Dans la parachat Chémot (5, 22), il est écrit : "ה' לָמָה הֲרֵעֹתָה לָעָם הַזֶּה" (Mon D.ieu, pourquoi as-tu rendu ce peuple misérable ?)

Le Midrach enseigne que c’est pour avoir proféré ces paroles rebelles que Moché perdit le droit d’entrer en Terre d’Israël. Or ailleurs, s’étonne le Maguid de Doubno, le Midrach écrit explicitement que la raison pour laquelle Moché n’est pas entré en Israël est pour qu’à l’époque de la résurrection des morts, il puisse ramener tous ceux qui étaient morts pendant les 40 années d’errance à travers le désert.

Le Maguid propose d’éclaircir cette difficulté au moyen de la parabole suivante :

Deux mendiants, l’un vieux et l’autre jeune, s’associèrent pour faire la manche. Un jour qu’ils arrivèrent dans une ville, ils se disputèrent et le jeune mendiant se fit molester par son compagnon. Il se rendit au tribunal local et porta plainte contre son associé pour l’avoir maltraité de la sorte. Quand l’accusé fut appelé à la barre, il déclara : « Je ne vois pas pourquoi il me traîne en justice, je suis pourtant son père et si je l’ai frappé, c’est pour le remettre sur le droit chemin ! —

Mensonge, cria le jeune homme à l’adresse des juges. Ce vieillard n’a aucun lien de parenté avec moi. Ce n’est que dernièrement que nous nous sommes rencontrés et nous sommes associés pour faire la manche ensemble. »

Après avoir écouté les revendications des deux parties, les juges donnèrent leur verdict : le vieillard devra dédommager le jeune homme en lui offrant de beaux vêtements. Constatant la stupéfaction du coupable, les magistrats expliquèrent le motif de leur verdict au vieil homme : « De deux choses l’une, si tu n’as aucun lien de parenté avec cet homme, tu es forcé de le dédommager pour l’humiliation que tu lui as causée. Si par contre, tu es effectivement son père, il t’incombe de veiller à lui offrir des vêtements dignes de ce nom, en vertu du commandement : «Ne te dérobe pas à ceux qui sont comme ta chair !» »

Et le Maguid de conclure : le Saint béni soit-Il avait décrété qu’un des justes du peuple Juif serait enterré auprès des morts du désert afin de leur donner droit à la résurrection des morts par son mérite. Mais Il n’avait pas précisé que ce juste serait Moché Rabbénou. A présent que celui-ci s’est adressé à D.ieu de façon quelque peu brutale, D.ieu lui dit : « Il ne fait aucun doute à Mes yeux que ton comportement est le fruit de ton amour authentique pour le peuple d’Israël. S’il en est ainsi, ton attachement t’oblige à endosser le rôle du juste qui sera enseveli dans le désert auprès de ces morts et par le mérite duquel ces derniers auront droit à la résurrection. »