Parmi les différents thèmes qui sont développés dans la Haftara de cette semaine, il est intéressant de s’arrêter sur la métaphore de l’amour conjugal filée tout au long de notre Haftara.

Notons tout d’abord, comme nous l’avons vu, que c’est à travers son couple que le prophète Hochéa a été éprouvé. En effet, il reçoit l’ordre d’épouser une prostituée dont il aura trois enfants, et Hachem lui demandera ensuite de la répudier. Cette demande étonnante de Dieu avait vocation à faire comprendre au prophète l’intensité de l’amour qu’éprouve le Tout-Puissant à l’égard de Son peuple.

En effet, les Sages nous disent que, dans un premier temps, Hochéa n’a pas pris la défense du peuple d’Israël, et qu’il a même suggéré à D.ieu de répudier Son peuple et d’en prendre un autre qui serait plus fidèle aux commandements divins. En lui faisant vivre dans sa propre vie la difficulté de répudier des êtres chers, furent-ils dépravés, D.ieu souhaitait ainsi enseigner au prophète la force de l’amour qui l'unit aux enfants d'Israël.

Hachem confiera ainsi au prophète Hochéa qu’Israël est semblable à Ses enfants, qu’ils font partie des quatre grandes acquisitions qu’Il possède dans ce monde, à savoir : la Torah, les cieux et la terre, le Temple et le peuple d’Israël. Dès lors, comment imaginer que D.ieu puisse se séparer d’Israël ?

Hochea va alors réaliser son erreur et, à la demande de D.ieu, il priera intensément pour que l’Eternel revienne sur les punitions qui avaient été provoquées par la sévérité du prophète.

Les suppliques du prophète seront entendues par Dieu qui reviendra sur Ses décisions, et nous en avons la preuve de notre Haftara qui commence de la manière suivante (Hochéa, 2, 1) : « Il arrivera que la multitude des enfants d'Israël égalera le sable de la mer, qu'on ne peut ni mesurer, ni compter ; et au lieu de s'entendre dire : "Vous n'êtes point mon peuple", ils seront dénommés : "les Fils du D.ieu vivant"».

Cette notion de D.ieu vivant s’oppose naturellement aux cultes idolâtres réprouvés dans notre texte qui sont bien évidemment des statues éteintes, mortes, qui n’ont aucune vitalité.

En revanche, la relation entre D.ieu et Israël se caractérise à la fois par celle d’un père vis-à-vis de ses enfants, mais aussi par celle d’un couple. Or, précisément, l’image du couple, notamment à l’époque des fiançailles, souligne l’un des secrets de la vitalité et de la fraîcheur toujours renouvelée, année après année, siècle après siècle, de la relation entre D.ieu et le peuple d’Israël.

Cet amour qui unit Israël au Créateur du monde est digne de celui que ressentent les fiancés au premier jour de leur union : un amour débordant inconditionnel sur lequel la lassitude de l’habitude n’a aucune prise. C’est là probablement le sens du verset (2, 21) : « Alors, Je te fiancerai à Moi pour l’éternité », que le ‘Hatam Sofer commente en soulignant que l’amour des fiançailles sera toujours aussi fort à travers l’histoire entre D.ieu et son peuple, et que rien ne pourra en diminuer l’intensité.

Les versets sur lesquels se concluent notre Haftara sont restés célèbres et ont été intégrés au rituel de nos prières. Certains les récitent notamment lorsqu’ils nouent trois fois la lanière des Téfilines autour du doigt, acte qui rappelle symboliquement l’anneau qu’échangent entre eux les jeunes mariés. Ces versets évoquent les fiançailles entre l’Eternel et Son peuple (2, 21-22): « Alors, Je te fiancerai à Moi pour l’éternité, tu seras Ma fiancée par la droiture et la justice, par la bonté et la miséricorde ; Ma fiancée en toute loyauté, et alors tu connaîtras l’Eternel ».

Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur le secret de la longévité et de l’éternité du peuple d’Israël. Ce miracle a été rendu possible notamment grâce à la vigueur de la foi qui se loge en chaque juif et qui n’a jamais perdu de sa force en dépit des vicissitudes de l’histoire, de l’assimilation et des différences de pratiques.

Certes, cette foi n’est pas toujours consciente, elle n’entraine pas une pratique homogène à travers le peuple ; mais elle se caractérise par une étincelle, un point intérieur qui se loge en chaque juif. A travers les différents évènements de la vie, chacun fait l’expérience d’un « sentiment » spirituel intense, d’une « faille » intérieure débordante qui aspire à retrouver sa Source et à se rattacher au Emet, à la vérité.  

Cette dimension intérieure de l’être possède une force indescriptible, elle incite l’homme à lever les yeux vers le Ciel et l’encourage fortement à se rapprocher d’Hachem. Ces moments où vibre notre point intérieur provoquent pour certains des changements radicaux de vie, tandis que pour d’autres, ils n’ont pas de conséquence concrète ; mais pour tous, ils témoignent de son existence et de son intensité.

La promesse d’un amour intense et éternel qu’évoque le prophète dans notre Haftara a probablement partie liée à ces sentiments parfois fugaces qui nous traversent, et qui nous rappellent la relation privilégiée que nous entretenons avec l’Eternel. A nous de savoir répondre à l’amour inconditionnel qu’Hachem nous porte, notamment par les chemins qu’Il nous suggère comme « la droiture, la justice et la bonté », et qui nous permettront de connaître le « grand jour » évoqué par Hochéa où le Machia’h viendra nous délivrer, rapidement, de nos jours.