Vous connaissez déjà peut-être cette fable ?

Au bon vieux temps, le Vent discutait avec le Soleil. Ils s'étaient mis à discuter pour savoir qui était le plus fort. Un jour, le Soleil dit au Vent : « Mettons-nous à l’épreuve avec l’homme qui marche là-bas et qui porte une cape. Tentons d’enlever sa cape de ses épaules pour savoir lequel de nous deux est le plus fort. » C’est le Vent qui tenta d’abord sa chance. Il saisit le col de l’homme, il l’arracha, il tira la cape de tous les côtés, mais plus il la tira, plus le pauvre homme s’y enveloppa et ne le laissa pas lui enlever. Après que le Vent se soit épuisé pour rien, c’est le Soleil qui se mit à l'œuvre. Il sourit sur l’homme de plus en plus chaudement. Toujours plus chaudement. Le brave homme se découvrit tout doucement, ensuite, il enleva entièrement sa cape. Peu de temps après, il ôta son manteau et sourit en profitant de ces agréables rayons de soleil...

« Tu vois bien que c'est moi qui suis le plus fort ! », dit le Soleil au Vent !

Notre Paracha véhicule un message similaire, mais de façon encore plus puissante.

En effet, la Paracha Tsav décrit le déroulé des sacrifices et nous dit qu’il ne suffit pas simplement d’amener des offrandes, il faut aussi l'accompagner d’un feu. “Un feu continuel sera entretenu sur l'autel, il ne devra point s'éteindre.”[1]

La Kabbale explique que chaque personne est comme l’autel sur lequel on faisait des sacrifices. En effet, vous avez sûrement déjà eu ce sentiment de faire vous-même des sacrifices pour Hachem : ne pas manger tout ce que vous voudriez, ne pas vous habiller comme vous seriez tenté, ne pas vous énerver lorsque vous vous sentez provoqué. Mais le sacrifice lui-même est insuffisant sans feu. Quel est ce feu dont on parle ? L’amour d’Hachem ! En effet, l’autodiscipline sans amour est insuffisante, car trop vulnérable. Ainsi, la Torah nous conseille d’alimenter un feu qui brûle constamment sur l'autel, c’est-à-dire d’alimenter le feu qui se trouve dans notre cœur afin de maintenir une vie spirituelle toujours plus proche de D.ieu.

Le feu alimentant l'autel est si puissant qu'il va de lui-même dissiper les doutes et les combats intérieurs. Si vous êtes concentré sur l'amour de D.ieu, alors vous n'aurez pas besoin de vous concentrer autant sur vos défauts.

Il y a deux façons de traiter nos dysfonctionnements intérieurs. Le premier, c’est l’auto-critique. Se reprocher des défauts à soi-même est une méthode qui peut marcher, mais cette approche frontale peut nous frustrer, et cette frustration ne fera qu'aggraver le problème...

La deuxième approche fonctionne en créant d'abord de l’amour : un amour de soi-même, un amour de D.ieu et de Sa Torah. Par exemple, au lieu de se dire “ce n’est pas bien de mettre telle tenue”, plutôt se dire “comme j’ai envie de faire plaisir à Hachem en m’habillant de façon vraiment Tsni'out”. Avec cette énergie positive créée par l’amour, les combats intérieurs et même les défauts vont s’estomper naturellement avec le temps.

Quand vous aimez la vie, vous avez moins envie d'être accablé par vos propres insuffisances. Lorsque vous aimez votre conjoint, vous êtes moins susceptible de mettre l’accent sur ses défauts. Parfois, les marques d'affection peuvent être un catalyseur plus efficace du changement que de scruter les problèmes dans une relation. Un enfant à qui sa maman reproche de ne pas venir l’embrasser en rentrant de l’école obtiendra peut-être un bisou (un peu forcé) de temps en temps (et surtout beaucoup de contrariété). Au contraire, une maman aimante qui va vers son enfant avec un sourire, un gâteau et un “j’espère que tu as passé une bonne journée à l’école” obtiendra de la vraie affection avec beaucoup plus de sincérité et de constance.

Lo Ti’hbé, qui signifie littéralement « il ne devra point s'éteindre », a été interprété par les maîtres de la ‘Hassidout ainsi : “éteint le non”, c’est-à-dire “annule le négatif”.

Quand on entretient du véritable amour pour Hachem, alors on obtient le Lo Ti’hbé - le négatif (qui se trouve dans nos vies) s’éteint.

Il est écrit dans le Talmud que la puissance du Bien est 500 fois supérieure à celle du mal. En d’autres termes, une action effectuée par amour est 500 fois plus solide qu’un acte réalisé sous la contrainte. David Hamélèkh dit également : “Eloigne-toi du mal et fais le bien.” S'éloigner du mal n’est pas suffisant si on ne s'évertue pas à faire le bien autour de nous.

Cette Paracha correspond souvent à celle de Chabbath Hagadol, le Chabbath précédant Pessa’h, célébrant le sacrifice pascal que les Bné Israël ont réalisé avant de sortir d’Egypte. Hachem leur a demandé : « Retirez et prenez-vous des agneaux »[2]. Ce qui signifie : Retirez vos mains de l’idolâtrie et prenez pour vous des agneaux, de cette manière, tuez les dieux d’Egypte et préparez-vous à sortir d’Egypte ; ce n’est qu’en accomplissant cela que l’Eternel passera au-dessus de vous[3].
Le sacrifice de l’agneau était nécessaire pour que les Juifs sortent d’Egypte. Pourquoi ? Pour la même raison que nous venons d'expliciter. Rejeter les dieux égyptiens revenait à se concentrer sur le négatif qui est en eux. Il fallait que les Juifs fassent une action positive ancrant en eux le véritable amour pour Hachem afin de sortir d’Egypte. En plus du rejet des dieux égyptiens, ils s’employaient activement à exécuter quelque chose pour Hachem ! C’est ainsi qu’ils ont pu sortir d’Egypte avec de l’amour pour Hachem présent dans leur cœur. Comme la Paracha l’a dit, le sacrifice (de l’agneau pascal) n’était pas suffisant tout seul : il fallait aussi le feu (l’amour) afin de sortir d’Egypte.
Que nous ayons le mérite, cette année, de sortir de notre propre Egypte avec des bonnes résolutions, mais surtout avec un amour grandissant et toujours plus puissant pour Hachem.


[1] Vayikra (6,6)

[2] Chemot (12,21)

[3] Midrach Rabbah – Exode (16 :2)