Il est de ces Mitsvot que nous accomplissons par automatisme, sans trop y réfléchir. Après des années de pratique, certains commandements font partie de notre quotidien, nous n’avons même plus en tête que nous servons l’Éternel lorsque nous sommes en train de les réaliser. C’est comme une seconde nature. Parmi elles, pour nous les femmes, il y a assurément l’allumage des bougies de Chabbath. Pour la plupart d’entre nous, nous les allumons et accueillons le Chabbath sans même savoir d’où nous vient cette merveilleuse Mitsva. Cette image de la femme pieuse éclairée par l’aura des bougies de Chabbath, cette image brodée, imprimée, gravée, peinte sur toutes les toiles, bougeoirs et napperons du monde, a forcément un message aussi profond qu’évocateur à nous transmettre.

Voici quelques références qui nous aideront à comprendre la signification d’une des trois plus importantes Mitsvot qui nous incombent, à nous les femmes. Après la lecture de cet article, je peux vous garantir, sans prétention, que nous allumerons nos bougies tout à fait différemment vendredi prochain :

  1. Lors du don de la Torah, Hachem nous a ordonné de garder, « Chamor », et de nous rappeler, « Zakhor », du jour du Chabbath. Ainsi, la coutume universelle veut que nous allumions deux bougies faisant référence aux deux commandements qui nous ont été ordonnés par Hachem au sujet de ce jour sanctifié.

  2. L’allumage des bougies marque l’entrée du Chabbath. Elle est la première Mitsva de ce jour béni. Pourquoi commencer par elle et non par une autre Mitsva, demande le Or Ha’haïm ? Parce que le Chabbath est là pour rappeler à l’Univers comment D.ieu a créé le monde. Il l’a créé en six jours, et le septième (le jour du Chabbath), Il s’est reposé. La première création a été la lumière. Ainsi, il va de soi de marquer le début du Chabbath avec de la lumière, en souvenir de la lumière de la création du monde.

  3. La lumière est signe de paix et de sérénité. En effet, nous apprécions beaucoup plus un moment, quel qu’il soit, lorsque nous voyons correctement. L’obscurité crée une tension, car elle nous cache certaines choses. On ne se sent alors plus maître de la situation. Cela génère une certaine appréhension, une certaine peur. Le Chabbath, nous voulons ressentir une paix et un plaisir intérieurs. Les douces lumières des bougies y contribuent. Rachi explique : « Sans lumière, il ne peut y avoir de paix, car les gens trébucheront et devront manger dans l’obscurité. » Lorsque nous sommes dans le noir, nous focalisons sur la différence. Nous cherchons l’obstacle à éviter, le piège à contourner, notre esprit se concentre sur le négatif. Alors que lorsque nous sommes dans la lumière, nous apprécions la vue d’ensemble et sommes surpris et enchantés par l’harmonie, malgré les différences, que notre œil ne remarque même plus. Lorsque nous nous réunissons autour de la table de Chabbath, nous ne voulons pas focaliser sur nos différences qui pourraient créer des tensions et un malaise, nous voulons, au contraire, nous rassembler et former un tout en complémentarité et en harmonie. Nos enfants sont différents les uns des autres, je suis différente de mon mari, mais, tous ensemble, nous formons notre merveilleuse et unique famille.

  4. Le Talmud fait également la promesse qu’une femme qui allume les bougies de Chabbath chaque semaine, méritera de voir ses enfants grandir dans la Torah et éclairer le monde grâce à leur sagesse, en récompense de la lumière qu’elle a apportée dans son foyer chaque vendredi soir.

Maintenant que nous en savons un peu plus sur le sens de la Mitsva, penchons-nous sur ses aspects techniques. Pourquoi devons-nous allumer une flamme en particulier ? Une lampe torche ne ferait pas l’affaire ?

  1. La flamme s’identifie à l’âme. En effet, elle a besoin de son support (bloc de cire - corps) pour exister. De plus, elle s’élève toujours vers le haut.
  2. Le Choul’han Aroukh précise qu’il est préférable d’allumer avec des mèches flottantes sur de l’huile d’olive, car la flamme est particulièrement régulière et brillante. Aussi, la Guémara compare les érudits de la Torah aux olives, et leur enseignement à l’huile qui s’en écoule. Enfin, le Talmud porte à notre connaissance que l’olivier ne perd jamais ses feuilles, ainsi, le peuple d’Israël ne sera jamais détruit.

Cette Mitsva n’a pratiquement plus de secret pour nous. Reste à comprendre pourquoi elle nous a été donnée en particulier à nous, les femmes.

  1. Une femme a la capacité de voir le bien de partout, en particulier dans son foyer. Ainsi, en allumant les bougies, elle éclaire sa famille et allume un projecteur sur les crevasses et les imperfections, mais elle ira au-delà, et, de ces « défauts », elle construira des merveilles. Elle verra derrière les caprices de l’un et les crises de l’autre, ce qui ne va pas réellement, elle ira alors au fin fond de leur cœur et saura comment panser les blessures pour laisser jaillir à nouveau la lumière pure qui se cachait derrière ces murs d’opacité.

  2. Les flammes sont composées de deux mèches enchevêtrées. Lorsque la femme allume les bougies, elle prend alors conscience d’un des rôles-clé de son existence : ne former qu’un avec son mari, malgré le fait qu’ils soient deux entités distinctes à la base. Ils brilleront ensemble, au même rythme, personne n’écrasera l’autre, personne ne fera de l’ombre à l’autre. Chacun a besoin de l’autre pour s’épanouir, et chacun est heureux de l’épanouissement qu’il donne à l’autre, car c’est ainsi qu’ils existent.

  3. L’histoire juive ne manque pas d’exemples de femmes vaillantes, qui, avec courage et bravoure, ont repoussé l’obscurité de l’ennemi, en se battant et en servant D.ieu avec foi, peu importe les circonstances quelques fois horribles et désespérées. A leur image, nous devons repousser l’obscurité en allumant ces bougies avec foi et fierté.

Il n’est pas étonnant qu’au fil des années, les femmes, de toutes époques confondues, se soient battues pour perdurer cette Mitsva qu’Hachem chérit particulièrement. Allumer les bougies de vendredi soir revient à détenir une étincelle éternelle qui rend hommage à toute femme juive appartenant à l’histoire passée, présente et future du peuple d’Israël. Que nous puissions avoir le mérite d’accomplir cette Mitsva avec fierté en attendant de voir très rapidement le monde éclairé de la lumière de la délivrance. Amen.