Le concept de Tsniout est souvent perçu comme une entrave à la féminité. Pourtant, comme nous allons le voir, ce sont deux notions intimement liées.

En quoi consiste la féminité ?

La Guémara Nidda dit au sujet de la femme qu’elle a un lien naturel très fort avec le Divin. Chez elle, plus que chez l’homme, matière et spiritualité sont particulièrement liées. Cela a pour conséquence que, si elle sait se préserver, cette dimension spirituelle transparaîtra dans toute sa façon d’être.

Le Maharal décrit la femme comme créée avec une âme plus finie. Cela se traduit par une très grande sensibilité spirituelle ainsi qu’une proximité innée avec la volonté Divine. C’est pourquoi elle remercie D.ieu chaque matin de l’avoir créée selon Sa volonté.

La féminité est caractérisée par le Hé de Icha (le Hé étant composé d’un Dalèth et d’un Youd). Selon le Maharal, le Hé symbolise la capacité d’utiliser le monde matériel (Dalèth) dans un but spirituel (Youd).

La femme est, comme le Cohen Gadol auquel elle est comparée, garante de la spiritualité de sa maison. Ainsi, ses trois Mitsvot (commandements) spécifiques ressemblent à celles du Cohen :

1) Le prélèvement de la ‘Halla, considéré comme un sacrifice, symbolise cette capacité d’élever le matériel vers un but spirituel, autrement dit, de faire de chaque geste quotidien dans la maison un rapprochement vers le Créateur.

2) Les bougies de Chabbath symbolisent l’atmosphère spirituelle que la femme sait faire régner dans sa maison. Elle a le don de transmettre à tout un chacun la Emouna (foi en D.ieu), ainsi que l’amour de la Torah et des Mitsvot, avec affection, charme, et douceur. Cette douceur est justement une des caractéristiques de la féminité (Icha et Dvach/miel ont la même valeur numérique !). Et ce n’est pas par hasard que la femme a été créée avec une voix plus faible. Douceur et patience, reflets de sa force intérieure, sont les atouts qui donnent à la femme le pouvoir d’influencer son mari. La Torah témoigne de cette faculté : lorsqu’Hachem demande à Moché de transmettre la Torah, Il lui demande de s’adresser en premier aux femmes, parce qu’elles sauront influencer leurs maris et éduquer leurs enfants. A l’opposé, une femme qui s’impose par la force extérieure, élevant la voix ou faisant pression sur son conjoint, perd ce don d’influencer, en même temps que sa féminité.

Un langage doux et raffiné a-t-il sa place à notre époque, qui a introduit les mots les plus grossiers dans le dictionnaire ? Comme l’explique Rabbénou Yona, non seulement le langage définit la personne, mais il a également le pouvoir de façonner la personnalité. Il convient donc de s’exprimer avec le plus de délicatesse possible, pour pouvoir parvenir à se perfectionner.

3) La troisième Mitsva spécifique de la femme est liée à la notion de Kédoucha : il s’agit de l’élévation de la matière au service du Divin. La Femme est comparée au Cohen Gadol par sa grande Kédoucha (sainteté) et son rôle si élevé. Elle a donc, comme lui, des lois très précises concernant son habillement et sa conduite du fait de la dignité de son rang , « noblesse oblige » ! De plus, à l’exemple du Cohen Gadol qui se paraît particulièrement pour le « Saint des saints », c’est pour l’intimité de son foyer, petit Beth Hamikdach, qu’elle gardera ses plus beaux atours.

Par contre, à l’extérieur de la maison, elle devra allier raffinement et discrétion. Elle veillera ainsi à ce que son apparence n’efface pas sa splendeur intérieure, mais, au contraire, témoigne de sa valeur. La femme est comparée à la Torah, elle représente, comme elle, la dimension Divine dans ce monde. Les lois de Tsniout conduisent la femme à préserver ce rayonnement naturel en gardant une apparence, un langage, et un comportement nobles et raffinés, dignes de son rôle précieux : rappeler au monde son but spirituel !

A une époque où l’on veut contenir l’être humain dans sa seule dimension physique et impulsive, réduisant l’être au paraître et l’âme au silence, nous voyons un éveil des femmes à la Tsniout et aux valeurs authentiques et véritables. Ainsi pourra se réaliser, avec l’aide de D.ieu, la promesse de la prochaine délivrance par le mérite des femmes méritantes de la génération !