Suite à la disparition du Rabbin Claude Lemmel il y a quelques jours, le Rav Mordékai Bitton a souhaité écrire ces quelques lignes.

Il était une fois un juif qui décida que c’en était assez ; assez d’ignorance, assez de souffrances, assez de solitude, assez d’enfants plantés, assez d’enfants ballotés et allez savoir, assez de quoi….

Il décida de s’occuper des enfants d’une école tranquille dans un coin de rue du 16ème arrondissement de Paris, là où grandissent des enfants qui ont besoin de savoir. C’est ici que j’ai connu un homme qui me proposait de venir manger « cachère » alors que je travaillais dans une agence immobilière du coin. Un homme calme, pondéré, ferme et humain qui enseignait à des bambins le Birkat hamazone, un peu de Torah et les bonnes manières. Il aurait pourtant bien mérité une chaire dans le département des hautes études en sciences sociales ou en psychologie ; vous savez…Là où règnent parfois des orgueilleux qui se prennent pour des grands. Lui, le grand cœur, le grand sage, le grand généreux avait préféré des bambins, parce que c’est là qu’on plante le mieux et le plus.

Comment un homme si intelligent a décidé de s’occuper de nous, des enfants, du peuple, des gens, du tout-venant ?

C’est parce qu’il connaissait l’immense valeur de chaque humain, de chaque âme d’Israël. Il a compris où se trouvait la vraie grandeur : faire grandir toutes celles et tous ceux qui l’approchaient par son enseignement, par son exemple, par son 'Hessed et sa disponibilité. Il était l’adresse de tous les secrets, de toutes les souffrances. Il était l’oreille des juifs de France. Une écoute qui savait guider et conseiller.

C’est ainsi qu’il lança les séminaires Arakhim en France. Combien de milliers de juifs sont revenus vers nos sources grâce à son action ? C’est un décompte semblable aux étoiles du ciel : celles et ceux qui sont venus, celles et ceux qui ont entendu et celles et ceux qui ont entendu celles et ceux qui sont venus. C’est une infinité de gens, de vies, d’heures et d’instants consacrés à la Torah et aux Mitsvot qui viennent d’une décision : « je vais leur expliquer, je vais leur montrer, je vais les aimer et je vais leur faire goûter ! »

Ce ne sont que quelques mots pour un homme et une action, pour une présence qui était si chargée de 'Hessed que l’on peut lui appliquer cette sentence de nos Sages : « Les tsadikim sont appelés vivants même après leur mort ».

Que son souvenir soit une Brakha et qu’il soit Mélits Yochèr pour nous tous, orphelins d’un juif d’une autre époque, qui savait parler aux juifs de toutes les époques.