A l'occasion de la Hiloula de Ra'hel Iménou le 11 ' Hechvan (ce 15 octobre) pendant laquelle notre Yéchiva priera pour toutes vos demandes depuis le Tombeau, voici un article qui nous rappelle le mérite de pouvoir accéder au Tombe de notre matriarche Rachel, ce qui n'a été possible qu'étape par étape depuis des décennies.
 

Même pendant les périodes les plus difficiles de leur histoire, les Juifs ont toujours fait leur pèlerinage sur le tombeau de Ra’hel Imeinou, (Rachel) à Bethléem. Mais aujourd'hui, grâce aux efforts de militants dévoués, ce sont des milliers de Juifs qui peuvent effectuer cette émouvante visite.

Une de ces militantes est Myriam Addani, de Bayit Vegan, fondatrice et directrice du Fonds pour le Kever Ra’hel et présidente de l'association " Yech Sa'har liféoulate'h ", qui œuvre inlassablement à la préservation de l'accès juif au Kever Ra’hel et au maintien d'une présence juive en ce lieu.

Il n'a pas été facile de rencontrer Myriam Addani, mère de sept enfants qui est occupée jour et nuit par sa famille et par le Kever Ra’hel ; la première fois que nous l'avons contactée, elle préparait la visite au Kever Ra’hel du Rebbe de Sanz, qui est arrivé une demi-heure plus tard, accompagné de centaines de 'Hassidim... Pendant notre interview, elle a été interrompue plusieurs fois par des appels de l'Agence juive, qui rénove le site, et qui avait besoin de l'autorisation de la police pour effectuer des changements sur les lieux. En quelques minutes, Mme Addani a obtenu l'autorisation nécessaire : " Tout a commencé il y a 16 ans, raconte Myriam Addani, lorsque j'ai voulu faire quelque chose pour le Klal Israël. J'ai organisé une grande conférence à Jérusalem avec quelque 3 000 femmes, sur le sujet de l'unité d'Israël. À l'issue de cette réunion, nous avons décidé de travailler sur un sujet qui fasse l'objet d'un consensus pour tous les Juifs, et nous avons choisi le Kever Ra’hel ".

C'est ainsi que le Fonds Kever Ra’hel a organisé chaque Roch Hodesh (début du mois) des prières récitées tous les Roch 'Hodech sur le site. Initialement, elles étaient réservées aux femmes, mais par la suite des hommes ont créé leurs propres mynianim.

Un sondage " secret "…

En 1996, Mme Addani a reçu un appel téléphonique du New Jersey. Son interlocutrice était Susan Roth, directrice de la Fondation Eshet 'Hayil, qui voulait offrir un Sefer Torah pour le Kever Ra’hel.

Après l'inauguration du Sefer, Mme Roth a rappelé, cette fois pour prévenir Myriam Addani que le gouvernement israélien allait réaliser un sondage, afin de déterminer combien de personnes se rendaient sur le Kever Ra’hel, afin d'évaluer l'importance du site pour le public.

Mme Addani fut surprise d'être informée de ce sondage secret, surtout de la part d'une femme américaine. " Alors que dois-je faire ? " demanda-t-elle. " Organisez des autobus gratuits pour aller au Kever - c'est nous qui financerons ", lui répondit Mme Roth.
Aussitôt dit, aussitôt fait. Myriam Addani organisa des autobus gratuits, depuis le quartier de Guéoula à Jérusalem, plusieurs fois par jour. L'initiative rencontra un succès immédiat : ce mois-là, plus de 12 000 Juifs se rendirent sur le kever, ce qui incita le gouvernement à maintenir le site ouvert 24 heures sur 24 !

Ce fut un tournant dans l'histoire du Kever. Selon le professeur Yossef Yoel Rivlin, le Kever était auparavant ouvert la veille de Roch 'Hodech seulement, pour la journée anniversaire du décès de Ra'hel (11 Mar'hechvan) et au mois d'Eloul. Par la suite, il fut ouvert tous les jours, mais seulement jusqu'à 16h. À présent, il est ouvert toute la journée et la plus grande partie de la nuit.

L'accès au " Kever Ra’hel " pendant la deuxième Intifada

Lorsque la deuxième Intifada a éclaté, à Roch Hachana 2000, le ministère des Affaires religieuses israélien a décidé de fermer le Kever Ra’hel. 

Au cours de la deuxième semaine de l'Intifada, des Arabes de Sche’hem( Naplouse) avaient attaqué le Tombeau de Yossef, tuant le garde-frontières Mad'hat Youssef et brûlant le site, qu'ils ont ensuite transformé en mosquée. Les Palestiniens ont alors déclaré que leur prochaine cible était le Kever Ra’hel.

Presque toutes les nuits, des échanges de tirs avaient lieu entre les terroristes palestiniens et l'armée israélienne, autour du site. Les Palestiniens étaient excités par les articles des médias appelant à " libérer " la mosquée Ibn Rabakh, nom arabe du Kever Ra’hel, et par les sermons dans les mosquées, qui parlaient du Kever comme de " la prochaine pierre à retirer de l'édifice sioniste "...

