La Halakha est le code de lois juives qui indique toutes les règles à suivre dans notre quotidien, notamment ce que l’on peut manger, comment se comporter envers l’autre, les droits et devoirs de chacun, etc. Certaines de ces lois peuvent à priori sembler injustes ou archaïques, comme par exemple celle qui stipule que dans plusieurs cas, le témoignage d’une femme n’est pas recevable. La Torah serait-elle discriminatoire envers elle ? La femme serait-elle moins crédible que l’homme ?

Un témoin valide, une question de crédibilité ?

Tout d’abord, il faut savoir que pour qu’un témoignage en cour de justice soit valide, plusieurs conditions doivent être réunies. Par exemple, lors d’un crime, il faut deux témoins présents qui se soient vus pendant celui ci ; si un témoin non valide était avec eux, leurs témoignages ne sont plus valables. Et, alors que deux témoins qui seraient de très bons amis pourraient sans problème témoigner, deux frères de sang ou deux membres de la même famille ne le peuvent pas. C’est à dire que même si Moché Rabbénou et Aharon Hakohen venaient témoigner, leur témoignage ne serait pas valable ! Et pourtant qui serait plus fiable qu'eux ? On voit bien que la disqualification d’un témoin, selon la loi juive, peut être liée à des questions purement “techniques”. De la même manière, dans tous les cas où la femme est disqualifiée en tant que témoin, cela ne remet pas en cause sa crédibilité pour autant.

Dans quels cas le témoignage de la femme est-il ou non recevable ?

Dans les cas de justice qui ne requièrent qu’un seul témoin, dont le but est uniquement de vérifier une vérité, une femme peut sans problème témoigner. Par exemple, elle peut attester de son immersion au Mikvé ou témoigner de la Cacheroute des aliments. Mais lorsqu’il s’agit de litiges ou condamnation lourde d’un individu, comme par exemple suite à un crime ou toute autre faute passible de mort pour lesquelles la loi juive exige deux témoins, seuls les témoignages de deux hommes seront valides. Le témoignage d’une femme peut néanmoins être entendu par une cour de justice, si ce dernier lui est utile dans sa recherche de la vérité, mais la cour ne se basera pas sur lui pour prendre la décision de condamner ou non la personne.

Discrimination ou révélation ?

Contrairement aux personnes qui ne sont jamais autorisées à témoigner en raison de leur manque de crédibilité (par exemple les personnes atteintes de maladies mentales), la femme, elle, peut être témoin dans certains cas, mais pas tous. Pourquoi cela ? La Torah ne donne pas de raison concrète et précise sur ce point, même si plusieurs explications ont été proposées pour tenter de mieux comprendre cette disqualification. Par exemple, le fait qu’elle ait d’autres préoccupations plus importantes, qui la dispensent des Mitsvot liées au temps.

Miriam Kosman, auteure du livre Circle, Arrow, Spiral: Exploring Gender in Judaism propose une réponse très intéressante sur le sujet. Elle explique que le fait d’être témoin dans un procès requiert une prédisposition et une façon d’être particulières, propre à une cour de justice. Cela demande une attitude concentrée, focalisée sur les faits et les événements et requiert d’être en mode « vrai ou faux ». Et par nature, la femme n’est pas dans cette orientation de pensée. Elle a tendance à aller au delà du « noir ou blanc » et à réfléchir de façon plus globale, avec une perspective davantage centrée sur les relations humaines. Et c’est une grande force ! Mais en cour de justice, les réponses qui peuvent être générées par ce système de pensée ne sont pas « valides ».

 Et finalement, derrière sa disqualification, c’est son essence et sa force qui sont révélées ! Concrètement, si par exemple on posait à un témoin la question suivante : « David a-t-il tué Samuel ? » La réponse attendue serait « oui » ou « non », une réponse claire, tranchée, parfois même un peu froide. Alors que par nature, la femme aurait tendance à plutôt se positionner en « oui mais… »

La valeur de l’essence féminine

La première perspective, plus « tranchée » est-elle meilleure que la deuxième, axée sur une vision plus globale ? Il s’agit bien sûr d’une question arbitraire. Mais ce qui est important de souligner, c’est que le système judiciaire est là pour parvenir à une fin précise, sans tergiverser, basée sur la structure légale de la loi juive.  

Selon Miriam Kosman, exclure une femme du témoignage (dans les cas spécifiques cités) peut peut-être sembler incompréhensible, mais si l’on creuse plus profondément, cela permet d’apprécier et de reconnaître la valeur de l’essence féminine. Et son incompatibilité avec un mode requis en justice (dans certains cas) n’a rien de discriminant ou de dévalorisant. Car D.ieu a créé l’homme et la femme avec des attributs bien particuliers, qui permettront à chacun d’exceller dans le domaine qui lui a été attitré, selon son essence et sa nature. Puissions-nous en tant que femmes avoir le mérite de continuer à faire bénéficier notre entourage de notre sensibilité et de notre capacité à percevoir les situations dans une perspective toujours globale, humaine et délicate !