Quelle joie pour Ya’acov d’avoir retrouvé son fils Yossef qu’il pensait avoir perdu à tout jamais !

Yossef avait été vendu par ses frères et ceux-ci avaient fait croire à Ya’acov que Yossef avait été tué, dévoré par une bête sauvage. Quelques années plus tard, Ya’acov a le bonheur immense de retrouver son fils chéri et de le voir - de façon si inattendue - à la tête de l’Égypte, la nation la plus puissante du monde. Il est surtout heureux de constater qu’il est encore proche de D.ieu et de Ses commandements. Ya’acov a vécu les 17 dernières années de sa vie en Égypte auprès de son fils Yossef et de tous ses enfants, et ce fut l’époque la plus heureuse de sa vie.

Sentant ses jours toucher à leur fin, il demande à son fils Yossef de lui promettre qu'il l'enterrerait en Israël. Puis, il bénit individuellement chacun de ses fils, et par ce biais, assigne aux descendants de chaque tribu un rôle spécifique au sein du peuple juif. Les rois du peuple juif descendront de Yéhouda (“Le sceptre n'échappera point à Yéhouda[1]”). Issakhar donnera naissance aux érudits en Torah. Lévi engendrera les prêtres qui serviront au Temple ; de Chim'on descendront les enseignants ; de Zévouloun, les hommes d’affaires...

Quant à Acher, il lui dit : “De Acher, viendra une nourriture grasse (Chména)”. Le Midrach[2] nous révèle un autre sens derrière cette bénédiction : Chména, qui veut dire “gras” en hébreu, est à rapprocher du mot Chmoné, qui veut dire “Huit”. Qu’est-ce que cela signifie ? Acher aura parmi sa descendance des enfants qui porteront huit vêtements, à savoir les huit vêtements portés par le Cohen Gadol.

C’est surprenant ! Nous avons vu que les Cohanim, les prêtres, descendront de la tribu de Lévi, pas de Acher.

L’explication est la suivante : bien que les prêtres seront issus de la tribu de Lévi, en revanche, les filles d'Acher se marieront avec des Cohanim, et ainsi, leurs enfants seront eux-mêmes des Cohanim, et d'entre eux, de nombreux Cohanim Guédolim, grands prêtres, descendront. Maintenant, nous comprenons mieux la bénédiction pleine de sens de Ya’acov !

Mais on peut se demander pour quelle raison ces mariages seront favorisés ? Et bien, les filles d'Acher étaient en fait tellement belles que les célibataires de toutes les tribus voulaient les épouser. De ce fait, elles avaient l'embarras du choix pour choisir leur conjoint et choisissaient donc des hommes de la plus haute stature, les grands prêtres.

Mais n'est-ce pas étrange, tout de même, pour le Cohen Gadol, c’est-à-dire l’homme le plus saint de tout le peuple juif, de choisir une femme parce qu’elle est belle ?!

En fait, quand la Torah met en exergue la beauté d'une femme juive, il s’agit d’une beauté profonde, d'une beauté intérieure. “La gloire des princesses d'Israël se trouve à l'intérieur”[3]. La discrétion qui caractérisait leurs actes et leur conduite leur conférait une aura splendide. D’où la beauté si spéciale qui émanait de leur être tout entier.

En fait, cette caractéristique correspondait parfaitement au Cohen Gadol. Il était le seul à avoir accès, une fois par an, le jour de Yom Kippour, aux Tables de la Loi sur lesquelles étaient gravées les Dix Commandements, et qui se trouvaient dans le Kodech Hakodachim, la pièce du Beth Hamikdach accessible seulement à lui, en ce Jour Saint. Ces tables étaient “gravées” afin de nous faire comprendre que l’engagement envers Hachem doit être si profond et si authentique qu’il doit être gravé dans la chair. C’est le message que devait véhiculer le Cohen Gadol au peuple juif chaque année après être rentré en contact avec les Tables de la Loi gravées.

“Le service divin ne peut pas être superficiel ! Vous devez graver votre amour d’Hachem dans votre corps, dans votre chair, comme ces tables qui sont gravées elles aussi ! Vous devez servir Hachem, pas seulement avec votre esprit, mais votre corps aussi doit servir Hachem” : voici les messages qui étaient transmis par le Cohen Gadol aux Bné Israël chaque année à Yom Kippour, après être rentré en contact avec les Tables de la Loi.
De même, la beauté des filles de Acher, à la fois physique et spirituelle, faisait le lien entre le corps et l’esprit. Elles étaient donc les épouses les plus adaptées au message véhiculé par le Cohen Gadol, car elles incarnaient cette idée de lier le corps et l’esprit, de lier la matérialité à la spiritualité, afin de servir Hachem de façon entière et complète.

Enfin, les filles de Acher n’étaient pas que des épouses très dignes, elles étaient également des mères remarquables. Portant en elles les valeurs de modestie et d’authenticité, ce sont les valeurs qu’elles ont naturellement transmises à leurs enfants. De chercher à vouloir plaire à Hachem en permanence - et non pas aux hommes -, de faire de la beauté un outil inspirant tout en gardant les limites, et de graver l’amour d’Hachem au plus profond de leur être, étaient quelques-uns des messages essentiels transmis par les filles de Acher à leurs enfants.
Pas étonnant qu’elles aient mérité d’avoir parmi leur descendance des enfants d’une si haute stature et d’une si grande sainteté.

Et c’est ce que nous souhaitons à toutes les mamans : qu’elles aient, elles aussi, le mérite de graver dans le coeur de leurs enfants un amour authentique et débordant pour Hachem de la façon la plus authentique, la plus vraie et la plus splendide qui soit !

Inspiré du Rabbi de Loubavitch Likouté Si’hot, vol. 1, p. 109–110.


[1] Béréchit (49,10)

[2] Midrach Rabba (Béréchit)

[3] Téhilim (45,14)