Une étude récente, publiée dans la revue Biological Psychiatry et menée par Rachelle Yehuda de l’hôpital Mount Sinaï de New York, semble confirmer une évolution concernant la transmission du caractère génétique des survivants de la Shoa à leur descendance. Il semblerait donc que le stress lié à leur traumatisme se transmette à leur progéniture, et peut-être également à la génération suivante.  

Effectivement, après une analyse plus approfondie sur les enfants des survivants, il s’avère que la région du gène lié au stress puisse être affectée sans que l’enfant lui-même n’ait eu à subir un quelconque traumatisme. D.ieu seul sait à quel point les numéros gravés dans la chair des rescapés de la Shoa ont pu les marquer au plus profond de leur être.

Or, d’après ce que la science en disait jusqu’à présent, l’hérédité n’était censée passer que par les gènes contenus dans l’ADN, sans aucune autre forme d’influence extérieure.

Pourtant, il semblerait bien que nos gènes opèrent des mutations grâce à des balises chimiques qui se fixent à l’ADN, et qui captent les influences environnementales. L’expérience empirique des êtres humains s’inscrirait donc en l’homme par l’intermédiaire du passage de ces balises.

Cependant, d’après les chercheurs, il est encore difficile de savoir comment ces balises se transmettent, étant donné que l’information génétique contenue dans la semence de l’homme ou de la femme est supposée être nettoyée juste après le processus de fécondation, filtrant ainsi les influences de l’environnement (on parle d’hérédité épigénétique).

Mais d’après les Sages de la Torah, le but ultime de l’accomplissement des Mitsvot réside dans le Tikoun Hamidot, ce qu’on pourrait traduire de manière précaire par le perfectionnement de ses traits de caractère.

En d'autres termes, de la même façon qu'un rescapé de la Shoa transmet un traumatisme vécu à sa progéniture, il paraîtrait évident de pouvoir envisager la passation de traits de caractère positifs.
 

La transmission volontaire

Le roi Salomon déclara avec sagesse : « Un bon renom est préférable à l’huile parfumée, et le jour de la mort est préférable au jour de la naissance. »

L’homme évolue donc, il ne vient même au monde qu’à cette fin. S’imprégner avec intensité des instants que l’on vit, s’y plonger réellement sans se laisser parasiter, profiter pleinement de l’influence d’une rencontre et d’une Brakha que l’on prononce, et s’engager sensiblement dans les actes que l’on accomplit sont  des façons certaines de laisser un impact sur notre façon d’évoluer et de réagir face à notre environnement.

Le travail Pnimi (intérieur) ainsi que la façon dont nous intégrons ce que nous vivons avec profondeur nous façonnent progressivement.

Mais que disent nos textes ? Y a-t-il une certification de la Torah attestant de la possibilité de cette modification de notre nature ?

Le Talalé Orot, sur la Paracha ‘Hayé Sarah (p .24), demande : « Pourquoi Avraham Avinou a-t-il écarté l’éventualité de marier son fils Its’hak à une fille de Canaan, et toléré une fille du peuple d’Aram alors que les deux peuples pratiquaient l’idolâtrie ? »

Il répond au nom des décisionnaires médiévaux que les filles de Canaan avaient des Midot (traits de caractère) particulièrement détestables, et que ces souillures générées par leurs mœurs se transmettaient en héritage de père en fils. Cependant, les filles d’Aram n’étaient corrompues que dans leur façon de penser, mais leur essence n’était pas dénaturée.

Par ailleurs, dans la Paracha Noa’h, D.ieu anéantit la génération du déluge mais épargna la génération qui suivit, celle de la Tour de Babel. Bien que celle-ci se rebella contre D.ieu en érigeant cette tour, D.ieu les dispersa simplement à travers le globe (Mikdach Mordekhaï au nom des décisionnaires médiévaux).

La raison à cela est que la génération qui précéda le déluge était totalement corrompue et héréditairement irrécupérable. Il ne pouvait plus rien en sortir de bon, ce qui n’était pas le cas de la génération de la Tour de Babel.
 

Un secret de polichinelle

Il est aussi rapporté dans Chémot (l’Exode) que D.ieu dut intervenir « en hâte » pour faire sortir les Bné Israël d’Egypte, car s’ils avaient atteint le cinquantième degré d’impureté, ils auraient été perdus.

Lors de la révélation de la Torah au mont Sinaï, D.ieu prononça les deux premiers commandements. L’intensité de cet événement fut si grandiose que cela provoqua la mort des Bné Israël, qui furent ensuite immédiatement ressuscités. De cette façon, Hakadoch Baroukh Hou, qui avait élevé les Bné Israël au cinquantième degré de pureté, s’assura que leur résurrection intègre ce nouveau patrimoine héréditaire, afin qu’ils puissent le transmettre à leur descendance au fil des générations.

Ainsi, ce qui semble avoir mis si longtemps à être envisagé par les scientifiques n’est qu’un secret de polichinelle pour la Torah. En réalisant pleinement son potentiel et en s’évertuant à s’améliorer, l’homme transmet de nouvelles forces à ses enfants qui, à leur tour, peuvent faire hériter leur descendance de propensions enrichies.

Aussi, c’est en perpétuant cet objectif suprême que nous contribuerons au Tikoun Haolam, c’est-à-dire à parfaire le monde en réalisant sa réparation.