Il est écrit dans la paracha Vayichla'h : « Essav choisit ses femmes parmi les filles de Canaan ; Ada, fille d’Elon le Hethéen et Olibama, fille d’Ana, fille de Tsivon, le Hévéen ; et Basmat, fille d’Ichmaël, sœur de Névayot. » (Beréchit, 36:2-3)

Rachi précise qu’auparavant, Basmat est appelée Ma’halat ; nous voyons dans les explications haggadiques du Livre de Chemouel que trois [personnes] sont absoutes ; le converti, celui qui connaît une élévation et celui qui se marie. Et on l’apprend d’elle – elle est appelée Ma’halat parce que ses fautes [celles d’Essav] furent expiées.

À deux reprises, la Thora parle des mariages d’Essav. Dans Parachat Toldoth, on nous raconte qu’il se maria avec Ma’halat, puis, dans la paracha de cette semaine, la même femme est appelée Basmat. Rachi explique que son vrai nom était Basmat, mais qu’elle fut appelée Ma’halat pour nous enseigner un élément important — quand un homme se marie, ses fautes lui sont pardonnées[1]. Les commentateurs discutent de la nature de cet enseignement – comment comprendre que les failles de la personne sont comblées le jour de son mariage, sans même qu’elle fasse techouva ?[2] Et si cela nécessite une techouva, alors en quoi les ‘hatanim (mariés) sont-ils différents des autres – Hachem ne pardonne-t-Il pas les fautes de tout celui qui se repent sincèrement ?

Le rav Steinman chlita note que le mariage est un moment propice au changement et au repentir. Ainsi, ‘Hazal nous enseignent que les fautes du ‘hatan sont expiées parce qu’il est très probable qu’il fasse techouva, auquel cas il est pardonné.[3]

Rav Moché Feinstein zatsal développe cette approche, en ajoutant une question ; pourquoi cet enseignement sur le repentir est-il donné précisément lors du mariage d’Essav, l’une des pires figures de la Thora ? D’autant plus que l’on n’évoque nulle part un quelconque regret d’Essav…

Il explique qu’en réalité, la Thora nous dresse un portrait encore plus négatif d’Essav – même à son mariage, il n’a pas saisi l’opportunité unique qui se présentait à lui.

Rav Feinstein précise ensuite que tout événement doit nous éveiller au repentir, et si l’on gaspille cette chance, on est jugé d’autant plus sévèrement.

Il rapporte une guemara dans Yoma qui appuie ses dires — un boucher causa du tort à Rava. Ce dernier voulut pacifier l’esprit de cet homme la veille de Kippour, moment propice au repentir. Rav Houna eut vent du projet de Rava et pressentit que celui-ci allait involontairement entraîner la mort du boucher ; il savait qu’il ne ferait pas techouva et qu’il serait donc jugé rigoureusement. Effectivement, l’homme en question traita Rava avec beaucoup de dédain et lui parla irrespectueusement. Peu de temps après, il mourut lors d’un accident fortuit[4].

Évidemment, le fait de mépriser un talmid ‘hakham (érudit en Thora) est très grave, mais rav Feinstein mit l’accent sur la raison d’un tel jugement : la veille de Kippour est un moment propice à la techouva et son obstination, son refus d’en saisir l’opportunité et de se repentir lui fut fatal.
 

Cette leçon est particulièrement pertinente de nos jours – alors que le peuple juif est encore ébranlé par la récente tragédie à Har Nof, plusieurs personnes ont souligné qu’une telle catastrophe doit nous faire faire techouva – et nous avons compris, de l’histoire concernant rav Feinstein, la gravité de ne pas se repentir en de telles circonstances.

Comme nous l’avons déjà dit, seuls les guedolim[5], grâce à leur daat Thora[6], ont la capacité de savoir sur quels aspects le Klal Israël doit se focaliser et se repentir.

Dans le même ordre d’idées, le rav Moché Sternbuch chlita émit quelques idées — l’une d’elles est le respect de la sainteté de la synagogue et de la Maison d’Étude. Selon lui, si un tel malheur a pu arriver dans une synagogue, c’est signe que la faille se trouve dans ce domaine.

Les guedolim des générations précédentes étaient aussi de cet avis. Au cours du XVIIe siècle, le peuple juif subit d’effroyables massacres, appelés « Ta’h VeTat », durant lesquels plus de cent mille Juifs furent anéantis.

Ils demandèrent, à travers une chéélat ‘halom (question répondue dans un rêve), la raison de ces décrets. Ils reçurent comme réponse que les fidèles de ces communautés ne faisaient pas suffisamment attention à préserver la kedoucha (sainteté) de la synagogue.

Des siècles plus tard, le Imré Émet expliqua pourquoi les nazis, yima’h chemam, furent capables d’exterminer une grande partie du judaïsme européen, tandis qu’ils ne parvinrent pas à s’en prendre aux Juifs d’Égypte, d’Irak et d’autres pays sépharades. Il expliqua que ces communautés se souciaient de la sainteté de leur synagogue, et ce mérite les épargna de cette terrible sanction.

Il existe plusieurs façons de respecter la kedoucha d’une synagogue, mais la première étape consiste à apprendre les lois qui y ont trait, ou à demander l’avis d’un rav. Par exemple, il est souvent interdit de parler au cours de la prière, mais certaines personnes semblent ne pas connaître ces lois.

En outre, la technologie avançant à grands pas, l’utilisation inappropriée des téléphones portables au sein de la synagogue, voire même pendant la prière, a fortement augmentée.

Là aussi, il convient tout d’abord de demander au rav ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas, et ensuite, on peut travailler et s’améliorer dans ce domaine. Toutefois, certaines choses sont évidentes – la nécessité d’éteindre son téléphone durant la tefila, ou au moins, en cas de réel besoin, d’en désactiver la sonnerie…
 


[1] Le terme hébraïque « mo’hel », signifie pardonner. Les commentateurs ajoutent que les fautes de la nouvelle épouse sont également expiées.

[2] Rav ‘Haïm Chmoulewitz zatsal affirme qu’un ‘hatan est pardonné, même sans faire techouva ; voir Si’hot Moussar, maamar 23, p. 98.

[3] Ayéleth Hacha’har, Beréchit, 36:2.

[4] Yoma, 87a.

[5] Érudits exceptionnels en Thora, dirigeants spirituels de notre génération.

[6] Point de vue de la Torah ; une décision par un Sage de la Torah.