La Paracha de cette semaine nous présente les premiers temps de l’esclavage et le revirement d’attitude de l’Egypte à l’égard des Bné Israël.

Notre quête du bonheur ne pouvait faire l’économie, pour être véritablement complète, des heures sombres de l’histoire et des situations d’oppression et d’adversité que notre peuple a dû affronter au cours de son histoire.

Il s’agit bien sûr d’une question très profonde et complexe à laquelle on ne peut prétendre répondre de manière définitive. Nous pouvons tout au plus essayer d’ouvrir quelques pistes de réflexion.

L’esclavage et l’oppression représentent non seulement une souffrance physique, mais aussi une épreuve morale et psychologique. Ils contribuent notamment à supprimer toute forme d’espoir chez les individus qui sont accablés par les tâches gigantesques qui leur incombent et par la violence qui leur est infligée.

Comme nous le verrons la semaine prochaine, les Bné Israël étaient tellement épuisés par les travaux qu’ils accomplissaient qu’ils n’avaient plus la disponibilité d’esprit nécessaire pour entendre le message d’espoir de Moché Rabbénou.

L’oppression vise également à détruire la dignité de l’homme et sa capacité à bâtir sa vie, faire des choix de manière autonome, préparer son avenir, penser au futur de sa famille. Lorsque l’homme est en proie au désespoir, tous ces sentiments peuvent sembler dérisoires.

Et précisément, nos Sages nous enseignent que lorsque Pharaon promulgua son troisième décret visant à jeter à la mer tous les enfants mâles, Amram, l’un des dirigeants des Bné Israël en Egypte, décréta que les hommes et les femmes devaient se séparer afin de ne plus donner naissance à de nouveaux enfants.

Toutefois, face au désespoir des adultes, un sursaut de vitalité viendra des enfants. En effet, ce décret suscita l’indignation de Myriam, la fille d’Amram, qui contesta la décision de son père. Elle lui fit remarquer que Pharaon ne visait « que » les garçons, alors que lui empêche même la naissance de filles…

Cette objection trouva grâce aux yeux d’Amram. Il abolit son décret et se remaria à nouveau avec son épouse. Quelques temps après devait naître Moché dont Myriam avait prophétisé qu’il serait le futur libérateur d’Israël. Cette prophétie s’incarna notamment dans la grande lumière qui envahit le domicile d’Amram et Yokhéved à sa naissance.

La suite de l’histoire est connue, Moché sera recueilli par la fille de Pharaon et élevé dans le palais royal. Ironie de l’histoire, celui qui souhaitait détruire toute possibilité de vie chez les Hébreux va élever à son insu leur libérateur…

Nos Sages y voient un exemple de ce verset des Proverbes (19, 21) : « Beaucoup de pensées naissent dans le coeur de l’homme, mais seule la volonté d’Hachem s’accomplit ».

Au cœur même de l’obscurité égyptienne, et en dépit des souffrances de l’oppression, des miracles ont pu avoir lieu de manière individuelle et les graines de la libération future ont été progressivement semées.

Cet espoir n’a pu voir le jour que grâce au refus d’une petite fille d’hypothéquer tout l’avenir en raison de l’oppression. Ce n’est pas un hasard si c’est précisément elle qui a prophétisé la naissance imminente d’un libérateur. L’inspiration divine ne repose en effet que sur ceux qui gardent un espoir dans l’avenir et qui refusent de céder au désespoir.

L’oppression égyptienne était terrible, elle échappait de manière radicale à l’entendement humain et pouvait conduire au désespoir. Toutefois, notre Paracha veut probablement nous indiquer que dans de telles situations, l’homme doit suspendre son raisonnement pour éviter de s’épuiser à essayer de comprendre l’incompréhensible pour un esprit humain. En revanche, il peut investir son esprit et ses forces dans les petites ou grandes décisions qui lui permettent de préserver en lui un sentiment de dignité et de proximité avec D.ieu.

Ces petits actes porteurs de vie et d’espoir peuvent contribuer à diffuser une grande lumière, à l’image de cette naissance de Moché qui fait reculer progressivement l’obscurité jusqu’à la libération finale de l’ensemble du peuple.

La foi en l’Eternel et l’espoir dans l’avenir ont permis finalement de faire échec à tous les plans funestes des ennemis de notre peuple et nous permettront de susciter très rapidement, avec l’aide d’Hachem, la délivrance finale.

Chabbath Chalom !