Nos ancêtres, Its'hak et Rivka étaient stériles. Désirant fortement avoir une descendance qui glorifiera le nom de D', ils se répandirent en prières et supplications. Enfin, après de nombreuses années, Rivka tomba enceinte.

La thora nous apprend que lorsque Rivka passait devant une synagogue ou une yéchiva, Rivka sentait que son bébé désirait sortir. Par ailleurs, dès qu'elle passait devant une idole, elle ressentait aussi que le bébé voulait sortir.

Intrigué de cette étrange situation, Rivka alla chez Chem et Evère qui étaient prophètes. Ces derniers l'écoutèrent et lui annoncèrent qu'elle avait des jumeaux, l'un ayant une attirance vers le mal et l'autre vers le bien. Ces deux enfants (Ya'akov et Essav) formeront deux nations distinctes et en discorde. Rivka s'en alla quelque peu apaisée.

 

J'ai vu une magnifique explication (dans le livre Mayane hachvou'a) au nom du rav Yéhochou'a de Bèlz. Le rav commence par s'interroger pourquoi Rivka n'a-t-elle pas deviné toute seule qu'elle était enceinte de jumeaux. De plus, son apaisement est difficilement compréhensible : n'était-elle pas dérangé d'avoir un fils attiré par l’idolâtrie et l'impureté ?

Le rav explique que Rivka avait compris qu'elle était enceinte de jumeau, mais elle était intrigué : elle ne comprenait pas comment ses prières (et celles de son mari Its'hak) avaient abouti à l'enfantement d'un enfant impie ? Elle alla donc consulter Chem et Evère et leur fit part de son étonnement.

Ceux-ci lui répondirent : « Tu as deux enfants qui seront totalement opposés. Tandis que l'un voudra s’approcher d’Hachem, l'autre le fuira. » Ils expliquèrent à Rivka que la présence d’Essav sera nécessaire à Yaakov, afin de lui permettre d'atteindre la perfection. Car seule la confrontation avec le mal permet de le combattre et de s’élever.

Les prières d’Itshak et de Rivka ont donc servi, car elles ont donné naissance à Yaakov. Il avait une âme très pure et élevée, et pour qu’il puisse atteindre la perfection, la présence d’Essav était nécessaire. Car le plus grand niveau ne peut s’atteindre qu’en étant confronté aux forces du mal. On peut alors les combattre et "grandir" ainsi. [Quant à Essav, il pouvait atteindre lui aussi la perfection, s’il avait décidé d’aller à contre courant de sa tendance.]

La guerre contre le mauvais penchant n’est pas seulement nécessaire pour ne pas tomber, mais aussi pour s’élever et atteindre la perfection. Lutter contre les épreuves,  nous permet de nous rapprocher d’Hachem sans équivalents.  

Dans l’une de ses lettres, le Rav Its’hak Houtner zatsal s’adresse à un jeune homme découragé par les chutes qu’il a vécues :

« Nous avons la grave maladie de parler uniquement de la grandeur de nos maîtres. Nous nous focalisons sur leur niveau final et nous oublions le combat qu’ils ont dû endurer. Tout le monde raconte, s’émerveille et glorifie la pureté de la parole du ‘Hafets ‘Haïm. Mais qui connaît les combats, les épreuves et les chutes que ce grand maître a traversés durant sa lutte contre son mauvais penchant… De même pour les autres tsadikim !

Cher élève, sache que ton essence spirituelle ne se trouve pas dans la sérénité, mais précisément dans la lutte contre le mauvais penchant. Ta lettre me témoigne que tu es un authentique soldat dans l’armée d’Hachem.

En anglais nous disons : "Perds un combat et gagne la guerre". Tu tombes certainement et cela continuera peut-être ‘has véchalom, mais je t’assure qu’après cela, tu sortiras vainqueur de cette guerre. Le roi Salomon nous a dit « Le juste tombe sept fois et se relève » En tombant, le juste apprend son erreur et s’élève, c’est cela le chemin de la réussite…

Mon bien-aimé, je te signale que si ta lettre me racontait tes mitsvot et ton avancement, j’aurai dit avoir reçu une bonne lettre. Maintenant que ton courrier contient tes épreuves et tes difficultés, je peux dire avoir reçu une très bonne lettre.

Ton ambition est d’être un grand tsadik, alors prends garde de ne pas imaginer nos grands maîtres en observant uniquement leur bon penchant. Au contraire, présente-toi leur grandeur en un combat acharné, avec toutes les amertumes qu’il comporte. Sache également que lorsque tu ressens de vilaines tentations et des épreuves, tu ressembles alors bien plus aux grands tsadikim que lorsque tu te trouves dans le repos désiré.

Les mitsvot où tu connais le plus d’échecs et d’épreuves sont celles avec lesquelles tu peux le plus possible sanctifier le Nom d’Hachem. »

Attention cependant à ne pas tomber dans le piège de rechercher les épreuves : notre plus grand devoir consiste à fuir de toutes nos forces les tentations. Le mauvais penchant fait tout pour nous séduire de faire un tout petit pas dans la faute, car il sait qu’il aura ainsi le plus de chance pour nous faire tomber.

Luttons courageusement contre les épreuves et les tentations qui se présentent à  nous. C’est ainsi que nous réussirons à nous élever pour atteindre la perfection.