L’un des sujets les plus controversés du monde juif contemporain est incontestablement l’enjeu du Guèt. En effet, pour conclure un divorce, le mari doit donner un Guèt à sa femme, le document officialisant et scellant la procédure de divorce. Mais pourquoi en est-il ainsi ? Pourquoi le divorce est-il décidé par l’homme, ou du moins, pourquoi est-ce perçu de la sorte ?

Le divorce selon la Torah

Le mariage est l’institution religieuse par excellence et Hachem réside au sein d’un couple heureux et en paix. Bien évidemment, nous savons tous et toutes que les mariages ne sont pas toujours éternels et se finissent parfois par un divorce, à D.ieu ne plaise.

D’abord, il est important de préciser qu’à l’époque du Sanhédrin (le tribunal rabbinique composé de 71 juges), un homme qui refusait de donner un Guèt à sa femme par pur égo ou pour lui faire du mal se faisait menacer et même frapper si nécessaire. Ainsi, l’on peut constater que malgré que la Torah ait enjoint à l’homme de remettre le Guèt à sa femme pour conclure le divorce, Hachem n’a jamais donné ce pouvoir pour qu’il puisse en abuser, à D.ieu ne plaise. Ainsi, il est important de rappeler que les hommes qui refusent de donner le Guèt à leur femme commettent une très grande Avéra (péché) et vont à l’encontre de la volonté divine.

Pourquoi est-ce à l’homme de remettre le Guèt à sa femme?

Ceci étant dit, nous savons que le mariage est en fait un engagement unilatéral : c’est l’homme qui remet la Kétouba à sa femme sous la ‘Houpa et qui prend donc sur lui de remplir une foule de responsabilités envers elle. Ainsi, il semble logique que si c’est lui qui s’engage, c’est aussi lui qui doit se désengager de la relation.

Selon le Maharal, la relation maritale entre un homme et une femme est comparée à la relation entre D.ieu et le peuple juif, qui s’est officialisée lors du don de la Torah au Mont Sinaï et qui constitue en quelque sorte le premier mariage de l’histoire de notre peuple. Lorsque nous avons dit “Naassé Vénichma”, “Nous ferons et ensuite nous comprendrons”, cela représentait une expression de libre-arbitre entière et complète. Hachem nous a demandé si nous voulions la Torah et nous avons répondu avec toute notre âme et notre corps que cette Torah, nous la voulions à tout prix. Néanmoins, le Midrach nous révèle que D.ieu nous a menacés de faire tomber la montagne sur nos têtes si jamais nous refusions ! D’une part, nous avons accepté la Torah et tout son contenu de notre plein gré, et d’autre part, D.ieu a dû nous menacer. Comment expliquer cette contradiction et cette coercition?

Le mariage scellé par l’engagement

Le Maharal poursuit en stipulant que le concept de coercition a été introduit pour contrebalancer le désir et l’engouement exprimés par l’affirmation de Naassé Vénichma. En effet, l’expression de Naassé Vénichma est magnifique et semble refléter une forte passion, mais comme toute passion, celle-ci risque de ne pas tenir dans le temps. Tout comme le peuple juif a choisi D.ieu de manière si dévouée, il pourrait aussi décider de s’écarter de Lui, à D.ieu ne plaise (comme cela fut le cas lors de la faute du Veau d’or).

Hachem a ainsi renforcé la relation en introduisant cet élément d’engagement et a scellé à jamais le “mariage” entre Lui et Son peuple. Tout comme le peuple juif est le Kéli, le réceptacle de la relation, la femme l’est également en acceptant la bague et bien sûr, en décidant d’épouser son ‘Hatan. La continuité du couple ne dépend que de sa volonté à s’engager et à perpétuer la relation. Mais tout comme D.ieu S’est engagé éternellement envers le peuple juif lorsqu’Il a mis le Har Sinai sur sa tête (pour que le lien qui les unisse soit éternel), la femme juive ne peut se défaire des liens du mariage si facilement, compte tenu de son engagement envers son mari.

Nous savons que chaque couple qui se marie est en fait un Beth Hamikdach miniature, dans lequel il est important que la Chékhina (la présence divine) réside toujours, dans la joie et la paix ! Puissent tous les couples du Am Israël vivre en harmonie jusqu’à 120 ans, sans jamais connaître le divorce et n’avoir à donner ou recevoir de Guèt ! Amen !