A situation inhabituelle, réaction exceptionnelle.

La Rabbanite Pénina Ohana de la ville d’Achdod, devait accompagner son fils Itamar sous la ’Houpa (dais nuptial) le lundi 26 mars 2012, mais le samedi soir précédent elle a succombé à une crise cardiaque soudaine.

Selon la Halakha, une personne en deuil de son père ou sa mère ne peut pas se marier pendant les 30 jours qui suivent, donc pas question de se marier avant Pessa’h, qui tombait le 7 avril. Mais, après cette fête commençait une période de deuil qui s’étend jusqu'à Lag Ba’omer, selon la coutume des Séfaradim.

La famille a donc rapidement questionné le décisionnaire halakhique de notre génération, le Rav ’Ovadia Yossef, pour lui demander s’il fallait repousser le mariage jusqu’après Lag Ba’omer. Il a répondu qu’il fallait le célébrer de suite après Pessa’h, pendant un période où d’ordinaire, les mariages sont interdits.

La famille a alors demandé au Rav d’écrire son Psak (décision) afin de le présenter aux services du rabbinat, de sorte qu’ils s’appuient dessus pour l’autoriser officiellement. Il a accepté de le faire tout en précisant qu’il ne faut pas s’inspirer de ce Psak pour des cas ressemblants, chacun étant spécifique.

Ce récit est instructif à plusieurs égards. Il nous éclaire sur :

1°/ La nécessité impérative de ne pas repousser un mariage sans motif grave et en tous cas,  d’en jauger le report. Tant que le mariage n’est pas célébré, peuvent apparaitre de nombreux éléments nouveaux qui risquent au mieux d’en altérer sa joie, au pire de le faire annuler.

2°/ Dans le cas d’un homme n’ayant pas encore accompli la Mitsva de Pérou Ourvou (amener des enfants dans le monde), chaque report du mariage entraine de facto la non-réalisation de ce précepte fondamental. En cette époque pré-messianique, cela prend une dimension accrue : le Talmud (Yébamot 62a) nous enseigne que la Guéoula (délivrance) ne viendra qu’une fois qu’un certain nombre d’âmes juives seront descendues dans ce monde effectuer leur mission. Chaque mariage est donc en potentiel porteur de délivrance pour tout le peuple juif.

3°/ Enfin, la nécessité de se référer au Grands de la Torah, pas seulement pour ce qui est des problèmes strictement techniques comme la cacheroute ou autres, mais aussi pour ceux qui ont une composante humaine importante comme le mariage (les Grands connaissent bien la nature humaine et ses besoins).

Combien d’erreurs souvent lourdes de conséquences, ont été commises en suivant l’avis « d’anciens » biens intentionnés mais pas assez érudits, qui ont imposé de reporter le mariage à une date très lointaine, en brandissant l’argument de respect du défunt.

Qu’Hachem fasse que nous soyons toujours guidés par des dirigeants inspirés par Sa crainte et dotés d’une connaissance approfondie de la Torah.