Il semblait que le Klal Israël allait laisser le Kever Ra’hel lui échapper, et les Juifs du monde entier semblaient impuissants. Mais certains d'entre eux ne sont pas restés passifs. Comme ce groupe de femmes, qui installèrent un camp de tentes au carrefour de Guilo, et organisèrent des prières quotidiennes pendant huit mois entiers, y compris le chabbat, jusqu'à ce que le Kever soit sauvé.

" Leur protestation ne fut pas répercutée dans les médias, mais elle fut certainement entendue dans le Ciel ", déclare Myriam Addani. Le matin du 11 Mar 'hechvan - le Yahrzeit de Ra’hel Iménou - un groupe de femmes se mit en route depuis le carrefour de Guilo pour atteindre le Kever. Aucun soldat ne les arrêta sur le chemin, croyant sans doute qu'elles avaient reçu l'autorisation de l'armée. En arrivant sur le site, elles trouvèrent le kever fermé, et gardé par un soldat. Celui-ci accepta de les laisser prier et leur ouvrit la porte. Les femmes fondirent en larmes. " Ra’hel, tes enfants sont venus te voir ! Pourquoi ce site sacré est-il vide, le jour de ton Yahrzeit ? "

" Une maison privée de mère ne sera jamais la même chose "

Ne constatant aucun signe selon lequel l'armée avait l'intention d'ouvrir le Kever Ra’hel, Mme Addani décida de contacter le colonel Marcel Aviv, commandant de Tsahal pour la région de Bethléem, et demanda à le rencontrer : " Êtes-vous liée à un mouvement de femmes de droite ? ", lui demanda ce dernier avec suspicion. " Pas du tout, j'habite à Bayit Vegan, je suis enseignante et mère de sept enfants ", lui répondit-elle.

Le colonel accepta de lui donner un rendez-vous. En arrivant à son bureau, Mme Addani fut surprise de constater qu'il avait également convoqué des responsables de l'armée, de la police et des membres de la Knesset. Comme elle ne représentait aucun groupe officiel, elle comprit qu'elle n'aurait pas voix au chapitre lors de la réunion, alors même qu'elle en était l'initiatrice. Tous les participants mentionnèrent le danger d'ouvrir le kever en pleine Intifada, et conclurent qu'il devait rester fermé. Myriam Addani demanda alors au colonel Aviv de prendre la parole, et de dire quelques mots. " Israël est la maison de tous les Juifs du monde entier, et une maison privée de mère ne sera jamais la même chose ! " s'exclama-t-elle avec émotion. " Les gens s'y rendent et prient pour leurs malades, pour leurs besoins et pour ceux du Klal Israël. S'il vous plaît, laissez les enfants de Ra’hel prier sur la tombe de leur mère ! ", les implora-t-elle.
Il y eut un long silence dans la pièce, puis le colonel Aviv répondit : " D'accord, le tombeau restera ouvert, mais nous n'avons pas d'argent pour payer les autobus blindés pour les visiteurs ". Mme Addani s'empressa de saisir la perche qui lui était tendue : " Ouvrez le site, et je me charge des autobus ", déclara-t-elle.

Aviv acquiesça et Mme Addani appela immédiatement Mme Roth pour l'informer de la décision. En un bref délai, les dispositions furent prises, et des autobus blindés transportèrent les fidèles jusqu'au kever, aller-retour.

À l'intérieur de la barrière de sécurité…

Les visiteurs du Kever Ra’hel aujourd'hui peuvent constater qu'il se trouve du côté israélien de la barrière de sécurité. Mais cela est dû à un changement de dernière minute, car le kever a failli être laissé en dehors de la barrière, au milieu de la zone contrôlée par l'AP. Après la guerre des Six Jours et la libération du site, le Premier Ministre de l'époque, Levi Eshkol, donna ordre à son ministre de la Justice d'inclure le kever dans les limites municipales de Jérusalem. Ce dernier en référa au ministre de la Défense, Moshé Dayan, qui s'opposa à l'inclusion du kever dans la juridiction de Jérusalem. En fin de compte, la commission ministérielle qui aborda le sujet rejeta l'opinion du Premier Ministre. À cette époque, le fait de laisser le Kever Ra’hel en dehors des limites de Jérusalem n'avait pas une grande importance. Mais en 2002, la situation a changé du tout au tout. Selon les plans originels, la barrière de sécurité devait passer à 200 mètres du Kever Ra’hel. Ehoud Olmert, alors maire de Jérusalem, fit pression sur les responsables de l'armée pour qu'ils laissent le kever à l'intérieur de la barrière. Ceux-ci rétorquèrent qu'une telle modification exigerait la destruction de 40 maisons palestiniennes, ce qui entraînerait un " désastre en matière de relations publiques ". La divergence de vues fut résolue en fin de compte par l'intervention de Shimon Pérès, alors ministre des Affaires étrangères. Celui-ci se rendit sur le site, accompagné du grand rabbin de Jérusalem, Its'hak Kolitz, pour évaluer la situation. Il recommanda ensuite au Premier Ministre Ariel Sharon de laisser le Kever Ra’hel à l'intérieur de la barrière de sécurité, soulignant que le site n'était qu'à 480 mètres de la capitale.

