La Paracha de cette semaine nous apporte plusieurs dénouements, le premier étant celui des péripéties vécues par Yossef depuis sa vente par ses frères alors qu’il avait 17 ans. Les Parachiot précédentes nous ont indiqué à la fois sa réussite extraordinaire, mais aussi les fausses accusations et l’ingratitude des hommes qui lui ont valu des années de souffrances.

A présent, notre Paracha nous révèle le plan divin miraculeux qui se déployait derrière cette succession de péripéties : préparer la nomination de Yossef au poste de vice-roi d’Egypte, la plus grande puissance de l’époque.

Le deuxième dénouement est celui du drame familial vécu par la famille de Yaakov depuis la disparition de Yossef. Notre Paracha nous introduit les futures retrouvailles entre Yossef et sa famille, et le sauvetage de celle-ci face à la menace de famine qui sévissait en Canaan.

Enfin, le troisième dénouement réside dans l’accomplissement de la promesse faite à Avraham lors de la « Brit Ben Habétarim - l’Alliance entre les morceaux ». En effet, cette promesse prévoyait une période d’asservissement dans un pays étranger qui contribuerait à forger la future nation d’Israël, lui permettant ainsi d’accéder à son destin national, de recevoir la Torah et d’hériter de la terre d’Israël.

La Paracha de cette semaine vient donc mettre un terme aux souffrances personnelles et familiales connues depuis plusieurs années par la famille de Yaakov et Yossef. Voilà pourquoi nos Sages nous enseignent que le titre de la Paracha, « Mikèts », peut s’interpréter dans différentes directions. Il signifie d’une part, selon le sens littéral, « le terme » des deux années d’emprisonnement depuis l’interprétation du rêve du maître échanson, mais aussi, selon notre tradition, le terme de l’obscurité qui s’était abattue sur la famille de Yaakov : « Kets Sam La’hochèkh - Il met fin à l’obscurité ».

Il s’agit là d’une leçon de vie essentielle à retenir à tous les niveaux. L’obscurité, l’incompréhension, le sentiment d’injustice ou d’absurdité ne sont jamais les derniers mots de l’histoire. Ils peuvent être des étapes aux destins individuels ou collectifs, mais ils sont toujours appelés à être dépassés par une logique supérieure qui éclairera rétroactivement ce qui a été vécu.

L’obscurité existe, certes, les passages de la Torah que nous venons de lire en témoignent, mais elle n’est pas une fatalité, un horizon indépassable. Elle n’est jamais l’aboutissement des histoires individuelles comme de l’Histoire avec un grand « H ». Bien au contraire, l’obscurité est un appel, un cri pourrait-on dire, vers la lumière, qui lui donnera rétrospectivement un sens nouveau.

Pour y parvenir, l’homme doit s’efforcer de ne pas désespérer, de ne pas se révolter, à l’image de Yossef qui accepte ses épreuves dans un mutisme total, sans dire un mot. Et non seulement Yossef ne se révolte pas, mais en outre, il conserve sa force vitale qui lui permet, aussi bien en prison qu’au service de Potiphar, de donner le meilleur de lui-même et de se distinguer par sa « réussite » en toute chose.

Inversement, nos Sages nous mettent en garde contre la tristesse, le pessimisme et le découragement qui enferment l’homme dans des cercles vicieux où la lumière est absente. Aussi, notre tradition nous enseigne que le Patriarche Yaakov n’était pas en mesure de prophétiser durant les années où il pensait que son fils Yossef était mort, car la tristesse et la mélancolie qu’il éprouvait faisaient obstacle à la prophétie…

En cette période de ‘Hanouka, la leçon que nous livre notre Paracha revêt une force toute particulière. Elle nous rappelle que la lumière succède toujours à l’obscurité, à l’image de ces bougies que nous allumons au plus profond de l’hiver, lorsque les nuits sont les plus longues. Progressivement, jour après jour, les lumières que nous allumons sont de plus en nombreuses, tandis que l’obscurité recule inexorablement.

Aussi, la quête du bonheur suppose-t-elle de garder chevillée au corps cette certitude que chacun est appelé au cours de sa vie à accéder à de grandes lumières. Il faut en être convaincu, il faut cheminer dans la vie et à travers les périodes difficiles avec cette conviction, afin de pouvoir rapidement connaître les lumières du bonheur et de l’épanouissement.

Chabbath Chalom et ‘Hanouka Saméa’h !