d’analyser précisément cette situation et de comprendre comment la maman aurait pu éviter une telle fâcherie, surtout le chabat, voici en quelques mots comment j’ai réagi, puisque j’assistais à la scène.

Au départ je ne voulais pas m’immiscer, je ne suis pas la mère. Mais voyant la situation s’enliser et aller vers un point de non retour, je suis intervenue :

Je me suis baissée au niveau de la petite fille, je lui ai pris la main avec tendresse et je lui ai dit : « Ma chérie, tu viens de mal te comporter avec maman, elle a de la peine et Hachem aussi a de la peine de voir une petite fille mal parler à sa maman. Viens, et fais lui un gros bisou en lui disant méhila- pardon, elle sera si contente, et Hachem aussi. Comme ça on pourra continuer de passer un bon Chabat »

Je lui parlais avec douceur, à voix basse, avec beaucoup d’affection. Puis, joignant le geste à la parole je me relevais et la prenais par la main pour rejoindre l’endroit où se trouvait sa maman.

Notre petite princesse, si énervée quelques seconde plutôt, m’a suivi gentiment et a fait un gros bisou à sa maman.

Coup de chance ?

Je ne crois pas : notre petite princesse s’est comportée en reflet de la personne qui était en face d’elle. D’abord agressive, puis toute gentille.

En fait chacune d’entre nous réagit en miroir !

Rav Schwartz, grand baal moussar francophone habitant à Kiriat sefer, développe cette idée de façon très plaisante. Il nous dit : « Ne t’étonne pas si tu vois quelqu’un qui te fais la tête, c’est en fait la tienne que tu perçois, Il est ton reflet. Tu trouves ton ami désagréable, c’est sans aucun doute que tu l’es ! En revanche, il te fait un sourire ? Bravo, continue, tu es certainement très souriant…. »

Voici la clé. La maman, s’est crispée dès qu’elle a vu que la salade préparée par sa fille ne serait pas comme elle le souhaitait. D’autant, que j’étais leur hôte, et qu’on aime que tout soit au mieux devant ses invités!

Elle ne s’est certainement pas rendu compte elle-même que son ton a alors été très cassant.

La réaction en miroir ne s’est pas fait attendre et la petite, avec les moyens dont elle dispose à 5 ans s’est comportée avec insolence.

J’étais alors uniquement spectatrice, sans aucun sentiment négatif. Aussi, il m’a été très facile de redresser la situation.

Il faut bien comprendre que c’est NOUS qui induisons les comportements de nos enfants.

Qu’aurait donc du faire la maman devant la maladresse de sa petite fille :

  • D’abord et essentiellement prendre du recul. Ne pas réagir à vif. C’est difficile mais très porteur. Se dire : « Elle n’a que 5 ans et ne sait pas ou peut être n’a tout simplement pas envie de bien faire, même si je lui ai donné une tâche que je pensais qu’elle accomplirait correctement».
    Attention, cela ne veut pas dire que je baisse les bras et que je ne la corrige pas.  Je me convaincs moi-même que ce sont des petites choses, que mon enfant est en apprentissage, et que je suis là pour l’aider. Cette première étape, va m’aider à garder la sourire.
  • Ensuite, je lui explique gentiment comment elle aurait dû agir. Je lui montre, en la laissant faire quelques gaffes, ce n’est pas grave. Si elle persévère je l’encourage et lui dit que c’est très bien ce qu’elle fait et qu’elle pourra sûrement tout faire toute seule la prochaine fois.
  • Si au contraire elle ne veut pas agir comme sa maman lui montre. Il faut alors lui expliquer avec  gentillesse et fermeté, que c’est ainsi qu’il faut faire. Ce n’est pas grave si elle ne veut pas. Il faut terminer en lui disant « Dommage, tu avais bien commencé. » Cette phrase n’est ni agressive, ni négative. Elle permet de monter que ce n’est pas l’attitude que l’on attendait d’elle sans animosité.
    Enfin : « Je suis sûre que tu aurais pu aller jusqu’au bout » La conclusion doit toujours être positive et montrer que nous avons confiance dans nos enfants.
     

Un dernier point important dans l’analyse de cette situation est que la maman a demandé à son enfant d’aller dans sa chambre et que la petite ne l’a pas écoutée.

Il est très important, et même essentiel que mes requêtes soient exécutées. Si je pense que je ne suis pas capable d’aller jusqu’au bout, alors il vaut mieux renoncer avant même d’avoir demandé quoique ce soit.

Laisser mon enfant ne pas m’écouter véhicule un message clair : « Mes demandes n’ont pas d’importance ! »

Si un enfant refuse d’agir une fois, et qu’on le laisse, pourquoi obtempérera-t-il une autre fois ?

C’est la raison pour laquelle me exigences doivent être réfléchies et justifiées, afin que je sois en mesure de ne pas y renoncer.

En revanche, il peut arriver que mon enfant me donne des arguments valables, me convainquant qu’il peut ne pas agir conformément à mes attentes. Ceci est différent, c’est MOI qui décide d’annuler ma requête.

Comment faire pour que mon enfant m’écoute est un vaste sujet auquel nous pourrons consacrer prochainement un article entier, Beezrat Hachem