Il est écrit dans notre paracha : « Les enfants d'Israël se fixeront chacun dans son camp et chacun sous sa bannière, selon leurs légions. » (Bamidbar 1, 52)

Le Midrach raconte que D.ieu se dévoila au Mont Sinaï, entouré par des légions d’anges, chacune avec son oriflamme. Les Bné Israël envièrent ce cortège, et il leur fut également accordé de se partager en quatre camps de trois tribus chacun, avec un fanion individuel à chaque tribu et de respecter cet ordre autour du Tabernacle, lors du campement ou en escorte lors des déplacements. 

L’importance que la Torah accorde à ce sujet, prouve qu’il ne s’agit pas de quelque chose de trivial.
On raconte à ce sujet la parabole suivante.

Un illustre Admor en voyage fut une fois invité à passer la nuit chez un de ses ‘hassidim. Ce dernier était heureux d’héberger un invité de marque, et sa femme se révéla un véritable « cordon bleu ». Le repas fut servi peu après, et la pièce se remplit d’aromes de salades, de légumes et de fromages de toutes sortes, accompagnés de pains divers, à peine sortis du four.

Le rabbi jeta un regard sur la table croulante de victuailles, et se sentit mal à l’aise.

Il était évident que la maîtresse de maison avait fait de son mieux, et elle attendait certainement de voir l’Admor se régaler. Ce dernier se trouvait devant un dilemme. Il devait goûter de tout pour ne pas vexer ceux qui avaient fournis tant d'efforts dans les préparatifs, mais cela n'allait pas de pair avec la frugalité qui l'accompagnait depuis sa tendre jeunesse, lorsqu'il avait décidé de dévouer sa vie au service divin. Il prit rapidement une décision qui allait sauver l'honneur de la maîtresse de maison, tout en sauvegardant son ascétisme. " Puis-je recevoir un grand bol ? ", demanda-t-il avec un sourire. Il versa un peu de chaque plat et de chaque sauce dans le bol, mélangea le tout avec sa cuillère, et goûta de cette pâte multicolore, en remerciant ses hôtes d'avoir tant fait pour lui…En réalité, ce qu'il avait mangé correspondait exactement à ses exigences, un mélange fade au goût insipide, afin de ne pas s'adonner au délices matériels de la table. 

Le peuple juif est constitué d'une magnifique mosaïque bariolée de prières, de couleurs et de coutumes différentes. Les hala'hot diffèrent chez les 'Hassidim, les Lituaniens, les Séfaradim et les Ashkénazim, sans oublier les Témonim et les Yékim.

Ce puzzle fantastique doit sa beauté et son harmonie au respect mutuel de chaque branche de cet arbre gigantesque qui remonte jusqu'aux patriarches. Chacun doit conserver son drapeau, et 'has vechalom, ne pas se fondre dans un "creuset", comme certains l'ont voulu.

Ce groupe hétérogène, avec à chacun sa bannière, constitue la garantie de la pérennité du peuple juif.