Sharon accepta cette recommandation et demanda au cabinet de sécurité d'inclure le Kever Ra’hel dans le domaine de juridiction de Jérusalem, et il annonça la construction d'une nouvelle route pour faciliter l'accès au site. En 2006, la nouvelle route était achevée, rendant l'accès au site beaucoup plus facile.

Un accès totalement sûr !

Une fois que le kever se trouva du côté israélien de la barrière, la responsabilité du lieu saint fut transférée de l'armée à la police des frontières. Cependant, toute modification dans l'accès au site nécessitait l'accord de la police.

'Haim Silberstein, président de la Fondation Ra’hel Imeinou, ainsi que les députés 'Hanan Porat et le rav Meir Porush, rencontrèrent à plusieurs reprises le chef de la police de Jérusalem, Aharon Franco, pour lui demander d'autoriser l'accès du site aux véhicules privés non blindés. La police finit par prendre les dispositions nécessaires, et depuis un an, les véhicules privés peuvent accéder au kever directement.

La nouvelle route est protégée par un mur qui la sépare des quartiers palestiniens adjacents : " On ne voit aucune maison palestinienne ", explique Silberstein. Et il n'y a aucun risque de se tromper de route, car la zone est protégée par des soldats et des gardes-frontières. Silberstein s'est fixé pour prochain objectif d'obtenir l'autorisation de la police pour permettre un accès piéton au site, ce qui permettra d'y prier le chabbat et les jours de fête.

Depuis l'inauguration de la nouvelle route, il y a trois ans, le nombre de visiteurs a augmenté de manière significative. Des prières ont lieu trois fois par jour - le matin au Netz, et pour Min'ha et Ma'aariv. Le site est ouvert toute la journée et presque toute la nuit, sauf entre 22h30 et 00h30.

Remercier notre mère Ra’hel

Mme Addani ajoute que parmi les nombreux visiteurs du kever, certains viennent pour remercier Ra’hel Imeinou : " La semaine dernière, une femme est arrivée au kever avec un bébé de deux semaines. Je lui ai demandé pourquoi elle ne l'avait pas confié à une baby-sitter, mais elle a ri. ' Je suis venue pour remercier Ra’hel Imeinou pour mon bébé, après quinze ans de mariage ", a-t-elle expliqué.

Une autre fois, elle a vu une kala, portant sa robe de mariage, et priant avec ferveur sur le kever. " Je me marie aujourd'hui ", a-t-elle raconté à Mme Addani. " Je ne pouvais pas aller sous la 'houppa sans avoir remercié Ra’hel Imeinou pour mon chiddou'h, que j'attendais depuis si longtemps… "

Mme Addani se souvient aussi d'un appel reçu pendant l'Intifada. Au bout de la ligne se trouvait un homme de ‘Haïfa, qui voulait savoir comment arriver au kever. " J'ai le regret de vous informer que le kever est fermé, en raison de la situation sécuritaire ", a-t-elle répondu. " Mais je dois me rendre là-bas ", implora-t-il. Finalement, après plusieurs appels téléphoniques, Mme Addani revint vers lui et lui annonça que, s'il arrivait d'ici quelques heures à Bné-Brak, il pourrait se joindre au Rebbe de Nadvorna, qui avait reçu une autorisation spéciale pour prier sur le site.

Après l'avoir remercié chaleureusement, il lui raconta son histoire. Quelques années auparavant, sa femme était tombée malade. Sa situation se détériora, au point que les médecins lui dirent qu'il n'y avait plus d'espoir et que ses jours étaient comptés. Il devint fou d'angoisse, ne sachant pas vers qui se tourner.

Sortant de l'hôpital, il arrêta un taxi et lui demande d'aller au Kever Ra’hel. Deux heures plus tard, il épanchait son cœur devant Ra’hel Imeinou, l'implorant de sauver sa femme. Lorsqu'il revint à l'hôpital, le docteur l'attendait à l'entrée de la salle. " Où étiez-vous, je vous cherchais.. ", lui dit le médecin. Il s'attendait déjà au pire, mais le docteur poursuivit : " Un de nos médecins a peut-être trouvé un remède pour votre femme, et nous avons besoin de votre autorisation ".

Et de fait, le remède réussit au-delà de toute attente et, au bout de quelques mois, la femme fut libérée de l'hôpital : " Chaque année, le jour où ce miracle s'est produit, je prie au Kever Ra’hel pour la remercier de ce miracle, et je ne pouvais me soustraire à cette habitude cette année aussi ", conclut-il.